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Les listes noires de la CCI de Nice

date de redaction jeudi 15 janvier 2004     auteur Jean-Benoît RICHARD


Un grand nombre de sites d’associations homosexuelles sont censurés sur l’accès internet WIFI de l’aéroport de Nice. Les responsables plaident l’erreur et rejettent les accusations d’homophobie.


Tout n’est pas bon à diffuser sur le réseau WIFI public de l’aéroport de Nice. Un membre des Gais et Lesbiennes Branchés l’a constaté avec stupeur le 12 janvier dernier. L’accès à des sites comme La France Gaie et Lesbienne, Act Up Paris ou encore Gaypride.fr était bloqué, au motif que ces sites contiennent des mots prohibés, ou bien sont purement et simplement classés comme pornograhiques, sans autre explication !

La société monégasque Tekworks, qui supervise le réseau WIFI de l’aéroport confirme l’existence de "filtres". "Ils ont été installés à la demande expresse de la Chambre de Commerce et d’Industrie" complète Olivier Martin, responsable technique, "pour éviter que des enfants puissent apercevoir les images porno de certains sites en regardant les écrans des portables utilisés en salle d’embarquement".

La réaction des éditeurs des sites concernés ne s’est pas faite attendre. Dans un courrier adressé à Françis Perugini, président de la Chambre de Commerce de Nice gestionnaire de l’aéroport, Pierre Léonard le président des GLB et éditeur d’un des sites en liste noire n’hésite pas à parler de censure. "Notre site n’a rien de pornographique. Nous ne comprenons pas que vous ayez pu prendre de telles mesures discriminatoires en le bloquant. Nous dénonçons ces actes que nous jugeons homophobes".

"Il ne s’agit pas du tout d’homophobie" assure Hélène Navarro, responsable de la communication de l’aéroport. "Si des sites ont été interdits d’accès alors qu’il n’y avait pas lieu de le faire, c’était vraiment dans l’intention de protéger contre la pornographie".

Elle précise que le prestataire de la CCI utilise des outils élaborés par l’américain Symantec, qui "travaillent sur la base d’occurences de mots-clé", toutefois, elle s’avoue incapable d’en donner la liste. On imagine sans peine que les mots "homosexuels", "gay" ou "lesbienne" provoquent les refus de connexion, comme s’ils étaient synonymes de pornographie.

Reconnaissant les excès de ce système, la Chambre de Commerce s’est engagée à revoir les mécanismes de censure, et surtout à compléter le message de refus de connexion d’une explication moins laconique et d’un contact avec le webmaster qui pourra lever les restrictions.

Cet exemple malheureux montre combien il est dangereux de laisser un fournisseur de moyens s’arroger un droit de regard sur ce qui est diffusé. Wanadoo, Club-Internet et autre Free Télécom doivent-ils gérer des listes noires ? Jusqu’à présent l’interdiction relevait de la compétence de la Justice, il serait liberticide de la confier à d’autres.


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