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Homoparentalité

date de redaction dimanche 3 mars 2002


communiqué du Centre Gai et Lesbien de Paris - 3/3/2002

Le Centre Gai et Lesbien de Paris exprime sa déception à l’annonce de
l’arrêt rendu mardi dernier par la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Il soutient l’Association des Parents Gais et Lesbiens* dans sa lutte pour
l’égalité des droits entre les personnes désireuses d’adopter et continuera
à dénoncer l’inégalité de traitement entre les personnes hétérosexuelles et
les personnes homo-, bi- et transexuelles.

La Cour Européenne des Droits de l’Homme fonde sa décision sur un souci de
« protection de la santé et des droits des enfants ». C’est cet argument
imprécis et infondé qui a servi de prétexte à la France et aux ex-Etats
communistes pour se conforter dans l’obscurantisme et l’oppression voire la
haine des homosexuel(le)s. La Cour ne précise pas de quel danger elle entend
protéger les enfants ; nous ne pouvons que dénoncer ce préjugé flou qui ne
trouve aucun fondement scientifique.

En procédant ainsi, la Cour et la France privent des enfants de familles
peut-être imparfaites mais incontestablement chaleureuses et désireuses de
rendre heureux un ou plusieurs d’entre eux.

De plus, la critique concernant l’absence d’un modèle de référence père-mère
ne tient pas ; sinon, il serait nécessaire que soient placés à la D.D.A.S.S.
les jeunes enfants dont l’un des parents décèdent ; ou que les parents
ressortissants de pays différents soient obligés de demeurer dans le même
pays s’ils divorcent, afin que l’enfant continue à grandir entre un modèle
paternel et un modèle maternel ! Autant de montages juridiques impensables
et contraires aux libertés fondamentales, dont on prive pourtant les
homosexuel(le)s !

Autre erreur : la D.D.A.S.S. refuse de donner son agrément à l’adoption d’
un enfant par un(e) homosexuel(le) à cause de son « mode de vie ». Or,
vouloir vivre en conformité avec ses aspirations, en harmonie avec soi-même
et rechercher son bonheur n’est pas un « choix de vie ». Et pour ceux qui
estiment le contraire, alors nous affirmons que ce « choix »est
indubitablement meilleur que celui de se cacher et de mettre ainsi en péril
son équilibre et celui de son entourage par un aveu futur.
 Le Centre Gai et Lesbien de Paris, et notamment sa psychologue clinicienne
qui y assurent des permanences gratuites, recueille et écoute chaque jour
des témoignages de personnes brisées par le mensonge où la société emmurent
les homo-, bi- et transexuel(le)s. Cet arrêt ne fait que renforcer le
confinement et le ghetto où certain(e)s homosexuel(le)s doivent s’enfermer
pour avoir le même droit que tout autre Français : les homosexuel(le)s
devront encore cacher une partie d’eux-mêmes pour obtenir l’égalité, cette
fois face au droit d’adopter.

Toutefois, la France ne s’en tire pas à si bon compte. Elle devra se pencher
sur la rigueur juridique de son raisonnement : là où la loi ne distingue
pas, le juge ne peut distinguer. Il ne sera pas donc possible de fonder
encore longtemps le refus d’agrément sur une appréciation subjective d’une
condition non spécifiée par le Code Civil et laisser ainsi la porte ouverte
à l’expression de toute forme de discrimination et donc d’exclusion, non
seulement envers les homo-, bi- et transsexuel(le)s mais aussi contre toute
autre minorité dont un gouvernement politique voudrait renier des droits.

Pour le Centre Gai et Lesbien,

Le président       
Jérôme KIRCH       

La vice présidente
Jenny Legris


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