Sida : Etat d’urgence

communiqué du Collectif SIDA GRANDE CAUSE NATIONALE et 80 associations [1]- 29/11/2005

Journée mondiale de lutte contre le sida - 1er décembre 2005

Le sida a été déclaré " Grande cause nationale " pour l¹année 2005. Pour
tous les acteurs associatifs signataires de ce texte, l¹attribution de ce
label devait propulser le sida sur de la scène politique et médiatique,
entraîner la mobilisation de l¹ensemble de la société contre l¹épidémie et
marquer un nouvel élan dans le combat contre la maladie.

Dès janvier, le collectif " Sida, Grande cause nationale 2005 " appelait les
pouvoirs publics à mettre en oeuvre six mesures d¹urgence en faveur de
l¹amélioration des conditions de vie des personnes séropositives et de la
prévention des contaminations. Onze mois plus tard, ces revendications sont
plus que jamais d¹actualité :

1 - L¹interdiction de toute discrimination dans l¹accès aux assurances et
aux prêts pour les personnes touchées par le VIH/sida. Parce qu¹un tiers des
personnes séropositives interrogées par Sida Info Droits (2005) déclare une
discrimination dans l¹accès à l¹emprunt et à l¹assurance et un autre tiers
renonce à la souscription d¹un prêt, d¹une assurance ou d¹une mutuelle en
raison de ces discriminations.

2 - La mise en oeuvre et l¹application effective d¹une politique ambitieuse
de prévention et d¹éducation aux sexualités auprès des jeunes, pourtant
inscrite dans les programmes scolaires, dès le collège. Parce que les 20-29
ans constituent la deuxième tranche d¹âge la plus représentée parmi les
découvertes de séropositivité, ce qui devrait justifier une politique de
prévention massive en milieu scolaire et universitaire.

3 - Le développement de la recherche médicale et une plus grande attention
portée aux spécificités des femmes séropositives. Parce que les femmes
représentent toujours moins d¹un quart des personnes incluses dans la
recherche sur le traitement du VIH/sida.

4 - Un plan d¹urgence sanitaire dans les départements français d¹Amérique.
Parce que la situation exige une réponse rapide et efficace face à l¹ampleur
croissante de l¹épidémie dans les départements français d¹Amérique et que,
sollicité par les associations, le ministre de l¹Outre-mer ne s¹est pas
positionné sur cette question.

5 - L¹accès à la couverture médicale universelle pour tous, y compris pour
les étrangers en situation irrégulière. Parce que cette année, deux décrets
restreignant l¹accès à l¹aide médicale d¹État ont été publiés contre l¹avis
de la Cnam, les recommandations du rapport Delfraissy et la position des
associations de malades, malgré les promesses des gouvernements Raffarin.

6 - Une contribution accrue de la France à la lutte contre le sida dans les
pays en développement. Parce que la hausse de la contribution française aux
efforts multila tilatéraux et le projet de taxation internationale restent
bien en deçà des urgences de l¹épidémie et se fait au détriment de la
coopération bilatérale.

En cette fin d¹année, la situation de l¹épidémie génère une certaine
amertume voire de la colère. Le nombre de personnes vivant avec le VIH n¹a
jamais été aussi important et l¹estimation du nombre de découvertes de
séropositivité est en augmentation. Les défis qui se posent à nous sont de
plus en plus pressants : précarisation galopante des malades, conditions de
vie pour certains de plus en plus intolérables, discrimination sousjacente,
banalisation de l¹épidémie, etc. Pourtant les moyens consacrés à la
prévention et à l¹accompagnement des malades, et en particulier les
subventions aux associations, n¹augmentent pas et baissent même pour bon
nombre d¹entre elles. Il y a urgence à agir. L¹épidémie de sida requiert une
fois de plus la mobilisation de toute la société. Le gouvernement doit
marquer et formaliser le nécessaire engagement de toutes les institutions
concernées.

C¹est pourquoi nous demandons, avant la fin de l¹année, la création d¹une
Mission interministérielle de lutte contre le sida.
Dotée des moyens appropriés, elle devra permettre un travail commun de tous
les acteurs publics pour rendre leur action plus concertée et plus efficace
et sera également un outil de collaboration avec les associations.

Le 1er décembre, nous invitons tous les citoyens à nous rejoindre pour
continuer le combat en participant à la Marche interassociative. Rendez-vous
à 18h30 sur le parvis du Centre Pompidou. À 17h30 le Patchwork des noms sera
déployé sur le parvis du Centre Pompidou.