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Restrictions budgétaires dans la lutte contre le sida

date de redaction vendredi 4 mars 2011


Le pôle prévention du SNEG, qui vient de perdre 14% de sa subvention, se demande si le ministère de la Santé a programmé la mort des associations de lutte contre le sida.


communiqué SNEG - 3 mars 2011

Le SNEG vient d’apprendre par la Direction Générale de la Santé que le montant de la subvention destinée à financer le fonctionnement de son pôle Prévention est amputé de 14 % pour cette année 2011 (ce qui représente 90 000 euros sur un budget global de 640 000 euros) et une nouvelle réduction semble être envisagée en 2012.

Cette nouvelle est bien évidemment reçue avec consternation par le SNEG et ne sera pas sans conséquence sur le fonctionnement de ses actions de prévention et de santé communautaire.

En effet, conventionné depuis 20 ans par le ministère de la Santé, le socle de fonctionnement du pôle Prévention du SNEG est financé par la Direction Générale de la Santé (DGS). C’est cette subvention qui permet de développer dans 650 établissements gays et lesbiens de France le dispositif national de prévention animé par son équipe de 11 délégués : mise à disposition gratuite de matériels, campagnes et outils de prévention, formation des personnels, information de la clientèle mais aussi des internautes sur les sites de rencontres...

Nous apprenons cette réduction budgétaire alors que l’année 2011 est déjà plus qu’entamée. Qui plus est, les appels d’offres des Agences Régionales de Santé sont désormais bouclés. Par conséquent, cette diminution du financement de la DGS ne pourra pas être compensée, même partiellement, par des subventions régionales, ce qui fatalement, entraîne un coup d’arrêt de certaines de nos actions de prévention.

Le SNEG ne comprend pas cette coupe budgétaire qui le met en danger, alors que le rapport d’audit 2010 du cabinet Mazars, mandaté par la DGS elle-même, a mis en évidence une gestion rigoureuse des fonds publics. Par ailleurs, le rapport Lert Pialoux 2009 sur la réduction des risques sexuels demande de s’appuyer sur le SNEG pour développer le dispositif de prévention tant en direction des gays que des échangistes.

Cette annonce nous oblige d’ores et déjà à supprimer un poste et demi de salarié dès cette année 2011 et probablement à un autre réajustement au sein de l’équipe en 2012.

Cette réduction d’effectifs va entraîner une absence de couverture géographique des établissements gays et gays friendly pour les régions suivantes : le Centre, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne, la Picardie, le Nord Pas-de-Calais, la Haute-Normandie et la Basse-Normandie. Nous craignons que d’autres zones blanches, c’est-à-dire sans prévention viennent encore hélas s’ajouter à cette liste en 2012. Les régions envisagées seront sans doute le Poitou-Charentes, le Limousin et l’Auvergne. C’est aussi bien peu reconnaître l’engagement de tous les établissements présents dans ces régions qui ne seront plus visités et soutenus par les délégués du SNEG.

Ces dernières années, le SNEG a initié une dynamique que ses partenaires institutionnels ont tous salué. Ainsi, d’une part, l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) a soutenu la production de campagnes ciblées basées sur des recherches psychosociales. D’autre part, l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) a confié à l’équipe du SNEG la recherche biomédicale Prévagay qui a donné lieu à de nombreuses publications scientifiques internationales. Il est devenu par ailleurs normal pour tout nouvel établissement gay de solliciter le SNEG Prévention pour un soutien en matière de prévention.

Au regard de l’ensemble des actions menées au quotidien partout en France et du soutien des institutions de référence, nous nous interrogeons sur le sens politique de cette coupe budgétaire qui va asphyxier notre équipe, son développement et globalement, l’ensemble de nos actions.

Parmi ces actions diverses et spécifiques, nous venions d’initier une action inédite visant à intervenir auprès de 300 établissements échangistes et libertins, et de lancer avec nos délégués des animations ludiques dans nos établissements pour toucher les gays là où ils sont.

Notre inquiétude est grande. Comment interpréter ce désengagement de l’Etat ? Le sida ne serait-il plus une priorité nationale ? Doit-on, par voie de conséquence, s’attendre dans le futur au désengagement progressif des Agences Régionales de Santé ? Au-delà de son propre devenir, le pôle Prévention du SNEG est préoccupé par la menace qui pèse sur les établissements gays laissés seuls face à la lutte contre le VIH et les IST et sur l’ensemble du tissu associatif divers et particulièrement pour les structures les plus vulnérables qui portent pourtant, elles aussi, des actions et des messages indispensables à destination de certaines populations parmi les plus exposées.

Le SNEG demande la plus grande transparence sur l’ensemble des structures touchées par ces coupes budgétaires.

Le SNEG demande à ce que soit préservée la diversité des actions de prévention portées par l’ensemble du tissu associatif.

Le SNEG demande aux services de l’Etat de réaffirmer leur engagement dans la lutte contre le sida.

Antonio Alexandre
Directeur National Prévention


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