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Lyon : quand l’Ump se saborde et le Modem réécrit l’histoire

date de redaction mardi 26 février 2008


Compte-rendu du café politique organisé par les associations gaies et lesbiennes de Lyon à l’occasion des élections municipales. Où l’on découvre que le Modem ne connait rien à l’histoire de la déportation homosexuelle, et l’UMP ignore tout du travail des associations homosexuelles de la circonscription.


communiqué de presse de la Lesbian and Gay Pride de Lyon,
du Moove ! et du Forum Gai et Lesbien - 26/2/2008

La Lesbian and Gay Pride, Moove, et Forum Gai et Lesbien de Lyon tirent un bilan mitigé des débats du Café politique du 21 février sur « quelles initiatives pour mieux vivre son homosexualité à Lyon ». Le Front National fût le grand absent du débat alors que toutes les autres listes étaient représentées. Les associations regrettent qu’aucune véritable proposition n’ait été émise. Les listes de gauche se sont concentrées sur leur bilan positif, celles de droite et du centre sont restées évasives.

Certes, toutes les listes se sont accordées pour sensibiliser les jeunes et les agents municipaux à l’homophobie ou encore pour célébrer le PaCS en Mairie. Mais elles ne se sont prononcées ni sur la méthode de travail ni sur le calendrier ni encore sur les moyens à mettre en œuvre. Nos associations ne peuvent se satisfaire des réponses apportées. C’est pourquoi un questionnaire leur a été envoyé. Nous leur donnons une chance de se rattraper, de plancher sérieusement sur ces questions et de prendre des engagements forts pour l’Egalité et la lutte contre les discriminations. Sur ce point, les associations n’épargnent ni la droite ni la gauche. Ce Café politique était nécessaire mais pas suffisant, par manque de temps il est resté trop centré sur les questions du mariage et de l’homoparentalité sur lesquels le Maire a un pouvoir très limité.

Sur ces sujets, chaque parti politique campe sur ses positions : un clivage droite / gauche persiste, ce qui est regrettable. Les associations auraient préféré qu’un consensus se dessine sur ces sujets de société. Les représentants de Gérard COLLOMB et de la liste A.U.D.A.C.E.S ont démontré qu’ils maîtrisaient ces sujets et qu’ils étaient en phase avec les attentes des associations Lesbiennes, Gay, Bi et Trans. Les représentants d’Eric LAFOND et de Dominique PERBEN, quant à eux, sont restés évasifs. Toujours opposés à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, ils continuent à défendre leurs projets d’Union Civile largement rejetés et décriés par les associations. Projet qui ne répond à aucune demande sociale pas plus des couples hétérosexuels que des couples de même sexe.

Autre réjouissance, Fabienne Levy, qui parlait tantôt en son nom, tantôt en celui de Dominique Perben, tombe le masque et avoue ne pas connaître le travail des associations dont le siège social est pourtant dans l’arrondissement où elle se présente. « Je vais peut-être paraître complètement débile, mais votre association s’occupe de quoi ? » lance-t-elle à la présidente d’Aris, la plus ancienne association gay lyonnaise (27 ans) à laquelle elle avait pourtant répondu quelques jours auparavant au travers d’un questionnaire sans même prendre la peine, manifestement, de se renseigner. Un grand moment de solitude qui confirme le manque d’intérêt de son propre camp pour nos revendications, voir un certain mépris pour nos actions. Elle s’enfonce encore lorsqu’elle affirme que la Gay Pride est une manifestation « ludique, économique et culturelle » alors qu’elle est surtout une manifestation revendicative, certes à caractère festif, qui commémore les émeutes de Stonewall où, pour la première fois les travelos et les homos se sont rebellés contre l’oppression policière dont ils étaient victimes.

Par la suite, une question du Mémorial de la Déportation Homosexuelle a suscité de vifs échanges. Le MDH demandait aux différents candidats s’ils étaient favorables à la dénomination d’une voie au nom de Pierre Seel (déporté français pour homosexualité). Si la réponse fut positive pour AUDACES, le PS et GayLib (en l’absence d’un engagement au nom de D. Perben), la réponse du Modem pose question. Défavorable à ce qu’une rue porte le nom de Pierre Seel au motif qu’il n’était pas lyonnais, Luc Fournier préférerait qu’on lui trouve un « équivalent lyonnais ».

Puis, à la stupéfaction générale il ajoute qu’« il n’y a pas eu de déportation d’homosexuels pour ce motif en France ».

Nous entendons rappeler que plusieurs rapports de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, ont permis de répertorier plusieurs cas d’homosexuels français déportés pour ce motif depuis la France. Le rapport Mercier (en 2001) dénombre 206 cas originaires de territoires annexés au Reich (Moselle, Bas Rhin, Haut Rhin), mais un rapport plus précis de novembre 2007 a permis de mettre en évidence 63 cas précis dont 6 depuis la France occupée (notamment Paris) et en dehors des territoires annexés. Le Modem et les Oubliés de la Mémoire entendent-ils revenir sur ces faits historiques reconnus par les plus hautes instances de l’Etat (Lionel Jospin en 2001 et Jacques Chirac en 2005) ?

Nos associations demandent à Luc Fournier de s’expliquer : s’exprimait-il au nom du Modem, de son candidat Eric LAFOND, de Centr’Egaux (groupe de réflexion gay du Modem), des Oubliés de la Mémoire ou seulement de lui-même ? Eric LAFOND et les Oubliés de la Mémoire doivent également préciser si cette affirmation représente effectivement leur opinion sur le sujet. Il nous semble particulièrement intolérable qu’une association homosexuelle qui se revendique du Devoir de Mémoire puisse ainsi mépriser le travail historique méticuleux effectué par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.


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