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La déportation des homosexuel-le-s pendant la Shoah n’est pas assez reconnue en France

date de redaction lundi 25 avril 2016


SOS homophobie apporte son soutien à l’association "Les Oublié-e-s de la mémoire" qui oeuvre depuis plusieurs années à ce qu’un monument dédié à la mémoire LGBT soit érigé sur notre territoire, comme cela a déjà été fait dans de nombreux autres pays.


communiqué SOS homophobie - 24/4/2016

"Un homme qui commet un acte sexuel avec un autre homme ou qui se laisse utiliser par lui dans ce but est puni de prison." Ces quelques mots, inscrits dans le paragraphe 175 du code pénal allemand, ont mené à la condamnation de 50.000 homosexuels sous le Troisième Reich. Parmi eux, on évalue entre 5.000 et 15.000 le nombre d’hommes ayant été déportés. La Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, ce dimanche 24 avril 2016, est une date significative pour commémorer les déportés de la Seconde Guerre Mondiale. Et pour rappeler que les homosexuels ont bien été, sous le Troisième Reich, l’une des cibles des nazis.

70 ans après la Shoah, le travail de mémoire et de reconnaissance de ces victimes homosexuelles, qui devaient porter un triangle rose, est mené sans relâche par des associations, organismes de recherche et historiens ; et les chiffres établis sont le fruit de longues et complexes recherches. 90% des homosexuels déportés étaient de nationalité allemande, le reste venait de toute l’Europe. On évalue aujourd’hui à plus d’une soixantaine le nombre de Français déportés pour motif d’homosexualité.

Alors qu’elles n’étaient pas concernées par le paragraphe 175 du code pénal allemand, de nombreuses lesbiennes furent également déportées, le plus souvent en tant qu’"asociales" ou en tant que délinquantes sexuelles définies. En effet, elles étaient marquées d’un triangle noir, signe de leur appartenance au groupe des personnes "socialement inadaptées", et leur sexualité était niée.

Quand certain-e-s veulent réécrire l’Histoire et nier cette réalité, il faut dire ce qui est et ce qui a été. Or la reconnaissance de l’homosexualité comme motif de déportation a été obtenue tardivement, et elle n’est pas, en France, à la hauteur des enjeux. L’association "Les Oublié-e-s de la mémoire" œuvre ainsi activement, depuis plusieurs années, à ce qu’un monument dédié à la mémoire LGBT soit érigé sur notre territoire, comme cela a déjà été fait dans de nombreux autres pays. Mais à ce jour, l’État ne s’est pas saisi de ce projet, et la reconnaissance de la déportation des gays et des lesbiennes reste encore insuffisante en France. SOS homophobie soutient pleinement la création d’un monument dédié à la mémoire LGBT.

Si la déportation des homosexuel-le-s doit être commémorée, c’est parce qu’elle est un symbole de la persécution dont les homosexuel-le-s ont longtemps été l’objet et, dans beaucoup de pays, continuent de l’être. À ce titre, il faut se souvenir que le paragraphe 175 du code pénal allemand n’a été abrogé qu’en 1994, et que des lois similaires existent encore à travers le monde. La persécution des homosexuel-le-s pendant la Shoah, si elle est exceptionnelle par son ampleur et sa violence, s’inscrit donc dans un continuum qui n’a de limite ni temporelle ni spatiale : aujourd’hui encore, des gays et des lesbiennes sont tué-e-s pour ce qu’ils et elles sont. C’est pourquoi le travail de mémoire et la reconnaissance de la déportation des homosexuel-le-s sont un enjeu majeur dans la lutte contre l’homophobie. Hier, comme aujourd’hui.

Gilles DEHAIS, président


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