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Idaho 2010 et 2011 : coup de projecteur sur les religions

date de redaction lundi 19 octobre 2009


Dans un courrier circulaire, Louis-Georges Tin, président du Comité de la Journée Mondiale contre l’Homophobie (IDAHO), annonce quel thème sera retenu pour les deux années qui viennent.


courrier circulaire du Comité IDAHO - 17/10/2009

Bonjour à toutes et à tous

17 octobre ! Nous voici à à sept mois de l’IDAHO, exactement. A
partir de cette année, nous travaillerons sur des campagnes de 2 ans,
car il faut une année pour semer, et une année pour récolter. Dès lors,
en 2010 et en 2011, la Journée mondiale contre l’homophobie et la
transphobie portera sur le thème suivant : « Religions ».

Pourquoi ce thème ?

Dans le monde entier, les violences transphobes ou homophobes sont
souvent commises par des personnes ou des groupes fanatisés qui
utilisent les croyances religieuses pour justifier leurs actes. Ces
attitudes concernent la plupart des religions. Il ne serait que trop
aisé de multiplier les exemples mettant en cause des catholiques, des
protestants, des orthodoxes, des musulmans, des juifs, des hindous, des
animistes, etc. Ces dispositions nuisent évidemment aux personnes LGBT
en particulier (lesbiennes, gais, bi et trans), et aux droits humains
en général, mais elles nuisent également à la cause des croyants, qui
se discréditent eux-mêmes, chaque fois qu’ils gardent le silence sur
ces forfaits que d’autres commettent en leur nom.

Du reste, cette violence n’est pas le fait que des croyants. Même
chez les personnes agnostiques ou athées, les traditions religieuses
laissent souvent des habitudes de pensée, qui les poussent à des
jugements et à des actes qui portent atteinte à la dignité, à la
sécurité, et parfois à la vie des lesbiennes, des gais, des bi et des
trans. Or, loin d’être un phénomène du passé, promis à une extinction
progressive, cette violence d’inspiration (soi-disant) religieuse
constitue un phénomène constant, voire croissant dans certains pays,
qui interpelle nécessairement celles et ceux qui combattent pour les
droits humains.

Comment amorcer un dialogue avec les responsables religieux « 
modérés » ?

Les leaders religieux ne sont pas nécessairement tous homophobes ou
transphobes -cela va de soi. Il s’agit donc de rallier à notre cause
ceux qui sont susceptibles de soutenir peu ou prou la cause LGBT. Ce
dialogue, qui ne pourra s’établir qu’avec les croyants « modérés »,
doit rassembler les ONG LGBT, les institutions religieuses, et a
fortiori les associations religieuses LGBT, mais aussi les ONG
représentant les laïcs ou libres penseurs, sans oublier les pouvoirs
publics, qui ont la charge de la sécurité et des libertés publiques,
fortement mises à mal lorsque les violences homophobes ou transphobes
sont commises au nom d’un dieu, quel qu’il soit.

Evidemment, beaucoup de traditions religieuses proscrivent et
condamnent le travestissement ou les relations sexuelles entre
personnes de même sexe. Mais ici, on demande aux leaders religieux non
pas ce qu’ils pensent de l’homosexualité ou de la transidentité, on
leur demande (chose bien différente), ce qu’ils pensent de l’homophobie
et de la transphobie, en particulier lorsqu’il s’agit de violences
mises en œuvre au nom de préceptes religieux. S’ils s’y opposent,
qu’ils le disent, clairement, fortement, et avec les associations LGBT
et celles qui œuvrent pour les droits humains. S’ils ne disent rien,
ce silence risque fort d’être interprété comme une sorte de complicité
silencieuse, fort dommageable pour leur propre respectabilité. Ce
renversement de perspective, de l’homosexualité à l’homophobie, de la
transidentité à la transphobie, pourrait s’avérer extrêmement fructueux
pour la mise en œuvre de ce dialogue. Il s’agit donc non pas d’aller
sur le terrain de la théologie, mais plutôt de demander aux théologiens
et aux croyants de se placer sur le terrain des droits humains, qui
nous concerne tous.

Quelle stratégie adopter ?

Au niveau international, notre stratégie consiste à reprendre la
Déclaration à l’ONU en décembre dernier, mutatis mutandis, texte
minimal portant sur la pénalisation et les violences physiques à
l’encontre des personnes LGBT. Ce texte pourrait être porté par les ONG
qui le souhaitent, diffusé par les médias, notamment confessionnels, et
l’on pourrait demander à des leaders religieux de tous horizons d’y
apporter leur soutien. Après tout, le porte-parole du Vatican s’est
prononcé contre la pénalisation de l’homosexualité lors de la campagne
à l’ONU en 2008 ; le Dalaï Lama a déjà exprimé des positions gay
friendly par le passé, et Mgr Desmond Tutu avait signé la pétition
IDAHO « pour une dépénalisation universelle de l’homosexualité ». Ce
texte minimal et les soutiens exprimés pourraient être diffusés à
l’occasion du 17 mai 2010. Dès lors, il faudrait aboutir d’ici le 17
mai 2011, à un congrès mondial, qui réunirait des leaders religieux de
haut niveau, prenant position fermement contre l’homophobie et contre
la transphobie. Ainsi, si l’on arrive à fissurer le bloc uni que
présentaient jusqu’ici les religions dans les instances
internationales, on pourra peut-être encourager certains Etats,
jusqu’alors réticents, à soutenir à l’ONU le combat contre les
violences faites aux personnes LGBT.

Au niveau national, à l’occasion de l’IDAHO 2010, il faudrait donc
que, dans un maximum de pays, soient organisés des congrès sur le même
sujet, « religions, homophobie, transphobie ». Ces rencontres
pourraient être organisées avec le soutien des autorités publiques, et
auraient pour but de poser le problème, d’obtenir si possible des
engagements, même minimaux, et de préparer la rencontre internationale
qui aurait lieu à Paris, l’année d’après, à l’occasion de l’IDAHO 2011.
Celle-ci aurait pour but de recueillir les travaux et les engagements
pris au niveau national l’année précédente, et de leur donner une
portée internationale. Le Comité IDAHO organisera donc cette
conférence, si posible, à l’Assemblée nationale.

Pour l’heure, nous demandons donc aux associations LGBT de
France d’interpeller les médias et responsables religieux de leurs
régions respectives, d’engager le dialogue avec eux, de les amener à
pendre des positions plus ouvertes, et nous invitons les associations à
faire toutes les actions, débats, manifestations, expositions,
projections de films, célébrations religieuses, etc. qui permettraient
de faire avancer la lutte contre la transphobie, la biphobie, la
lesbophobie et l’homophobie d’inspiration religieuse.

Cordialement

Louis-Georges Tin
Président du Comité IDAHO


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