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Quand les "vilaines manières" tuent, il est temps de légiférer à leur propos

date de redaction mardi 17 février 2004


Lettre ouverte aux élu-e-s à propos de l’agression de Sébastien Nouchet, rédigée par la co porte-parole de l’association Moules-Frites.


courrier circulaire - 16/2/2004

« L’homophobie est, certes, une vilaine manière, mais elle ne relève que de l’intolérance ordinaire. » Voici ce qu’affirme monsieur Pierre Fréhel dans le Républicain Lorrain.

« L’intolérance ordinaire » a brûlé Sébastien au 3° degré. Nous ne sommes pas prêts à accepter que la barbarie puisse être qualifiée d’ « ordinaire » parce qu’elle s’attaque à des « pd », des « gouines », des « trans », des « trav », des « bi » …
Un crime n’a pas d’excuses, il doit être jugé et puni. Parce que nous considérons que les crimes homophobes sont les fruits de cette « homophobie ordinaire », oui, nous demandons une loi contre les actes mais aussi contre les propos homophobes.

Lors des manifs anti-PACS vous avez laissé s’afficher « les pédés au bûcher », c’est aujourd’hui Sébastien qui a été brûlé. Il n’est plus temps de belles paroles, il est temps d’agir, messieurs les politiques.

Aujourd’hui plus personne ne peut ignorer que les mots tuent, ni que les mots sont le premier pas des actes. Alors nous voulons que la haine qui s’exprime encore librement dans ce pays à l’encontre de tous ceux dont la sexualité, réelle ou supposée , n’est pas hétérosexuelle soit sanctionnée, comme elle l’est lorsqu’il s’agit de propos racistes et antisémites, et comme elle devrait l’être dans les violences sexistes.

Déconstruire l’homophobie, c’est notre travail au quotidien. Le vôtre est de légiférer pour soutenir les valeurs des droits de l’Homme dont notre beau pays aime tant à se vanter. Car l’ignorance n’est pas une excuse.

Parce que nous ne voulons plus continuer à être insultés, discriminés, frappés, violés nous réclamons une loi contre l’homophobie.

Parce que nous sommes lycéens, étudiants, jeunes travailleurs, citoyens de ce pays, nous réclamons le droit à vivre en paix et dans la sécurité. Et il est de votre devoir, élus de cette République, de nous garantir ce droit-là.

Parce que trop de jeunes gays et lesbiennes se suicident encore faute de réussir à vivre dans ce monde sexiste et homophobe qui leur fait violence chaque jour par ses préjugés, ses petites phrases assassines, nous demandons cette loi.

Nous, enfants de la République, engagés au quatre coins de France, ne voulons plus nous taire.

Isabelle KALLERT
Co Porte-Parole de Moules Frites, fédération des associations de jeunes et d’étudiant-e-s lesbiennes, gays, bi, trans,

Plus d'informations :

sur le site de l’association : http://moules-frites.org


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