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La place de la séropositivité dans la vie des gays séronégatifs

date de redaction lundi 28 novembre 2011


En écho au rapport Lert/Pialoux de 2009 qui a permis un consensus associatif autour de la prévention et de la réduction des risques sexuels, le SNEG Prévention avec le soutien de l’INPES a voulu approfondir dans une démarche qualitative la place qu’occupe la séropositivité chez les gays séronégatifs.


communiqué SNEG - 28/11/2011

En écho au rapport Lert/Pialoux de 2009 qui a permis un consensus associatif autour de la prévention et de la réduction des risques sexuels, le SNEG Prévention avec le soutien de l’INPES a voulu approfondir dans une démarche qualitative la place qu’occupe la séropositivité chez les gays séronégatifs.

Le SNEG a proposé en mars dernier à Paris à deux groupes de gays séronégatifs d’échanger sur leurs représentations du VIH et leur vécu de la séropositivité. Cette étude confiée à deux chercheurs de l’Association PSYFORM, Dominique Rolland et David Friboulet, a réuni quatorze participants. Comme toute étude qualitative, cette recherche ne prétend pas être représentative de la communauté gay, mais fournit des éléments de réflexion pour mieux comprendre comment des gays séronégatifs vivent leur statut et réagissent face à la séropositivité.

Cette recherche qualitative est née du constat qu’on s’intéressait aux gays séronégatifs dans les études comportementales essentiellement par rapport à leurs prises de risque, mais qu’on n’avait quasiment pas d’éléments sur leur ressenti et leurs difficultés, lorsqu’ils sont confrontés au VIH et aux personnes séropositives dans leur vie quotidienne.

L’étude fait ressortir un certain nombre de ressentis et d’éléments communs par rapport au vécu face au VIH des gays séronégatifs participants :

La séronégativité : un statut perpétuellement provisoire

Les participants témoignent de leur doute permanent à se définir comme séronégatif, notamment compte tenu des pratiques de la fellation non protégée et de l’incertitude des risques de transmission qui y sont liés. Etre séronégatif, c’est aussi se sentir vulnérable dans sa sexualité. Il y a comme un mouvement d’attirance et de répulsion pour la liberté sexuelle supposée par eux des gays séropositifs et l’émancipation de la peur de la contamination. Le rendu des résultats négatifs des tests de dépistage est un moment important si l’on veut permettre un meilleur ancrage dans le statut séronégatif et une identification des risques spécifiques à chacun. Il semble que les gays séronégatifs soient trop souvent privés de parole et que l’on porte peu d’intérêt à leurs difficultés.

Une représentation de la séropositivité apaisée mais une peur de la transmission du VIH

S’il y a globalement une modification des représentations de la maladie, en considérant l’infection à VIH comme une pathologie chronique, pour autant, la peur de la contamination et la conscience de la difficulté à vivre avec, demeurent présentes chez les participants. Cette appréhension de la séropositivité est basée sur une bonne connaissance de l’évolution de la maladie, mais avec des représentations parfois décalées sur le risque de transmission du VIH. Ainsi, pour ce qui est d’une charge virale indétectable, si le groupe sait qu’il y a un risque faible de contamination, il n’y adhère peu.

La rencontre sexuelle : le désir de ne pas discriminer

Plutôt que d’interroger leur partenaire sur leur statut sérologique, la plupart des participants préfèrent rester dans le silence. A partir du moment où l’on ne sait pas, tout est possible sexuellement en se protégeant, à l’exception de la fellation qui est la plupart du temps non protégée. Ne pas demander semble donc être une règle tacite à la fois respectueuse de l’intimité du partenaire et facilitant les relations. Parler ou demander, le sujet est associé à une effraction, à l’obligation d’un dévoilement identitaire comparable à un coming out. « Cela ne se demande pas » sauf en cas d’accident de prévention et de prise de TPE.

Le dévoilement du statut reste un sujet sensible dont les gays séronégatifs laissent l’initiative à la personne séropositive dans leurs relations sexuelles, affectives et amicales. Cette annonce reste donc sous la responsabilité des personnes séropositives qui doivent surmonter leur peur du rejet pour que la relation puisse se construire dans le temps. Dans le cas d’une rencontre ponctuelle, le dévoilement n’est pas de mise pour le gay séronégatif qui préfère ne rien savoir dans la majorité des cas.

Cette étude à disposition de tous les partenaires du SNEG Prévention, va pouvoir alimenter le processus de création de futures campagnes du SNEG axées sur la sérodifférence et le mieux vivre ensemble dans l’adaptation des pratiques de chacun.

Antonio Alexandre
Directeur National Prévention


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