mercredi 25 mars 2015
Face aux menaces extrémistes qui pèsent, le Mémorial de la Déportation Homosexuelle exhorte les citoyens à aller voter aux élections départementales.
communiqué de presse du Mémorial de la Déportation Homosexuelle - 21 mars 2015
Le mardi 27 janvier 2015, était célébré le 70e anniversaire de la libération des camps de concentration et d’extermination nazis.
Le dimanche 26 avril 2015, nous allons commémorer la 70e Journée Nationale du Souvenir des héros et victimes de la déportation.
Ces cérémonies ont eu lieu et vont avoir lieu en France, en Europe et dans le Monde dans un contexte inquiétant de montée des extrémismes, des populismes et des nationalismes. La campagne électorale pour les élections départementales en France fut l’occasion pour des dizaines de candidats d’extrême droite de s’illustrer ou de se rappeler à notre souvenir par des déclarations racistes, xénophobes, racistes, sexistes, islamophobes et homophobes.
Le Mémorial de la Déportation Homosexuelle qui œuvre pour la reconnaissance des victimes de la déportation pour motif d’homosexualité, et qui porte le souvenir de toutes les victimes de cette tragédie lance un appel aux consciences, à la vigilance et à la mobilisation :
Au nom du respect dû aux victimes de la barbarie nazie qui ont subi d’atroces souffrances (le travail forcé, la faim, les coups, les tortures, les exécutions sommaires et les chambres à gaz) nous ne pouvons pas oublier, nous ne devons pas oublier, car toutes ces horreurs ne furent pas et ne seront jamais un détail de l’Histoire !
Comme d’autres compagnons et compagnes d’infortune, les homosexuels ont subi les persécutions nazies, aux côtés d’autres bouc-émissaires désignés, aux côtés des juifs, des communistes, des tziganes, des témoins de Jéhovah, des résistants et d’autres encore.
Plusieurs milliers de "triangles roses" venus de toute l’Europe et de France, sont morts dans les camps nazis ; plus de la moitié des déportés pour homosexualité n’ont pas survécu.
Avec la mort, il y a dix ans, de Pierre Seel, seul déporté homosexuel Français à avoir témoigné, nous avons pris conscience de la fragilité de cette mémoire et de l’impérieuse nécessité de la transmettre.
Nous voulons rappeler aux anciennes comme aux jeunes générations que l’homophobie politique est et reste une menace sérieuse, un danger qui met en péril, notre liberté, notre sécurité, notre identité et donc notre vie.
Nous voulons alerter nos concitoyens sur les tentatives de séduction de l’extrême-droite envers les personnes LGBT (Lesbiennes, Gaies, Bi, Trans). Celles-ci n’ont rien à attendre des nationalistes et des réactionnaires de tous ordres qui désignent souvent comme bouc-émissaires les minorités, toutes les minorités : immigrés et musulmans d’abord, mais homosexuels très rapidement aussi.
Les personnes LGBT n’ont rien à attendre d’une hypothétique promesse de sécurité de la part de candidats et de formations politiques qui refusent de les considérer comme des citoyens à part entière, et qui s’opposent systématiquement à leurs revendications en matière d’égalité des droits.
Nous voulons rappeler que l’extrême-droite n’a jamais protégé les personnes LGBT. Le régime de Vichy fut à l’origine des lois homophobes qui ont facilité et permis la répression contre les homosexuels Français.
Pétain n’a pas protégé les juifs, Pétain n’a pas protégé les homosexuels. Il a été leur bourreau.
Partout dans le monde, on assiste à une montée de l’homophobie et de la haine des différences, alimentée par des relents nationalistes, racistes et populistes. La Russie, l’Iran, l’Ouganda offrent de tristes exemples de pays qui encouragent la violence contre les personnes LGBT.
La France n’est pas en reste, elle a vu une recrudescence des violences verbales et physiques, y compris chez des personnalités politiques depuis quelques années ; ces dernières semaines, campagne électorale oblige, certains se sont surpassés en matière de dérapages homophobes.
Aussi face aux menaces extrémistes qui pèsent, nous sortons de notre réserve et nous lançons un appel aux consciences et à la vigilance. Chaque citoyen, chaque citoyenne, peut conjurer ces risques et combattre ces menaces extrémistes en votant ces 22 et 29 mars à l’occasion des deux tours des élections départementales qui se dérouleront dans toute la France (hors Paris).
La préservation de nos libertés, de notre démocratie et de la République méritent notre mobilisation à toutes et à tous. En conscience et en responsabilité, nous devons le faire lors de ces élections départementales !
Animés par ce même état d’esprit de veille et de vigilance, nous participerons et appelons à participer aux manifestations organisées à l’occasion de la 70e Journée Nationale du Souvenir des héros et victimes de la déportation.
Hussein Bourgi
Président du MDH