Accueil > Actualités > VIIIèmes Rencontres nationales INTER CENTRES LGBT

VIIIèmes Rencontres nationales INTER CENTRES LGBT

date de redaction jeudi 17 juillet 2003


Relevé de conclusions. Trois nouveaux CGL déplorent le désengagement général des D.D.A.S.S. et des C.R.A.M. sur les questions LGBT et VIH.


communiqué Inter Centres LGBT - 17 juillet 2003

 L’INTER CENTRES LGBT (Alliance des Centres lesbiens, gais, bi & trans de France et de leurs Membres associés) rassemble les acteurs sociaux généralistes et de terrain du tissu associatif LGBT national. Dans toute la France, ses Membres gèrent des locaux ouverts à tout public concerné par les questions relatives à l’orientation affective et sexuelle ou à l’identité de genre. Leur compétence est, au quotidien, d’accueillir, d’écouter et d’orienter des personnes en situation d’interrogation, de difficulté ou de détresse.

 Les Rencontres nationales INTER CENTRES LGBT se tiennent régulièrement depuis 1998. Après les VIIèmes Rencontres tenues à Lille en décembre 2002, les VIIIèmes Rencontres se sont tenues à Paris ces samedi 12 et dimanche 13 juillet 2003. L’INTER CENTRES LGBT souligne la convivialité exceptionnelle de ces Rencontres qui ont réuni plus de quarante participant-e-s venu-e-s de toute la France. L’INTER CENTRES LGBT remercie Dominique Boren et Claude Chantereaux, Co-Présidents du CGL Paris (Centre lesbien, gai, bi & trans de Paris et Île-de-France), de leur accueil. L’INTER CENTRES LGBT remercie Sida Info Service et Natacha Taurisson, ancienne Présidente de l’Association du syndrome de Benjamin, pour leurs contributions décisives à l’organisation de ces Rencontres.

 Lors de ses VIIIèmes Rencontres, l’INTER CENTRES LGBT a titularisé trois de ses Membres associés qui sont donc devenus Centres LGBT à Toulouse et à Reims. Elle compte désormais dix Centres LGBT : Arc-en-ciel 31 (Centre LGBT Toulouse), le CGL Nîmes, le CGL Paris, le CGL Rennes, Couleurs Gaies (Centre LGBT Moselle), Ex Æquo (Centre LGBT Reims), le FGL Lyon, J’En Suis, J’Y Reste (CGL Lille), Quazar (Centre LGBT Angers) et Reims Liberté Gaie (Centre LGBT Reims). Deux autres Centres LGBT devraient voir le jour d’ici la fin de l’année au Mans et à Tours.

 L’INTER CENTRES LGBT a également admis sept nouveaux Membres associés :

un nouveau Membre associé, Association affinitaire : Alter Égaux (qui portera un projet de Centre LGBT inter-associatif à Nancy) ;
un nouveau Membre associé, Correspondant local : Mimi Chiola (qui s’efforcera de susciter la création d’un Centre LGBT à Nice) ;
et cinq nouveaux Membres associés, Observateurs : Agayri Sud-Est (Romans-s/-Isère), l’Aisne Gaie (Soissons), Arc-en-ciel 28 (Chartres), Gay-Union (La Réunion) et Homosphère (Troyes).

 L’INTER CENTRES LGBT compte donc désormais dix Membres titulaires et vingt-et-un Membres associés.

 L’existence de deux Centres LGBT à Reims illustre le fort besoin de présence sociale engendré par la violence du contexte homophobe dans cette ville riche en assassins homophobes... Ainsi, les Centres LGBT et leurs Membres associés se sont recueillis devant la plaque commémorant l’assassinat de Brahim Bouraam à Paris par des sympathisants rémois du Front national, le 1er mai 1995, sous le Pont du Carrousel. Ex Æquo et Reims Liberté Gaie (RLG) ont fait le lien avec l’assassinat de François Chenu à Reims par des sympathisants rémois du MNR de Bruno Mégret, le 13 septembre 2002, dans le Parc Léo-Lagrange. Ex Æquo et RLG ont rappelé que les assassins du second étaient des proches des assassins du premier. L’INTER CENTRES LGBT demande que la mémoire de François Chenu soit célébrée par une plaque apposée dans le Parc Léo-Lagrange à Reims, qui mentionne le caractère homophobe de son meurtre. Le CGL Paris a déploré que le caractère homophobe du meurtre de Brahim Bouraam ne soit pas mentionné sur la plaque du Pont du Carrousel : cette occultation de la double dimension raciste et homophobe de son meurtre gêne le travail de mémoire et de prévention des violences homophobes. En elle-même, cette occultation est une violence homophobe.

 Pour malgré tout mener ce travail de mémoire et de prévention, l’INTER CENTRES LGBT décernera chaque année deux Prix qui lui permettront de mettre en avant, pour l’un, un-e acteur/trice régional-e ayant favorisé la meilleure intégration sociale et le meilleur épanouissement des personnes LGBT, et pour l’autre, un-e acteur/trice régional-e ayant attisé les haines et les violences à leur encontre.

 Les Centres LGBT de France et leurs Membres associés se sont inquiétés du contexte général de baisse de leurs subventionnements par les DDASS et les CRAM. Comment continuer à mener leurs programmes sociaux de soutien aux personnes touchées par le VIH, de lutte contre la sursuicidalité des jeunes LGBT ou de combat contre les violences faites aux personnes LGBT sans les fonds indispensables à ces actions ? En deux ans, le CGL Paris a vu sa subvention DDASS réduite de 90%... Le 28 février dernier, la Maison de l’homosocialité de Bordeaux a dû fermer ses portes après le non-renouvellement de ses subventions DDASS et CRAM... Aujourd’hui, ce sont les Enfants terribles de Caen qui doivent quitter leur lieu d’accueil public faute de fonds... Enfin, après avoir travaillé pendant deux ans avec Couleurs Gaies sur son projet de mallette pédagogique "Vivre ses différences", après avoir manifesté leur intérêt, après avoir exigé et obtenu des évolutions, la DDASS Moselle et la CRAM Alsace-Lorraine viennent de se retirer brutalement et sans motif... L’INTER CENTRES LGBT croit pouvoir observer que les DDASS et les CRAM ne semblent plus entièrement convaincues de la nécessité d’une action sociale et sanitaire spécifique aux publics LGBT ou en interrogation.

 L’INTER CENTRES LGBT a entendu Ex Æquo et le CGL Paris qui, pour tenter de remédier à ce désintérêt, ont rencontré la députée Christine Boutin dans le cadre de sa mission sur l’isolement et le suicide confiée par le Premier ministre le 17 avril 2003. Ils ont rappelé à Christine Boutin qu’ils n’oubliaient pas les propos violemment homophobes tenus par la députée ou par ses proches lors des débats sur le PaCS en 1998 et 1999 ("Les pédés au bûcher"…). Cependant, ils ont pris acte du mandat qui lui a été confié par le Premier ministre. Ils ont donc fait état de leur expérience quotidienne d’accueil et de soutien des personnes fragilisées (jeunes harcelé-e-s par leurs parents voire chassé-e-s de leur domicile après leur sortie du placard, adolescent-e-s insulté-e-s par leurs camarades de lycée, seniors persécuté-e-s par leur voisinage…). La députée des Yvelines s’est engagée à faire part de leur analyse au Premier ministre… sans convaincre Ex Æquo ni le CGL Paris que de réels moyens seront engagés pour lutter contre le suicide des personnes LGBT -qui mettent fin à leurs jours de cinq à dix fois plus souvent que la moyenne.

 Du suicide effectif au comportement suicidaire parfois présent dans certaines pratiques sexuelles à risque, il n’y a qu’un pas. Concernant plus précisément le barebacking (pratiques sexuelles non protégées impliquant des contaminations volontaires), il convient cependant de distinguer les pratiques sexuelles non protégées consenties ("baise sans capote"...) et les pratiques sexuelles non protégées non consenties (rapports sexuels avec des préservatifs perçés à l’insu du ou de la partenaire...). L’INTER CENTRES LGBT a entendu RLG exposer ses arguments développés début 2003 dans "l’affaire du barebacker rémois". RLG a soutenu que la notion de responsabilité partagée ne permettait pas d’apporter une réponse satisfaisante aux personnes "victimes" de contaminations volontaires : selon RLG, les contaminations volontaires doivent faire l’objet de poursuites pénales pour rendre justice aux "victimes" et pour obliger les "contaminateurs volontaires" à un suivi psychologique. L’INTER CENTRES LGBT a accueilli Gino Paveglio de Aides Île-de-France et Xavier Héraud de Act Up-Paris qui ont au contraire affirmé que seule la notion de responsabilité partagée laisse la place à une politique de prévention réellement efficace qui mette l’accent sur l’usage du préservatif et sur le dépistage précoce des contaminations. Selon eux, la responsabilité partagée ne doit pas être remise en cause, même partiellement, car elle est le dernier rempart contre la reprise des infections au VIH à l’heure où 5 à 10% des personnes traitées sont en impasse thérapeutique et où le gouvernement semble avoir renoncé à faire de la lutte contre le VIH un axe majeur de sa politique de santé publique. L’INTER CENTRES LGBT a estimé que ce débat pouvait se poursuivre en son sein et qu’elle pourrait adopter une position lors de ses IXèmes Rencontres, en février 2004.

 Dans un climat de désengagement des acteurs institutionnels, l’INTER CENTRES LGBT se réjouit que quelques élu-e-s locaux/les et quelques acteurs/trices économiques restent à l’écoute des besoins de notre société. HOMogênE, Membre associé, a ainsi rappelé la dimension civique de la "charte d’accueil et de bienvenue lesbian and gay friendly" lancée le 15 octobre 2002 avec la Mairie et avec l’Office de tourisme du Mans. Avec le recul, il apparaît que cette charte facilite le débat public sur l’insertion sociale des personnes LGBT : notamment, les établissements non-identitaires qui l’ont signée ont subi des actes homophobes qui les ont amené à prendre conscience de la violence subie au quotidien par les personnes LGBT. Suivant la voie mancelle, RLG mène actuellement avec les élu-e-s et les commerces rémois une démarche d’adaptation de cette charte. Par ailleurs, le CGL Paris étudie avec la Mairie de Paris et avec le SNEG la mise en place d’une politique d’accueil adaptée aux touristes LGBT.

 L’INTER CENTRES LGBT a salué le travail de fond mené en faveur de la constitution d’une conscience collective des populations LGBT par Mémoire des sexualités, Membre associé, Observateur à Marseille. Mémoire des sexualités est dépositaire des archives de l’INTER CENTRES LGBT.

 À l’unanimité moins une voix, l’INTER CENTRES LGBT a pris la décision de se structurer en association loi 1901. Cette décision sera effective dès qu’une majorité des Centres LGBT de France l’aura ratifiée. La structure associative permettra à l’INTER CENTRES LGBT de gagner en transparence et en crédibilité dans l’exercice de sa mission sociale au service des populations lesbiennes, gaies, bi et trans en France. Comme l’a souhaité l’ensemble de ses Membres et notamment le CGL Paris, cette structure devra permettre à l’INTER CENTRES LGBT de mener à bien des projets efficaces.

 L’INTER CENTRES LGBT a décerné le titre honorifique de Président-Fondateur honoraire à Pascal Janvier, ancien Secrétaire de l’ancien CGL Marseille Provence. Elle a décerné le titre honorifique de Membre d’honneur à Jacky Siret, ancien Président du CLG Nantes, et à François Garrido, ancien Président de l’ancienne Maison de l’homosocialité de Bordeaux.

 Les IXèmes Rencontres INTER CENTRES LGBT se tiendront à Metz en février 2004.

 L’INTER CENTRES LGBT est soutenue par le Syndicat national des entreprises gaies.

Plus d'informations :

INTER CENTRES LGBT - contact@inter-centres-lgbt.org - http://inter-centres-lgbt.org

Alliance des Centres lesbiens, gais, bi & trans de France
Fondée le 12 décembre 1998 par Pascal Janvier, Président-Fondateur honoraire
UNIR LES FORCES MILITANTES, PARTAGER LES EXPÉRIENCES


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | Infos éditeur