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Envoyé Spécial au pays de l’homophobie révoltante qui frappe les adolescents

date de redaction lundi 10 janvier 2011


Christine Le Doaré revient sur un reportage diffusé sur France 2 qui pointe la triste réalité vécue par les jeunes qui ont fait leur coming out.


communiqué Centre LGBT Paris-Idf - 7 janvier 2011

Envoyé spécial consacrait son édition du 6 janvier à trois sujets d’importance : la sécurité privatisée, le coming out d’adolescents homosexuels et la vie d’enfants haïtiens sauvés du tremblement de terre [1].

Ces trois sujets étaient particulièrement bien traités et chacun à sa façon nous confrontait à une société de plus en plus aberrante pour ne pas dire désespérante.

Sur le premier sujet nul besoin de s’éterniser, les ravages de la privatisation de services qui doivent relever de l’état et de son contrôle nous coutent infiniment plus cher que l’emploi de fonctionnaires et toutes les conséquences de cette lamentable démission n’ont pas encore été évalués.

Sur le dernier sujet, nous ne pouvons, au côté des journalistes, que nous demander où est passé l’argent des dons et pourquoi la reconstruction est si lente ; également féliciter les ONG telles que Handicap International pour leur remarquable travail de terrain.

Le troisième sujet nous concerne plus directement.

Comment peut-on accepter en France, en 2011, que le coming out d’adolescents homosexuels soit toujours aussi problématique pour ne pas dire douloureux ?

Des années de travail fourni par nos associations aidées de façon insuffisante par des pouvoirs publics, par des médias, par des créations artistiques, littéraires, cinématographiques, en tous genres, pour en arriver là !

Des adolescents du Refuge de Montpellier ou de l’association Contact témoignent à visage découvert mais risquent l’incompréhension voire le rejet de ceux qui ignoraient leur orientation sexuelle. Ils nous racontent leur vie, leur parcours difficile à cause des adultes. Leurs parents qui réagissent comme s’il ne savaient pas qu’une partie de la population est depuis toujours homosexuelle, que la frontière entre les orientations sexuelles est mouvante et pourtant, qui vont comme le père de l’un d’entre eux décider de placer leur enfant en famille d’accueil ; mais aussi l’administration complice qui envoie une assistante sociale convoquer l’adolescent pour un entretien au cours duquel on lui explique qu’il faut qu’il fasse des efforts pour son père !

Mais dans quel monde vivons-nous et à quelle époque ?

Personne n’ignore que les jeunes gays, lesbiennes et trans. ont 4 fois plus de risque de se suicider que les autres adolescents, qu’ils vont subir insultes, brimades voire agressions à l’école et dans la société en général, qu’ils risquent le rejet de leur famille et de parfois se trouver à la rue et déscolarisés, sans compter que le regard des autres génère une mésestime de soi qui peut produire des effets psychologiques désastreux.

Entendre des collégiens répondre aux militants qui rencontrent une classe pour sensibiliser contre l’homophobie que « s’ils étaient homo ils ne le diraient pas car ils en auraient trop honte » est terrifiant ! Sommes-nous dans les années 50 au fin fond d’une campagne reculée ? Non hélas et n’importe où en France, il y a fort à parier que nombre de collégiens répondraient exactement de la même façon !

Cet excellent reportage qui avait pour but de parler du coming out des jeunes homos afin de faire le point, aboutit à un constat particulièrement attristant et surtout révoltant.

Qu’attendent donc les pouvoirs publics pour agir et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour combattre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie et leurs corollaires, le sexisme tout aussi destructeur à l’égard des filles et des femmes et l’hétérosexualité normative qui détruisent chaque jour tant de jeunes, au minimum, compromettent fortement leur avenir.

L’éducation nationale porte une lourde responsabilité dans ce domaine, pas de programmes luttant clairement contre le sexisme ni les LGBTphobies, tant de références (manuels scolaires, ouvrages…) imprégnés de valeurs sexistes et homophobes, tant d’enseignants homophobes ou à l’inverse qui craignent d’être associés à l’homosexualité s’ils abordent ces sujets ; ça ne peut plus durer.

Le Centre LGBT Paris IdF n’est pas seul à considérer qu’il est bien de la responsabilité de la société toute entière de s’engager pour évoluer vers une société de respect mutuel des différences.

Tant que des adolescents subiront de telles violences, nous vivrons dans une société qui n’a de civilisé que le nom.

Pour le Centre LGBT Paris IdF
Christine Le Doaré, présidente


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