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VIH/sida : un très net relâchement de la prévention

date de redaction jeudi 23 juin 2005


L’InVS tire la sonnette d’alarme : les premiers résultats de l’enquête qu’elle a réalisée dans la presse gay en 2004 montrent un très net relâchement de la prévention.


communiqué InVS ANRS - 22/6/2005

L’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (Anrs), rendent publics aujourd’hui les résultats de l’Enquête Presse Gay 2004 [1], qui indiquent que les prises de risques face au VIH/sida sont en augmentation dans la population homosexuelle masculine.

Les Enquêtes Presse Gay (EPG) permettent de suivre depuis 20 ans l’évolution des modes de vie et des comportements préventifs des homo et bisexuels masculins lecteurs de la presse gay. En 2000, pour la première fois, le relâchement de la prévention était mis en évidence par cette enquête. Les résultats pour 2004, confirment ces tendances.

L’analyse de plus de 6 000 questionnaires validés, fait apparaître non seulement une augmentation des prises de risque avec des partenaires occasionnels, mais aussi une augmentation de leur fréquence :

  • plus de 77 % des répondants ont en effet déclaré au moins un partenaire occasionnel au cours des douze derniers mois précédant l’enquête ;
  • 36 % ont indiqué au moins une pénétration anale non protégée avec des partenaires occasionnels dans les douze derniers mois, soit une augmentation de 70 % entre 1997 et 2004 ;
  • 24% ont précisé pratiquer régulièrement des pénétrations anales non protégées (1 par mois ou plus) avec des partenaires occasionnels soit une hausse de plus du double par rapport à 1997.

Si les prises de risque concernent toutes les classes d’âge, l’ampleur de leur progression varie selon le statut vis-à-vis du VIH/sida : elles sont en particulier plus marquées pour les hommes séropositifs et les personnes qui ne sont pas sûres de leur statut séronégatif ou qui ne le connaissent pas.

Enfin, les fellations sont d’une manière générale très peu protégées, puisque seuls 6 % des répondants indiquent toujours utiliser un préservatif lors d’une fellation et que cette proportion a diminué en continu lors des trois dernières enquêtes.

L’Enquête Presse Gay renseigne également sur le profil socio-économique de la population homosexuelle masculine ayant répondu au questionnaire.
Ses caractéristiques principales demeurent identiques à celles mises en lumière les précédentes années : il s’agit pour près de 80 % d’hommes de moins de 45 ans, urbains, d’un niveau éducatif et professionnel relativement élevé et célibataires, le PaCS venant toutefois modifier ce trait (11% des répondants sont pacsés). La proportion de séropositifs pour le VIH parmi les répondants reste stable (13 %) de même que celle de ceux n’ayant jamais eu recours à un test de dépistage VIH au cours de leur vie.

Il apparaît également qu’Internet s’impose progressivement comme un espace de rencontre (la fréquentation de sites gays de rencontre ayant proportionnellement doublée entre 2000 et 2004) au détriment des autres lieux alors que les prises de risques sont plus fréquentes parmi les internautes que pour le reste des répondants (33% des lecteurs de la presse gay indiquent au moins une pénétration anale non protégée avec des partenaires occasionnels contre 44% pour les répondants d’Internet).

Les résultats de l’Enquête Presse Gay 2004 sont cohérents, en terme de prise de risques et de dégradation de la prévention chez les gays, avec ceux de l’enquête Baromètre Gay 2002 (réalisée auprès d’homosexuels fréquentant des lieux de rencontre gay), ceux issus de la déclaration obligatoire du VIH/sida et ceux issus de la surveillance des IST. Ils doivent alerter tous les acteurs -publics et associatifs- de la prévention du VIH/sida et les inciter à adapter et intensifier leurs actions en direction de la population homosexuelle.

Notes :

[1Réalisée en partenariat avec plusieurs titres de la presse gay et notamment le magazine Têtu, financée par l’Anrs, cette étude s’inscrit dans la continuité de la surveillance du VIH/sida.


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