1 décembre : parlons sida, parlons sexe

Communiqué de l’Inter-lgbt, 30 novembre 2005

Ce 1er décembre marquera la conclusion d’une année qui aurait dû être exceptionnelle en matière de lutte contre le sida. Déclarée Grande cause nationale pour 2005, la lutte contre le VIH sera pourtant restée bien discrète, à l’image de l’engagement des pouvoirs publics.

Le rapport du Conseil National du Sida, publié le 22 novembre, relève la déficience, voire les actions contre productives de l’administration en matière de lutte contre le VIH : une Education Nationale qui ne se donne pas les moyens d’une prévention efficace en milieu scolaire, l’application par le Ministère de l’Intérieur d’une loi sur la sécurité intérieure qui éloigne les populations les plus touchées des dispositifs de prévention et d’accès aux soins, notamment les personnes étrangères et les personnes prostituées, l’absence de cohérence de la politique de lutte contre l’épidémie de la part des services décentralisés de l’Etat, etc. Par ailleurs, au sein de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT), des associations éprouvent les mêmes difficultés que d’autres organisations de lutte contre le VIH à obtenir le renouvellement du financement public de leurs actions de prévention et de soutien aux personnes vivant avec le VIH. Enfin, l’absence de politique de lutte contre les discriminations des personnes touchées par le VIH, les restrictions à l’Aide Médicale d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière, les promesses non tenues de la France en matière d’aide à la lutte contre le VIH dans les pays en développement complètent le portrait d’une Grande cause vite oubliée par les pouvoirs publics.

Dans ce contexte de régression des politiques publiques et d’augmentation du nombre de nouvelles contaminations, les actions à mener sont connues. L’Inter-LGBT s’associe pleinement à l’appel unitaire des associations pour la déclaration de "l’État d’urgence" contre le VIH, et à la demande de création d’une Mission interministérielle de lutte contre le sida, dotée de moyens à la hauteur des enjeux soulevés par l’épidémie.

Pour cette année, après avoir appelé à la remobilisation lors des trois minutes de silence suivies par plus d’un demi-million de personnes lors de la Marche des fiertés le 25 juin 2005, l’Inter-LGBT souhaite accentuer son message sur la nécessité d’une parole sur le sexe, dans les associations, à l’école, dans les établissements commerciaux, sur les lieux de rencontres, notamment sur internet. Les chiffres alarmant sur la reprise des contaminations dans la population gaie masculine et le développement de pratiques à risques impose une réappropriation du dialogue, notamment par les associations LGBT qui ne sont pas spécialisées dans la lutte contre le VIH. S’il y a urgence à accentuer les efforts de prévention, il y a aussi nécessité à parler de sexe, de pratiques, de bien-être affectif et physique, seul moyen d’assumer une sexualité protégée. "Parlons sida, parlons sexe !" sera le mot d’ordre de l’Inter-LGBT pour ce 1er décembre, et au-delà, pour une action dans la durée des associations LGBT.

Alain Piriou, porte-parole