Accueil > Evénements > 2005 > La première Journée mondiale de lutte contre l’homophobie > Le grand déshomophobiage

Le grand déshomophobiage

date de redaction jeudi 5 mai 2005


Le 17 mai, les Panthères Roses occupent la place de la fontaine des Innocents à Paris, pour la renommer place des DeviantEs.


A l’occasion de la première journée internationale de lutte contre l’homophobie (IDAHO), les Panthères Roses vous invitent à participer à une action/rassemblement de visibilité trans, gouines et pédés.

Rendez vous mardi 17 mai à 19H00 place de la fontaine des innocents (les Halles) à Paris.

Par différents moyens, les militants interpelleront les passantEs :

 théâtre invisible : des militantEs (non identifiées comme telles !) insultent d’autres militantEs. Suite à l’altercation, des petites notes sont distribuées aux passantEs : « Merci d’avoir réagi ».

 Mémo-phobie : des Post-it viennent rappeler quelques règles de « bon sens » non hétérocentré :

  • « EnculéE n’est pas une virgule, c’est une pratique sexuelle »
  • « Arrêter de dire sale pédé toute les 2 minutes »
  • « Ne pas oublier que ma fille peut être lesbienne »

Et les autres idées qui germeront d’ici-là (suggestions bienvenues !)

Les Panthères Roses entendent ce jour-là (comme chaque jour dans nos vies professionnelles, familiales, sociales...) mettre en évidence l’imposture selon laquelle les gens ne seraient plus homophobes, mais s’attachent pourtant scrupuleusement - et bien souvent inconsciemment - à perpétuer une hiérarchie entre les sexualités.

Loin d’avoir disparue, cette hiérarchie, qui s’exprime par les insultes, les agressions, les inégalités en droit... alimente la stigmatisation des trans, des gouines et des pédés (voir le texte ci-dessous, qui sera distribué le 17).

« Alors qu’habituellement la place des Innocents, c’est pas une place de pédé, inversons la vapeur, faisons-en un espace d’affirmation ». déclare Xavier, porte-parole du groupe, et qui recommande « apportez vos banderoles, vos pancartes, mais aussi à boire et à manger, des nappes et des gobelets roses... pour que, visibles, fièrEs et festives, nous occupions la place, que nous rebaptiserons pour l’occasion Place des déviantEs  ».

Texte diffusé le 17

BIEN SÛR, VOUS N’ÊTES PAS HOMOPHOBE, MAIS...

Être homophobe, c’est ringard ! D’ailleurs tout le monde est contre l’homophobie, même Chirac, pourtant farouche opposant à l’égalité des droits, mais initiateur de haute autorité bidon contre les discriminations. Même mon voisin, qui conduit pas « comme un pédé », mais qui n’a rien contre « ces gens-là »... La posture anti-homophobe cache souvent une forêt d’insultes, de lois discriminatoires, de comportements d’exclusion... qui ont la vie dure !

Une tolérance si homophobe

La lutte contre la discrimination fait désormais partie de l’attirail de tout responsable politique qui se respecte. Rares sont ceux qui osent encore dire que les homosexuels sont « une menace pour la survie de l’humanité » (C. Vanneste, député UMP, 07/12/04) : la tendance serait plutôt à une certaine « tolérance ». Mais les « toléréEs » restent bien « anormaux » et soigneusement maintenuEs à leur statut d’infériorité.

Suite à l’agression de Sébastien Nouchet, brûlé vif le 16 janvier 2004 parce qu’homosexuel, de nombreux responsables politiques, Chirac et Perben en tête, y sont allés de leur petit mot de compassion. Mais ce concert d’indignation s’est vite transformé en cris d’horreurs lorsque des LGBT ont exigé l’égalité totale en droit comme en fait. Ainsi, au printemps 2004, le débat - focalisé sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe - a donné lieu à une déferlante conservatrice prête à tout pour préserver un privilège hétérosexuel : le mariage ! C’est un « repère » fort qui énonce qu’un mode de vie prévaut sur tous les autres : le couple hétérosexuel producteur d’enfants. De Chirac à Jospin, de Royal à Villepin, les unEs et les autres, tout en niant être homophobes, ont défendu à corps et à cris cet « ordre symbolique » menacé par des déviantEs un peu trop gourmandEs !

Plaindre les LGBT qui souffrent c’est charitable, mais mettre les normaux et les perversEs sur un rang d’égalité... JAMAIS ! Tout l’art consiste à condamner un principe flou - l’homophobie - sans toutefois le définir. Cela permet de s’en tenir à des bonnes intentions morales en jouant habilement avec les revendications LGBT tout en ne concédant aucun droit.

« C’est pas un truc de pédé »

Dire qu’un truc qui vaut rien c’est « un truc de pédé », pour bien prouver qu’un pédé ça vaut rien, c’est de l’homophobie. Ne pas envisager qu’une femme puisse ne pas désirer les hommes, c’est de la lesbophobie. Mépriser celui ou celle qui n’a pas l’apparence de son sexe de naissance, c’est de la transphobie. Ce mépris des gais, des lesbiennes et des trans dessine trop bien les contours de la normalité hétérosexuelle. L’homme hétérosexuel, courageux, viril et avide de pouvoir... n’est pas un pédé. Affectueuse et maternelle, son « complément naturel », La femme, n’est pas une gouine moche et masculine.

Bref le « bon sens « a systématiquement besoin de se référer aux LGBT pour décrire ce qu’il ne faut surtout pas être. Ainsi, les discours sur les LGBT ne tarissent pas. Des sexologues étudiant ces comportements « pathologiques », aux émissions de télé qui nous utilisent comme le dernier exotisme tendance...le monde parle de nous pour mieux nous voler la parole. Si les anormaux parlent, que vont-ils dire ? Qu’il est possible pour une femme de jouir sans bite. Qu’en effet monsieur aime se faire enculer. Que monsieur a de jolis pectoraux depuis sa mamectomie... Et puis quoi encore ??? Que l’hétérosexualité ne serait pas le seul mode de vie possible, tant que vous y êtes !

Pour éviter cela tous les moyens sont bons : inégalité dans la loi, insultes au quotidien, dépréciations, invisibilisation, culpabilisation.... L’homophobie, la lesbophobie, la transphobie, c’est tout ce qui permet aujourd’hui encore de maintenir le mode de vie hétérosexuel comme supérieur à tout autre.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | Infos éditeur