mardi 27 novembre 2012
Le ministre de l’Education nationale appelait les mouvements LGBT à cesser de « couiner », c’est le verbe qu’il a utilisé, pour parler de critique légitime de l’inaction du gouvernement.
communiqué de presse Act Up-Paris - 23 novembre 2012
Il aura fallu 24 heures de réactions unanimes de tout le mouvement LGBT et de citoyenNEs excédéEs par les reculades du gouvernement en matière d’égalité des droits pour qu’enfin François Hollande retire les propos qu’il avait tenus devant des maires de France et reconnaisse que la notion de « liberté de conscience » qu’il entendait accorder aux édiles homophobes était une grave erreur. Si un président de la République en vient ainsi à se dédire en moins d’un jour, c’est bien que le tort est de son côté.
Pourtant, quelques heures auparavant, le ministre de l’Education nationale appelait les mouvements LGBT à cesser de « couiner » : c’est le verbe qu’il a utiliser pour parler de critique légitime de l’inaction du gouvernement. Selon lui, les maladresses viendraient des associations et des citoyenNEs qui ne se mobiliseraient pas assez contre l’homophobie verbale et physique qui s’est déchaînée ce week-end : comme si nous, premières victimes de l’homophobie, et en première ligne pour la combattre, avions quoi que ce soit à apprendre de Vincent Peillon.
Vincent Peillon n’a rien dit quand Lionel Jospin, membre du PS, ancien premier ministre, s’est opposé au mariage pour toutes et tous en reprenant les arguments homophobes les plus éculés.
Vincent Peillon n’a rien dit quand l’actuel Premier ministre a présenté un projet de loi où était exclu la PMA et l’adoption hors mariage, au motif qu’il faudrait encore en discuter - c’est-à-dire en légitimant le soupçon que font peser les homophobes sur nos familles.
Mais Vincent Peillon n’a pas de mots assez durs pour qualifier les critiques unanimes d’associatifs contre le dérapage de François Hollande. Vincent Peillon a le courage qu’il peut.
Si Vincent Peillon entend nous convaincre de sa détermination à lutter pour l’égalité des droits, qu’il cesse d’afficher son mépris pour les associations et les personnes qui se battent sans lui, sans le PS, dans des luttes concrètes et quotidiennes ; qu’il fasse des excuses publiques pour ses propos ; qu’il entende et comprenne la colère que les reniements de son gouvernement génère. Si Vincent Peillon et les autres membres du gouvernement sont incapables d’une telle compréhension, ils et elles vont devoir subir bien d’autres « couinements », sur bien d’autres sujets,face à la nullité de leur politique en matière de santé, des droit des étrangErEs, de service public, de politique pénitentaire, etc.
Ce que Vincent Peillon appelle « couinement » porte un nom : démocratie. La salir comme le fait ce ministre n’est pas un signe encourageant que nous fait ce gouvernement.
Jérôme Martin