Au lycée, faire accepter, non stigmatiser davantage !

communiqué de presse MAG Jeunes LGBT - 9 décembre 2013

Le MAG Jeunes LGBT est une association qui lutte depuis 1985 pour le bien-être des jeunes LGBT et contre les LGBTphobies, notamment par des actions de prévention au sein des classes de collège et lycée depuis plus de 12ans.

Par le débat, nos bénévoles invitent les élèves à s’interroger sur les idées reçues qu’ils ou elles peuvent avoir et nourrissent la discussion en clarifiant certains termes ou en corrigeant des idées fausses. Les élèves saisissent d’ailleurs cette opportunité pour formuler toutes les questions qu’ils/elles se posent sur l’homosexualité et les homosexuel-le-s, et s’aperçoivent bien souvent au fil de la discussion que ce sont des personnes comme les autres. Il en va de même concernant la bisexualité et la transidentité.

De par notre expérience face à des adolescent-e-s en pleine construction de leur identité, nous ne pouvons qu’exprimer notre inquiétude en apprenant que Philippe Ariño, auteur connu et controversé de "L’Homosexualité en vérité", tient des conférences au sein des lycées.

Notre inquiétude repose essentiellement sur le contenu des questions qu’il a abordé lors d’une conférence le jeudi 5 décembre dernier au collège/lycée Blanche de Castille de Nantes* devant l’AFC (Association familiale catholique) dont en voici quelques-unes :

• « Je veux écrire une lettre à un ami homosexuel pour lui dire ce que je pense. Comment dois-je m’y prendre ? Quelles formules et conseils pratiques ? »
• « Je me fais traiter d’homophobe par des membres de ma propre famille parce que je m’oppose au mariage gay. Que dois-je faire ? »
• « Ma jeune fille, lycéenne de 16 ans, ne comprend pas pourquoi je m’oppose à la pratique homo et me trouve intolérant (d’ailleurs, elle prétend connaître des amis homos dans son entourage, et franchement, ils sont « trop sympas »). »
• « Je sens que mon jeune fils de 8 ans n’aime pas les jeux de garçons et commence à se déguiser en princesse. Quelle attitude adopter ? »
• « Je fais de l’évangélisation de rue et je tombe sur un « couple » homo. Quelles formules puis-je trouver pour lui faire connaître l’amour de Dieu sans lui mentir sur les exigences de l’Église ? »

Ces questions nous semblent imprégnées de jugements et d’affects stigmatisant les personnes LGBT. Elles ne s’intéressent ni au bien-être ni à l’acceptation des personnes LGBT et laissent croire que le regard négatif ou hostile sur l’homosexualité ou l’homoparentalité est une simple opinion anodine. En effet, elles ne s’orientent en rien à rassurer les enfants LGBT (tout comme leurs parents), elles consistent davantage à apprendre à celles/ceux qui les rejettent comment mieux s’armer et se défendre face aux accusations d’homophobie, biphobie ou transphobie. Si cette personne s’adresse ainsi à des parents, qu’imaginer lorsqu’elle s’adresse à des enfants ?

Nous ne pouvons que conseiller aux établissements scolaires, privés comme publics, de s’orienter vers des associations expérimentées et agrées qui luttent contre les LGBTphobies et se tiennent à leur disposition plutôt que de faire intervenir des particuliers au discours inadapté à un public adolescent en vue d’un projet de mieux vivre ensemble.

Gary ROUSTAN, Président
Marine SOUFFRIN, Responsable Éducation