lundi 29 novembre 2010
David & Jonathan, mouvement homosexuel chrétien, est consterné par les propos de Benoît XVI dans son livre « La Lumière du monde » qui paraît en France aux éditions Bayard.
communiqué David & Jonathan - 27/11/2010
David & Jonathan, mouvement homosexuel chrétien, est consterné par les propos de Benoît XVI dans son livre La Lumière du monde qui paraît aujourd’hui en France, aux éditions Bayard. Nous ne trouvons aucune inflexion significative dans les propos du pape sur la sexualité ou le sida, tout au plus une petite avancée concernant l’usage du préservatif, vite démentie. Bien plus, ses formules semblent expliciter l’esprit de ses précédentes déclarations sur le sujet, en novembre 2005 et mars 2009, mais d’une manière plus abrupte.
Ce livre, au ton sévère, au regard désespéré sur le monde contemporain, est – sur ces thèmes – péremptoire, scandaleux, méprisant et mensonger. Il condamne l’homosexualité comme contraire à la volonté de Dieu. Il juge aussi comme imparfaites en humanité bon nombre de vies affectives et sexuelles. Il méprise enfin les actrices et acteurs de la prévention du sida et les militant-e-s des droits humains.
Mensonger sur les mouvements d’émancipation. Pour le pape, soutenir la lutte contre les discriminations faites aux femmes et aux homosexuel-le-s revient à déployer une intolérance totalitaire envers l’Église et ses convictions (pp. 77-78) ou à s’éloigner de la vraie foi (pp. 128-129). Dans le combat pour les droits humains, nous pensons au contraire que ce sont les autorités ecclésiastiques qui veulent imposer leurs positions à la société civile, autant que cela leur est possible ! Si ces autorités sont attaquées, c’est en raison de leur obstruction à tout mouvement d’émancipation – en particulier des femmes – et non pour l’expression de leurs valeurs religieuses.
Méprisant envers les actrices et acteurs de terrain. Dans la lutte contre le sida, il présente l’Église comme « la seule institution à se tenir concrètement tout près des hommes », et qui « en fait plus que les autres parce qu’elle ne se contente pas de faire des discours dans les journaux, mais aide les sœurs et les frères sur le terrain » (p. 159). Quel mépris à l’égard des autres acteurs de la prévention et de leur travail ! Les catholiques qui luttent avec eux ne peuvent se reconnaître dans une telle prétention.
Tordant l’esprit des programmes contre le VIH qui valorisent l’abstinence et la fidélité à côté du préservatif, le pape fait de celui-ci un pis-aller inadapté qui « banaliserait » la sexualité, la plongeant dans l’addiction. Celles et ceux qui utilisent le préservatif seront heureuses et heureux d’apprendre qu’ils sont en fait des drogué-e-s du sexe ! Ils seraient des millions, rien qu’en France…
Le prétendu vagabondage sexuel existe indépendamment du préservatif, qui est loin d’être « à la disposition » de toutes et tous (pp. 160-161). Face à la pandémie, nous affirmons que mettre un préservatif est un acte responsable pour que l’amour entre deux êtres puisse rester une rencontre de vie ! Son usage est une solution, éminemment morale, n’excluant pas l’abstinence et la fidélité, selon les choix de chacun-e.
Une scandaleuse vision de la sexualité. Sa fameuse « humanisation » de la sexualité (p. 160), cette « rénovation spirituelle et humaine qui entraîne un nouveau comportement dans les relations entre les êtres » (p. 248), suppose en fait que certain-e-s doivent évoluer en abandonnant une sexualité amorale et infra-humaine (pp. 159-161). Or, la sexualité de chaque personne est humaine de fait (y compris celle des prostitué-e-s) et chacun-e peut puiser en elle-même, en lui-même, des ressources pour encore plus d’humanité, de responsabilité, de liberté.
Des jugements péremptoires sur l’homosexualité. Selon le pape, « l’homosexualité n’est pas conciliable avec la vocation de prêtres » (p. 201). Or, toute vocation ne relève-t-elle pas de la seule initiative de Dieu, sans distinction de personnes ? Dieu ne se prive pas d’ailleurs d’appeler des homosexuel-le-s, y compris au sacerdoce. Quelles seraient les aptitudes qui leur manqueraient pour être appelé-e-s ? Est-ce que « leur orientation sexuelle les éloigne du véritable rôle de père, du cœur même de la prêtrise » (p. 201) ? En effet, qui mieux que des célibataires sans enfants peuvent être de véritables pères ! Et de nombreux exemples attestent que les gays et les lesbiennes sont d’aussi bons parents que les autres.
Se proclamant l’interprète de Dieu, il prétend que l’homosexualité « s’oppose à l’essence même de ce que Dieu a voulu à l’origine », sans savoir si elle est innée ou acquise (p. 200). Si, à tout hasard, l’homosexualité était innée, comment Dieu pourrait-il créer certaines de ses créatures dans une condition aussi contraire à sa volonté ? À moins d’imaginer un dieu pervers. Est-ce que les homosexuel-le-s seraient plus marqué-e-s que les autres par le péché originel ?
Selon cette logique, certaines sexualités seraient en soi conformes à la volonté divine et d’autres s’y opposeraient. Le pape récuse ainsi la conviction qu’homosexualité et hétérosexualité ont même valeur (p. 193).
Nous croyons à l’inverse de lui (p. 199) que la diversité des sexualités témoigne de la richesse de l’acte créateur de Dieu.
Elisabeth MASSET, co-présidente et Patrick SANGUINETTI, co-président et porte-parole,
Contact : communication@davidetjonathan.com
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