mercredi 14 avril 2010
Si le Pape n’intervient pas pour contredire les propos haineux tenus par son bras droit, il n’y aura plus de doute sur la position officielle et haineuse de l’Eglise catholique à l’égard des homosexuels.
communiqué SOS Homophobie - 13/4/2010
En visite le 12 avril au Chili, le cardinal Tarcisio Bertone, numéro deux du Vatican, a expliqué que les multiples scandales de pédophilie qui ont éclaté au sein de l’Eglise catholique ne sont pas le fait du célibat des prêtres, mais liés à l’homosexualité supposée de certains : "De nombreux psychiatres et psychologues ont démontré qu’il n’existe pas de relation entre le célibat et la pédophilie, mais beaucoup d’autres - et on me l’a dit récemment - ont démontré qu’il existait un lien entre l’homosexualité et la pédophilie. La vérité est celle-ci et le problème, c’est cela", a déclaré le secrétaire d’Etat du Vatican à une radio chilienne. Ou comment, en une affirmation péremptoire, infondée et scandaleuse, revenir cinquante ans en arrière.
SOS homophobie demande en premier lieu au cardinal Bertone de fournir les noms de ces soi-disant "nombreux psychiatres et psychologues" qui nourrissent un tel amalgame. A ce jour, aucune étude scientifique n’a permis de "démontrer qu’il existe un lien entre homosexualité et pédophilie", et aucune ne le fera : pourquoi est-ce qu’une sexualité plutôt qu’une autre serait liée à la pédophilie ? Où trouve-t-on un lien logique entre homosexualité et pédophilie ? En l’absence d’un quelconque élément scientifique qui permette d’étayer ces déclarations honteuses, nous assistons ici à une campagne de désinformation, qui n’a d’autre effet que de stigmatiser une catégorie de la population.
SOS homophobie est outrée, alors que l’homosexualité n’est plus un délit depuis 1982 en France et ne figure plus dans la liste des maladies mentales de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 1995, de constater que l’on assimile aujourd’hui encore les homosexuels à des criminels, et que l’on en appelle à des scientifiques pour légitimer de tels propos.
Le cardinal Bertone, en déclarant que la pédophilie est intrinsèquement liée à l’homosexualité, lance un appel à la haine. SOS homophobie s’interroge sur le rôle de l’Eglise catholique et sa lecture des textes qui en fondent le dogme : son rôle est-il bien d’alimenter l’hostilité envers un groupe de personnes qui n’a rien commis d’illégal ? Pourquoi continuer à attaquer les homosexuels, qui ne demandent rien d’autre que le droit de s’aimer librement sans être en permanence accusés de délit, de crime, de maladie mentale ? Encore en 2010, les raccourcis simplistes et vindicatifs semblent bel et bien confortablement installés dans les esprits du Vatican.
SOS homophobie voit ici une façon pour l’Eglise catholique de se déresponsabiliser du laxisme dont elle a fait preuve dans la condamnation des affaires de pédophilie qui ont lieu en son sein, et une tentative plus que malheureuse de chercher un bouc-émissaire extérieur, sans prendre ses responsabilités. Cette tentative est cependant tellement grotesque qu’elle perce au jour la pensée rétrograde qui la gouverne.
SOS homophobie demande aux catholiques français à exprimer leur rejet de ces déclarations, et aux responsables du Vatican de se désolidariser du cardinal Bertone, en prenant les mesures nécessaires pour qu’il ne soit plus au poste qui est actuellement le sien. Mais si le pape Benoît XVI n’intervient pas pour contredire les propos haineux tenus par son bras droit, il n’y aura plus de doute sur la position officielle et haineuse de l’Eglise catholique à l’égard des homosexuels.