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MALAISIE : Liberation d’Anwar Ibrahim

date de redaction mardi 7 septembre 2004


La libération d’Anwar Ibrahim rétablit la confiance dans l¹indépendance
de
la justice


communiqué AI - 2/9/2004 - Index AI : ASA 28/013/2004

Amnesty International accueille avec la plus grande satisfaction la
décision
prise aujourd¹hui, jeudi 2 septembre 2004, par la Cour fédérale de
Malaisie,
plus haute juridiction du pays, de casser en appel la condamnation pour
sodomie de l¹ancien vice-Premier ministre, Anwar Ibrahim, et de son
frère
adoptif, Sukma Darmawan.

« La décision de la Cour fédérale de libérer Anwar Ibrahim constitue un
événement d¹importance historique pour le rétablissement de la confiance
dans le respect de la loi et des droits humains en Malaisie », a déclaré
Catherine Barber, directrice adjointe pour l¹Asie à Amnesty
International.

La signification de l¹arrestation et des poursuites contre Anwar
Ibrahim a
largement dépassé son cas personnel.

« Cela a mis en évidence un système de manipulation politique des
principales institutions de l¹État, notamment la police et la justice,
qui
ont un rôle déterminant dans la protection des droits humains en
Malaisie »,
a ajouté Catherine Baber.

Amnesty International espère que cette décision va rappeler durablement
le
rôle que la magistrature doit jouer pour contrôler le pouvoir exécutif
et
veiller au respect des principes fondamentaux, dont la liberté
d¹expression
et d¹opinion politique, qui figurent tant dans la Constitution de la
Malaisie que dans les normes internationales relatives aux droits
humains.

Constatant que la Cour fédérale a relevé que la police a eu recours à de
mauvais traitements pour obtenir les aveux de Sukma Darmawan, Amnesty
International a exhorté le gouvernement à persévérer dans ses efforts
pour
reformer la police et la justice. L¹organisation a accueilli
favorablement
la création il y a quelques mois à l¹initiative du Premier ministre,
Abdullah Badawi, d¹une Commission d¹enquête royale qui doit remettre un
rapport sur le fonctionnement de la police début 2005. Amnesty
International
appelle la Commission à recommander une réforme de grande ampleur.

Rappel des faits

(voir notre article : MALAISIE : la condamnation d’Anwar Ibrahim maintenue par la Cour d’Appel)

Anwar Ibrahim est en prison depuis 1998, suite à des accusations
d¹« abus de
pouvoir » et de « sodomie » portées contre lui pour l¹exclure de la vie
publique. Il avait été révoqué de son poste de vice-Premier ministre
après
un désaccord politique avec le Premier ministre de l¹époque, Mahathir
Mohamad. Cette révocation avait provoqué des manifestations de grande
ampleur pour réclamer des réformes politiques.

Anwar Ibrahim avait achevé en 2003 une peine de prison pour « abus de
pouvoir » prononcée lors d¹un premier procès. Mais Anwar Ibrahim a été
poursuivi avec Sukma Darmawan pour « sodomie » lors d¹un second procès
en
2000. Ils ont été condamnés respectivement à neuf ans et six ans de
prison.

Leur procès n¹a pas été équitable pour plusieurs raisons : la police a
exercé de graves pressions physiques et psychologiques sur les témoins,
les
avocats de la défense ont été intimidés et des membres du gouvernement
ont
critiqué publiquement Anwar Ibrahim, portant ainsi atteinte à la
présomption
d¹innocence.

Sukma Darmawan, un homme d¹affaires âgé de quarante-deux ans, n¹avait
jamais
eu de problème avec la police et ne jouait aucun rôle politique. Amnesty
International estime qu¹il a été poursuivi dans le seul but d¹obtenir la
condamnation d¹Anwar Ibrahim.

Sukma Darmawan et Anwar Ibrahim ont été maltraités par la police. En
1998,
lorsqu¹il a été conduit devant le tribunal, Anwar Ibrahim présentait un
hématome à l¹¦il et des contusions au bras en conséquence des coups qui
lui
avaient été infligés par l¹ex-chef de la police nationale. Sukma
Darmawan a
déclaré qu¹en 1999, ses premiers aveux de sodomie lui avaient été
soutirés
après douze jours d¹interrogatoire agressif et humiliant au cours
desquels
les policiers l¹ont obligé à se tenir debout, entièrement nu, se
saisissant
de ses organes génitaux et se moquant de lui.


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