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Pas de mission sur le suicide pour Christine Boutin

date de redaction jeudi 29 mai 2003


Le Conseil de l’Inter-LGBT demande au Premier-Ministre de revenir sur
sa décision de confier une étude sur le suicide à Christine Boutin.


communiqué Inter-LGBT - 26 mai 2003

A l’unanimité, le Conseil de l’Interassociative lesbienne, gaie bi et
trans, réuni ce samedi 24 mai, a voté une décision demandant à
Jean-Pierre Raffarin de retirer la mission qu’il a confiée à Christine
Boutin sur les taux de suicide en France (cf. décision ci-dessous).

Constatant que "Christine Boutin s’est faite le relais d’une homophobie
des plus violentes, et sans doute des plus destructrices auprès des
jeunes en construction de leur identité", le Conseil de l’Inter-LGBT
estime que "la mission confiée par le Premier Ministre à Christine
Boutin est une provocation à l’égard des associations LGBT". Les
associations font remarquer que la députée " a offert une tribune
inédite à une haine homophobe qu’elle n’inscrira probablement pas dans
son rapport comme une cause de suicide".

"Privilégiant depuis toujours le dialogue avec les institutions et les
forces politiques démocratiques", le Conseil "constate qu’à certains
moments, les conditions de ce dialogue ne sont pas acceptables."

L’Inter-LGBT interviendra donc spécialement auprès du Premier Ministre,
et sollicitera le soutien d’associations qui interviennent sur la
question du suicide, pour proposer au gouvernement une approche
différente de la question, "en relançant une véritable politique de
prévention du suicide, appuyée sur des études objectives, fondée sur le
soutien au monde associatif qui intervient dans ce domaine, avec des
moyens conséquents. "

Alain Piriou, porte-parole

Décision du Conseil de l’Inter-LGBT du 24 mai 2003

L’Inter-LGBT demande le retrait de la mission confiée
à Christine Boutin par le Premier ministre sur les causes du suicide

Réunies en Conseil le samedi 24 mai 2003, les associations de
l’Inter-associative lesbienne, gaie, bi et trans demandent au Premier
ministre de retirer la mission confiée à Christine Boutin sur les
causes du taux de suicide en France.

Le suicide est aujourd’hui la seconde cause de mortalité chez les 15-24
ans et la première chez les 25-34 ans. Des enquêtes menées aux
États-Unis ont établi que, par rapport aux autres jeunes du même âge,
le risque de faire une tentative de suicide est de 5 à 14 fois plus
élevé pour les garçons gais ou bisexuels et supérieur de 40 % pour les
filles lesbiennes ou bisexuelles. Des études sociologiques concordantes
ont pu rejeter différentes hypothèses : que des troubles mentaux
seraient corrélés à une orientation sexuelle non conventionnelle, que
le style de vie des jeunes LGBT les pousserait à vivre davantage de
stress et à prendre davantage de risques. Toutes ont conclu au
contraire que c’est bien l’insertion sociale trop souvent problématique
de ces jeunes à cause de l’homophobie de la société qui explique les
risques accrus des jeunes LGBT en matière de tentative de suicide, et
non pas leur orientation sexuelle par elle-même. Les permanences
d ?accueuil ou d ?écoute de nombreuses associations lesbiennes, gaies, bi
et trans accumulent une expérience qui vient attester ces conclusions :
les discriminations fondées sur l ?orientation sexuelle ou l ?identité de
sexe ou de genre sont cause d ?un mal-être dont le suicide est une
manifestation.

La nomination de Christine Boutin est une provocation

Le 31 janvier 1999, Christine Boutin organisait une manifestation
contre le pacs. Parmi les slogans brandis par les manifestants
figuraient : « Vous êtes des animaux », « Anormaux », « Sales pédés,
brûlez en enfer », « Arrêtez de nous faire chier avec votre sida »,
« Pédés au bûcher ».
Le 3 novembre 1999, Christine Boutin défendait durant plus de 5 heures
une motion d’exception d’irrecevabilité visant à faire échouer le pacs.
Ses arguments étaient sans appel :
 "Qu ?est-ce donc que l ?homosexualité, sinon l ?impossibilité à
atteindre l ?autre dans sa différence sexuelle ? Et qu ?est-ce que
l ?impossibilité d ?accepter la différence, sinon l ?expression de
l ?exclusion ?",
 "toutes les civilisations qui ont reconnu et justifié l ?homosexualité
comme un mode de vie normal ont connu la décadence ?
 "Une société qui mettrait sur le même plan l’homosexualité et
l’hétérosexualité travaillerait à sa propre disparition et pourrait
compromettre gravement l’éducation des enfants."

Par ses propos et les manifestations qu’elle a organisées, Christine
Boutin s’est faite le relais d’une homophobie des plus violentes, et
sans doute des plus destructrices auprès des jeunes en construction de
leur identité. Quelles ont été les conséquences de son discours
discriminant, méprisant à l’égard des gais et des lesbiennes,
assimilant l’homosexualité à une anomalie dangereuse pour la société ?
On ne mesurera sans doute jamais les dégâts provoqués par son
activisme, mais une chose est sûre, Christine Boutin a offert une
tribune inédite à une haine homophobe qu’elle n’inscrira probablement
pas dans son rapport comme une cause de suicide.

Poursuivre le dialogue avec les institutions,
mais pas dans n ?importe quelles conditions

L’Inter-LGBT privilégie depuis toujours le dialogue avec les
institutions et les forces politiques démocratiques. Depuis la
formation du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin issu des élections
législatives de juin 2002, l’Inter-LGBT a été à l’initiative de
rencontres dans différents ministères, pour porter ses revendications,
engager des échanges, vérifier le niveau d’engagement des différents
membres du gouvernement, par un dialogue constructif, faisant appel à
une pédagogie souvent nécessaire.

Ce dialogue se poursuit, dans le cadre de la préparation de la Marche
des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans, pour obtenir des
engagements à la hauteur de la mobilisation attendue.

Toutefois, le Conseil de l’Inter-LGBT constate qu’à certains moments,
les conditions de ce dialogue ne sont pas acceptables. La mission
confiée par le Premier Ministre à Christine Boutin est une provocation
à l’égard des associations LGBT. L’Inter-LGBT n’attend rien de son
rapport, son auteure s’étant discréditée sur cette question. Le
gouvernement doit revenir sur cette décision :
 en retirant la mission confiée à Christine Boutin pour la proposer à
un-e autre parlementaire ;
 en relançant une véritable politique de prévention du suicide,
appuyée sur des études objectives, fondée sur le soutien au monde
associatif qui intervient dans ce domaine, avec des moyens conséquents.

Plus d'informations :

Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT)
Anciennement Lesbian & Gay Pride Ile-de-France
Association loi de 1901, membre de la Coordination Interpride France et
de l ?ILGA
courrier postal : 127 rue Amelot, 75011 Paris
e-mail : mailto:bureau@inter-lgbt.org - web : http://www.inter-lgbt.org


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