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Agression au bar gay l’Autoreverse de Laval

date de redaction mercredi 29 avril 2009


Quazar et la victime demandent le renvoi des quatre jeunes catholiques devant le tribunal correctionnel.


communiqué Quazar - 28/4/2009

Samedi 25 avril 2009, aux environs de 0h35, quatre jeunes, se réclamant du Mouvement de la jeunesse catholique de France (MJCS), se sont livrés à des actes de provocation sur la devanture du bar gay l’Autoreverse, en plein centre-ville de Laval. En plus d’avoir proféré des propos homophobes, ils ont violemment frappé le patron du bar.

En retraite-formation dans la région et issus d’une mouvance intégriste catholique, ces quatre jeunes sont venus coller sur la vitrine du bar des affiches de leur mouvement indiquant : « Porno ras-le-bol », « Non au révisionnisme anti-chrétien » et « Avortement, Mariage homo, Eutha-Nazi, l’État français a le regret de vous faire part du décès de la famille ». Cette dernière étant illustrée d’un cercueil. Selon le patron du bar, qui est sorti et leur a demandé de retirer ces affiches, les jeunes l’ont insulté : « Va crever, PD ».

Prenant la fuite, un des jeunes a été rattrapé par le propriétaire du bar dans une rue voisine. Alors qu’il comptait le remettre à la police, qui avait été alertée par une cliente, l’homme a été frappé par l’un des trois autres jeunes venu l’agresser. Il s’est défendu mais il a reçu des coups en plein visage. Comme si cela ne suffisait pas, ce même jeune est revenu en courant lui décochant un violent coup de poing à nouveau au visage, au point que la victime est tombée à terre et que ce jeune s’est cassé le bras. De nouvelles insultes ont été lancées à l’encontre de la victime par le présumé agresseur : « Tu vas crever du sida, PD »

Les clients du bar qui ont assisté à la scène sont intervenus pour lui porter secours et ramener au bar le jeune qui avait été stoppé dans sa fuite et qui n’a opposé aucune résistance. La victime souffre de douleurs à l’os de la pommette, de contusions et d’une plaie au-dessus de l’arcade sourcilière qui nécessitait deux points de suture.

Très rapidement interpellés par la police, les quatre jeunes ont nié avoir ciblé ce bar gay.

Le patron du bar est allé déposer plainte au commissariat contre les quatre jeunes pour les faits discriminatoires liés à son orientation sexuelle dont il a été victime, et pour entrave à l’exercice normal de son activité économique. Il a également porté plainte contre le Mouvement de la jeunesse catholique de France. Or, samedi après-midi, il apprenait que le parquet de Laval avait décidé que les quatre jeunes n’écoperaient que d’un simple rappel à la loi, le 27 mai prochain.

L’association Quazar est atterrée que de pareils actes de violence et propos homophobes puissent être perpétrés et tenus dans une ville comme Laval, où l’Autoreverse et son patron sont particulièrement intégrés. Notre association partage l’émotion des homosexuels lavallois et les assure de son soutien.

Quazar salue la rapidité et l’efficacité de l’intervention de la Police nationale dans cette affaire.

Quazar dénonce la décision du parquet de Laval de n’infliger aux auteurs de cette agression qu’un simple rappel à la loi. Il s’agit d’un mépris envers la victime et les homosexuels présents qui ont fait face à la provocation, la violence et aux injures homophobes des ces jeunes. Que n’aurait-on pas décidé au parquet s’il s’était agit d’actes racistes ou antisémites !

En prenant cette décision, Alex Perrin, procureur de la République de Laval, a minimisé les faits et volontairement méconnu l’existence d’au moins trois circonstances aggravantes. Or, en matière de procédure pénale, l’existence d’une seule de ces circonstances doit automatiquement entraîner le renvoi des mis en cause devant le tribunal correctionnel. Il est ainsi totalement avéré que l’infraction a été commise en réunion (les quatre jeunes), que des propos et injures homophobes ont été proférés en public, qu’il a été fait usage à cette occasion d’éléments matériels (affiches) et que la victime a subi un préjudice corporel.

Aussi, après étude de la plainte de la victime, et en accord avec celle-ci, Quazar va saisir le procureur de la République de Laval et le pôle anti-discrimination du parquet pour leur demander que ces jeunes soient renvoyés devant le tribunal correctionnel et répondent de leurs actes condamnables.

Quazar condamne l’attitude du procureur de la République et exige qu’il ordonne un complément d’enquête car dans cette affaire des témoins oculaires ont été volontairement ignorés. Des témoins dont les dépositions permettront de confirmer les circonstances aggravantes.

Au regard de la gravité des violences et des propos homophobes tenus, Quazar demande à Guillaume Garot, député-maire de Laval, et Eric Pilloton, préfet de Mayenne, de condamner avec la plus grande fermeté ces actes, et de tout mettre en œuvre pour que leur concitoyens ne considèrent plus les lesbiennes, les gays, les bi et les personnes trans comme des sous-citoyens, sans aucun droit.

Enfin, Quazar et la victime vont saisir Mgr Thierry Scherrer, évêque de Laval, à propos de cette culture de haine que certains catholiques pratiquent envers les homosexuels, à l’exemple de ces quatre jeunes. Nous lui demanderons qu’elles paroles il compte faire entendre au nom de la foi qui est la sienne et qui sert de justification à des actes et des propos violents et haineux.

Dans cette affaire, à l’instar des autres associations lesbiennes, gays, bi et trans de lutte contre les discriminations qui se battent au quotidien pour l’égalité des droits, Quazar et la victime ne laisseront pas la haine et l’homophobie l’emporter.

Stéphane Corbin,
président de Quazar


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