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Enquête « Préva gay » : Cibler, stigmatiser, ... est ce la solution ?

date de redaction lundi 30 novembre 2009


Pour se protéger, il faut pouvoir s’aimer, affirme Contact Toulouse. Mais aujourd’hui, la société est-elle prête pour entendre parler d’amour et pas seulement de maladie ?


communiqué Contact Toulouse - 21 novembre 2009

Les résultats d’une enquête baptisée « Prévagay » viennent d’être communiqués. Elle a été lancée par l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire), en partenariat avec le SNEG (Syndicat National des Entreprises Gaies) et l’Anrs (Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites virales).

Sur le site www.prevagay.fr, on peut lire que l’objectif est d’ « évaluer le nombre de gays séropositifs au VIH et aux hépatites... »

Cette enquête a été réalisée au sein de la population des hommes qui fréquentent une dizaine d’établissements gays parisiens : bars, saunas, backrooms (lieux de consommation sexuelle immédiate dans l’obscurité.)

Nous nous interrogeons ...

Dans une logique purement scientifique, nous attendons avec impatience, l’enquête « prévahétéro » qui consistera à mesurer le nombre d’hétéros séropositifs au VIH.

Cette recherche sera-t-elle menée dans des bars à champagne, des saunas et des bordels hétéros parisiens ?

Mesurer le nombre de contaminations parmi les homos qui fréquentent les lieux de consommation sexuelle parisiens peut être intéressant, mais ça n’a rien à voir avec mesurer le nombre d’homosexuels séropositifs.

Alors, nous nous interrogeons : « Prévagay »... à quoi va servir cette étude ?

A justifier, de façon biaisée, l’interdiction aux homosexuels de donner leur sang ?

A justifier des campagnes de communication ciblant toujours les mêmes lieux, toujours les mêmes populations, sans produire de résultats convaincants ?

Arrêter de nous stigmatiser, et arrêter de stigmatiser nos enfants nous semblerait un bon début dans une démarche de prévention digne de ce nom.

Nous savons que la proportion de personnes contaminées parmi les homosexuels est importante.

Mais ça, on le sait depuis longtemps ! Et cela alors que les informations au sujet du VIH sont nettement plus importantes dans les associations, les bars et les boîtes gay, que n’importe où ailleurs !

Alors, ne faudrait-il pas d’autres alternatives de prévention que proposer uniquement des campagnes d’informations ciblées qui montrent leurs limites depuis des années ?

Les lieux de consommation sexuelle sont équipés en accessoires de prévention dès lors qu’ils adhèrent au SNEG ou mènent une politique volontariste de prévention.

Mais, pour se protéger, il faut avoir une bonne estime de soi. Il faut pouvoir se rencontrer autrement que la peur au ventre. Il faut pouvoir parler avec ses proches, avec ses partenaires. Il faut pouvoir se construire autrement que dans la haine de soi. Il faut se ressentir comme une personne qui a de la valeur, et non pas comme un pédé, une tapette, une tafiole, une tarlouze ... Il faut pouvoir s’aimer, il faut vouloir se protéger !

Ce qui répand le sida, c’est la honte dans laquelle les jeunes homosexuels se construisent, causée par la stigmatisation ; c’est la place qui leur est faite dans notre société.

Alors, pourquoi ne pas s’en prendre aux vrais problèmes ?

L’homophobie et la difficulté à se rencontrer constituent un problème d’égalité ainsi qu’un problème de santé publique pour la propagation du SIDA. La plupart des homosexuels que nous écoutons déplorent l’absence de possibilité de se rencontrer dans la vie ordinaire de tous les jours.

Le plus souvent, ils ne peuvent flirter comme les autres adolescents. Ils ne peuvent se rencontrer au sein de leur groupe d’amis, au travail, dans leur club de sport, dans leur quartier, dans les fêtes de village, en boite de nuit, ...

Ils attendent souvent longtemps avant de pouvoir vivre une première relation. Beaucoup sont obligés de partir loin de leur campagne ou de leurs quartiers, où aucun espace n’est accueillant pour eux. Ils partent dans des grandes villes, dans des conditions plus ou moins précaires.

Là, bien souvent, ils ne peuvent qu’entretenir des relations cachées, furtives et vécues avec une grande culpabilité.

La plupart des parents dont l’enfant est homo ne le savent pas, car l’immense majorité n’ose se confier à leur famille. Ces parents ne sont pas non plus conscients que cette hostilité est en train de mettre en danger leur enfant.

Tout comme elle est responsable d’un grand nombre de suicides, l’homophobie est responsable d’un grand nombre de contaminations par le VIH.

Alors que faire ?

Aider les associations qui facilitent la communication au sein de la famille à ce sujet, les associations qui proposent un accueil de qualité, de la convivialité...

Former les professionnels de santé, les sensibiliser.

Préparer les familles à l’éventualité qu’un ou plusieurs de leurs enfants soient homos.

Aider des associations à se créer, ou à intervenir dans des zones rurales, dans des petites villes, dans des quartiers.

Inciter tous les lieux de loisirs à accueillir les personnes homosexuelles, bisexuelles, ou hétérosexuelles de la même façon et à le faire savoir...

Sur le papier et dans les discours, on parle de la lutte contre l’homophobie, mais si peu de moyens y sont consacrés !

Plutôt que de stigmatiser, donnons à tous les moyens de s’aimer !

Pour l’association CONTACT, Dialogue entre les parents, les gais et lesbiennes, leur famille et amis, en Midi Pyrénées

Barthélémy ALATA, président

Jean Michel PUGNIERE, psychologue

Yvette RADET, mère de famille, responsable des actions d’Education à la santé

Fabienne RINAUDO, mère de famille, chargée de la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle


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