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Les Xème UEEH s’ouvrent à Marseille

date de redaction vendredi 16 juillet 2004     auteur Pierre Léonard


Après une absence d’une année, les Universités d’
Eté Euroméditerranéennes des Homosexualités ouvrent leur portes pour un rendez-vous de réflexions toujours plus décapantes.


Marseille-Luminy 13 et 14 juillet 2004

Les UEEH lèvent le rideau rouge une nouvelle fois après une absence publique en 2003. Tout est pareil mais tout a changé. Le soleil, les cigales, le mistral, les calanques. Le décor est au complet et n’attend plus que les acteurs.
Ce n’est pas un travail aisé que de se retrouver à la tête d’une si grosse machine après la démission massive d’un conseil d’administration, et de surcroît à la tête d’un déficit exceptionnel en 2002.
Une année dédiée à la découverte du fonctionnement, à la réflexion, la recherche du sens, de l’attente, était nécessaire pour ré-imaginer cette semaine de vie commune.

Tout est différent.

Les UEEH sont constitués de comités régionaux, les principes de solidarité et de bénévolat prévalent sur l’ensemble. Ainsi apprend-on que chacun de nous est adhérent de l’association UEEH et que l’AG de bilan est en fait une AG ré-élective du conseil d’aministration.

Christian de Leusse, lui même échappé des précédents CA, déclare publiquement avoir trouvé "une nouvelle forme de démocratie au sein de ce CA" et être étonné par les échanges de courrier inconnus jusqu’à présent. Après des années de bilans tronqués, d’assemblée suprimée, redonner le pouvoir aux participants tient en effet de la révolution démocratique.

Les deux axes de ce millésime sont l’Europe et les sourds. L’UEEH, après s’être tournée vers la Méditerrannée, accueille et prend en compte les problématiques liées à l’élargissement de l’Europe. Les UEEH étudient l’intégration des sourds, avec des cours d’apprentissage du langage des signes. Et avec une traduction quasi-permanente des principaux événements, elles deviennent le colloque le plus important intégrant les sourds. Minoritaires dans la minorité, nous allons peut être nous donner la chance de nous écouter.

Comme une répétition inéluctable et parfois comique, la présentation des ateliers offre le plaisir de voir les intervenants dévoiler leur stratégie, leurs incohérences et naïveté. C’est la difficulté à prononcer le mot "fille" pour un atelier de masculin, l’aveu totalitaire "vous n’avez aucune excuse pour ne pas venir" pour cette association de lutte contre le VIH, ou l’impossibilité de tourner des scènes érotiques féminines avec un réalisateur masculin.

Tout n’est pas prévu et c’est bien le bohneur.

AH !

Mauvaise nouvelle. Les UEEH veulent changer de nom pour transcrire la diversité des personnes. Nous allons probablement hériter d’un anagramme contenant la sublime et excluante consonnance LGBT.

Je propose donc d’y rajouter un "H", comme hétérosexuel. Car débattre de la vie des LGBT dans un monde majoritairement hétérosexuel sans inclure les problématiques des hétérosexuels, avec des hétérosexuels eux-même, c’est comme se parler face à un miroir.

Place aux ateliers.

Act-up découvre les LGBT de France. Pièce en cinq actes. Mais rassurez vous, je ne vous ferai pas l’intégrale.

Acte premier "Quelle information et quelle visibilité du VIH aujourd’hui dans la communauté ?"

Vous vous doutez bien que l’on va y parler de barebackers sans jamais prononcer leurs noms et bien sûr, qu’il n’y aura jamais de guéguerre interassociative.

Mais quand même, les messages de prévention de AIDES "si tu ne mets pas la capote, mets au moins du gel" ...etc...etc...

Tout est donc normal dans le merveilleux monde des associations. Après un débat sur le pouvoir plus ou moins important de contamination en primo infection, échappement thérapeutique ou avec une charge indétectable, puisque c’est la première question que vous posez à vos partenaires, nous passons à de plus sérieuses réflexions : la responsabilité.

Car il faut bien des coupables. Des échanges chaleureux où l’on retrouve cette volonté de déculpabilisation de l’individu par la globalisation des responsabilités. La communauté doit faire, doit dire.
Où l’on entend : "si je me fait plomber alors que je suis bourré dans un bar, je porte plainte. Ah oui ? Contre le barman qui sert à boire ? Contre la lumière noire qui ne me permet pas de voir ? Contre le fabricant de l’alcool qui a omis de marquer "l’alcool génère des absences favorisant la prise de risque VIH" ?

"Mais bien sûr, lorsque tu as un accident de voiture, tu peux poursuivre le constructeur du véhicule, la DDE pour la construction de la route et l’affichage !"

J’ai une vie, j’en suis le principal bénéficiaire et responsable. Peut être que cela commence par m’en occuper en surveillant se qui se passe dans mon cul ?

Je raccourcis l’entrée en scène de notre camarade du PASTT, qui se scandalise après trente secondes sans entendre le mot "transexuel". C’est toujours amusant de voir le silence gêné, la difficulté à reprendre la parole le fil du débat, et d’apprécier les déclarations émouvantes d’un des animateurs d’Act-Up, déclarant "avoir découvert les transexuels cette année et leur problématiques très proche des nôtres mais exacerbées". Il eut peut être été préférable de s’intéresser aux associations de la communauté plus tôt. Non, on se drappe dans sa dignité Act-Upienne. Pendant que l’ASB, Caritig participent à l’organisation de la marche, du printemps des associations, Act-Up attend son invitation.

L’UEEH a offert à Act-Up un escabeau pour se remettre en selle, mais après des années de dédain, le pari n’est pas gagné.

Ce soir La saga des transpédégouines. Un classique indémodable.


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