mercredi 17 novembre 2010
La condamnation frappant un homosexuel séropositif pour avoir transmis le VIH à son partenaire met en évidence les conséquences des lacunes de la prévention, bloquée par le ministère de la Santé, estime theWarning.
Communiqué de presse - theWARNING Paris - 16 novembre 2010
Le tribunal correctionnel de Besançon vient de condamner un homosexuel séropositif pour avoir transmis le VIH à son partenaire. Cela fait six ans que Warning interpelle régulièrement les pouvoirs publics sur cette question. Les procès d’abord intentés à leur partenaire séropositif par des femmes et des hommes hétérosexuels, le sont aujourd’hui par des homosexuels puisque l’un d’entre eux vient d’obtenir à son tour la condamnation de son partenaire séropositif.
Le procès de Besançon met en lumière des points essentiels de compréhension. L’homme incriminé n’aurait pas osé dire à son partenaire séronégatif qu’il était séropositif après avoir effectué un test de dépistage. Ce procès confirme ce que toutes les enquêtes montrent depuis plus de quinze ans : les personnes séronégatives vivant en couple arrêtent d’utiliser le préservatif dès que la relation devient stable. Cette « norme » impose une contrainte terrible aux personnes séropositives alors même qu’existe un fort degré de discrimination et stigmatisation à leur égard. Il s’agit ici de comprendre pourquoi le contexte de la conjugalité, gay en l’occurrence, complique la situation des couples qui sont ou passent en situation de sérodifférence. En effet, comment arriver à dire sans crainte son statut sérologique quand le risque premier est directement celui du rejet et la fin de la relation amoureuse. Certains se prennent les pieds dans le tapis et la justice frappe ensuite. Depuis longtemps, Warning réclame des campagnes d’information intelligentes en direction des couples pour encourager le dialogue entre partenaires, mettre la connaissance du statut sérologique au centre des pratiques et pour que le devoir de protection ne devienne pas un devoir de divulgation à charge des seules personnes séropositives. Nous réclamons aussi qu’une information franche et sincère soit diffusée sur le fait que les traitements anti-VIH réduisent au même titre que l’usage du préservatif le risque de transmission du virus, ce qui permet d’élargir l’éventail des stratégies de prévention, mieux à même de répondre aux besoins de chacun, notamment des couples sérodifférents. Avec ces éléments, le regard sur la séropositivité, sur les séropositifs, la situation amoureuse de ceux-ci et celle de leurs partenaires, la capacité de négocier la prévention, pourraient grandement changer, permettant d’éviter des situations amenant à des procès. Il est facile à comprendre qu’une personne séropositive oserait plus facilement évoquer son statut sérologique à son partenaire si elle savait qu’en démarrant un traitement anti-VIH efficace, le risque de transmision à son partenaire diminuerait considérablement. Mais ces campagnes sont bloquées par le ministère de la Santé.
Comparée à la Suisse la situation française est accablante. Alors qu’en Suisse il existe un discours public sur le fait que le risque de transmisison du VIH devient négligeable chez les séropositifs traités efficacement et que les tribunaux ne condamnent plus une personne séropositive sous traitement avec charge virale indétectable, rien n’a été fait en France par le ministère de la Santé pour informer à ce sujet et changer le regard sur les séropositifs. Pour Warning c’est le ministère de la Santé qui aurait dû être dans le box des accusés à Besançon et être condamné pour son inaction.
Pour plus d’information sur l’effet préventif des traitements et le nouveau paradigme de prévention :
« Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle », Vernazza P, Hirschel B, Bernasconi E, Flepp M., Bulletin des médecins suisses, 2008. http://www.thewarning.info/spip.php...
« Avis sur l’intérêt du traitement comme outil novateur de la lutte contre l’épidémie d’infections à VIH », Conseil national du sida, 2009. http://www.cns.sante.fr/spip.php?ar...
« Prévention et réduction des risques dans les groupes à haut risque vis-à-vis du VIH et des IST », France Lert, Gilles Pialoux, 2009. http://www.vih.org/20100112/nouvell...