jeudi 29 septembre 2011
Les associations gaies et lesbiennes ont rencontré Dominique Baudis, le nouveau Défenseur des droits. Compte-rendu - sceptique et désabusé - de la réunion.
communiqué IDAHO France - 16-09-2011
Le nouveau Défenseur des droits était attendu avec impatience. Hier, son président M. Baudis, réunissait les principales associations LGBT (lesbiennes, gaies, bi et trans). Cette première réunion devait donner le ton. Mais la petite musique du « Défenseur » fut gâchée par des couacs en série.
Pendant la réunion, la question de la transphobie fut sans cesse évoquée. On peut même dire que ce fut le sujet le plus développé par les divers participants, tant les personnes transsexuelles ou transgenre sont discriminées dans notre pays. Sans parler des agressions et des meurtres transphobes, qui sont légion. Et pourtant, les autorités publiques ne font rien, ou presque. Le Comité IDAHO avait obtenu de Mme Bougrab, ancienne présidente de la HALDE, la mise en place d’un groupe de travail sur le sujet. Cette initiative allait-elle être poursuivie ? La réponse fut claire. « Oh, il y a déjà tellement de groupes de travail ! Attendons que ceux qui sont déjà en place rendent leurs conclusions, et on verra après », telle fut en somme la réaction du « Défenseur ». Moralité : les trans’ attendront !
Le Comité IDAHO avait trois fois sollicité M. Schweitzer, ancien président de la HALDE, pour qu’il prenne position sur la question du mariage des couples de même sexe. En effet, de deux choses l’une : soit le refus du mariage homosexuel est une discrimination, et alors la HALDE devait s’y opposer ; soit ce n’est pas une discrimination, et la HALDE devait s’en expliquer. Courageusement, M. Scwheitzer avait botté en touche. Par la suite, Mme Bougrab, sollicitée par le Comité IDAHO, avait accepté de mettre cette question à l’ordre du jour, pour avancer. Mais aujourd’hui, qu’en pense le Défenseur des droits ? La réponse est simple : il n’a pas de position. Et quand aura-t-il une position ? On ne sait pas. Or tout de même, le sujet est posé en France depuis plus de dix ans ! Il serait bon que la position du « Défenseur » n’arrive pas... après le vote de la loi. Moralité : les couples homosexuels attendront !
Le Comité IDAHO a également interpellé le « Défenseur » des droits sur un autre dossier crucial : l’homoparentalité. Mais, répond la conseillère, comme le « Défenseur » des droits reprend les missions de l’ancien défenseur des enfants, il doit tenir compte de « l’intérêt supérieur de l’enfant », justement. Cette réponse a provoqué un certain malaise. Le nouveau défenseur des droits va-t-il s’aligner sur les arguments de la Droite populaire ? La Cour européenne des Droits de l’Homme a condamné la France, qui avait refusé à Emmanuelle B. de pouvoir adopter un enfant, en raison de son orientation sexuelle. Or, la demande de la plaignante a été à nouveau rejetée par le conseil général du Jura, non pas parce qu’elle est lesbienne, cette fois-ci, mais parce que, après des années de procédure épuisantes, elle est désormais… trop vieille ! Par conséquent, à défaut d’être avant-gardiste, le Défenseur des Droits pourrait du moins demander à la France de respecter le droit européen. Ce serait déjà une avancée. Réponse du défenseur ? On verra. Moralité : Christine Boutin peut dormir tranquille.
Le Défenseur des droits commence bien mal son examen de passage. Tant de couacs, de fausses notes, de réponses évasives, voire carrément négatives, cela paraît très fâcheux. Quand Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de dissoudre la HALDE dans un ensemble plus vaste, de nombreuses associations avaient exprimé leur scepticisme, voire leurs craintes à l’égard du nouveau « machin ». Auraient-elles raison ?