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Recalés : Les deux principaux candidats à la présidentielle nous déçoivent !

date de redaction mercredi 20 mars 2002


COMMUNIQUE DE PRESSE DE SOS HOMOPHOBIE - 20/3/2002

 

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SOS homophobie a pris connaissance avec beaucoup d’étonnement, des interviews donnés au magazine TÊTU par les deux candidats à la présidentielle, Jacques Chirac et Lionel Jospin.

Le plus décevant, ce ne sont pas tant les positions prises par les candidats que la légèreté de leur argumentation qui traduit, au mieux, une certaine confusion dans leur approche des questions du mariage homosexuel et de l’adoption par les homosexuels.

Dans une troublante symétrie, ils convergent sur la question du mariage. Ils réservent l’un comme l’autre le mariage à la famille hétérosexuelle. Ils balayent ainsi d’un revers de manche, les positions divergentes de la doctrine et des sociologues de la famille sur la question. En effet, certains défendent la thèse du mariage- institution (forte symbolique de l’union matrimoniale), mais d’autres considèrent le mariage comme un contrat découlant de la seule volonté des mariés...

Un futur Président de la République peut-il envisager sérieusement, de délaisser les familles autres que mononucléaires (composées d’un homme, d’une femme et d’un ou plusieurs enfants) ? Sur quels critères, les familles de fait (dont des parents homosexuels, mères ou pères célibataires ou en couple et leurs enfants), sont-elles exclues ? Considèrent-on qu’elles ont fauté et doivent par conséquent rester hors la loi, sans protection juridique et sociale ?

Un futur Président de la République peut-il seulement, écarter à jamais les homosexuels français du mariage, échange de volontés qui organise la communauté de vie, les devoirs et obligations réciproques de deux êtres qui s’aiment et s’engagent ? Dans ce cas, doit-on considérer que les législateurs hollandais et Belge, pour ne citer qu’eux, sont irresponsables ?

Un demi-point tout de même pour Monsieur Jospin qui faute de mieux, promet d’améliorer le PaCS.

En revanche, sur la question de l’adoption, ils paraissent diverger.

Les positions de l’actuel Président de la République ont le mérite d’être attendues ! Il n’est pas favorable à l’adoption par des homosexuels car " L’enfant peut mieux s’épanouir auprès d’une mère et d’un père ". Nous lui concédons aisément que des enfants sont épanouis auprès de leurs pères et mères. Pourtant, nous ne doutons pas un seul instant que d’autres le sont tout autant auprès d’un parent célibataire aimant, équilibré et organisé, indépendamment d’ailleurs de son orientation sexuelle, comme auprès d’un couple d’hommes ou de femmes. Il est hélas probable que d’autres enfants sont malheureux dans toutes ces mêmes situations, car il serait tout de même surprenant que la seule orientation sexuelle puisse conférer ou non, aptitude au bonheur et qualités d’éducation. La question des référents paternels et maternels peut être réglée par des liens forts avec l’entourage.

Ces hypothèses, Monsieur le Président, ne vous-ont elles donc jamais effleuré ?

Mais que penser maintenant de l’actuel Premier Ministre, opposé à l’adoption par un couple d’homosexuels, mais favorable à l’adoption par un gay ou une lesbienne célibataire. Comment parvient-il à un tel paradoxe ? Selon lui, l’homosexuel célibataire ne devrait pas être discriminé sur sa seule orientation sexuelle. Nous sommes d’accord et notons avec satisfaction que cet engagement électoral pourrait aboutir à un texte réprimant la discrimination à l’orientation sexuelle, dans la procédure d’adoption. Un gros point de plus pour Monsieur Jospin qui remerciera le Parti socialiste.

En revanche, nous ne connaissons pas de mécanisme juridique ou social permettant de discriminer un couple, là où un célibataire ne peut l’être. Le couple serait-il considéré comme moins structurant pour l’enfant, à partir du moment ou l’union est de nature homosexuelle ?

Ce qui dérange Monsieur Jospin, n’est-ce pas seulement l’amour homosexuel ? En effet, comment expliquer que l’amour d’un seul parent homosexuel est admis, alors que l’amour d’un couple homosexuel est rejeté, si ce n’est parce que la sexualité du célibataire est " absente " du dossier, en tous cas abstraite, mais pas celle du couple, supposé sexuellement actif ?

Il est légitime que ces questions, relativement récentes, suscitent des débats dans notre société, mais nous sommes consternés de constater que les deux principaux candidats à l’élection présidentielle n’aient pas d’arguments plus affûtés à nous opposer. Monsieur Chirac campe sur ses habituelles positions de principe et Monsieur Jospin s’arrête au début du chemin.

Pour SOS homophobie,

La Présidente, Christine Le Doaré


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