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Rassemblement contre l’homophobie à Cambrai

date de redaction vendredi 25 janvier 2008


Les Flamands Roses et les Amis des Jardins organisent des manifestations du souvenir pour dénoncer le meurtre d’un homme qui passait sur un lieu de drague homosexuelle.


Rassemblement à Cambrai le samedi 26 janvier 2008
au marché à 10h30
au jardin public à 14h30

L’homophobie tue

Alors qu’il se promenait dans le jardin public de Cambrai, dans la nuit du samedi au dimanche 20 janvier 2008, un homme a été assassiné, après avoir été invectivé de propos homophobes et roué de coups par deux agresseurs. Ceux-ci ont été arrétés et mis en examen pour « homicide volontaire en raison de l’orientation sexuelle de la victime ».

Cette personne a été tuée alors qu’elle se promenait sur un lieu de drague homosexuelle bien connu. Cette personne, présumée homosexuelle par ses agresseurs parce qu’elle se trouvait dans le jardin à ce moment-là, a donc été victime d’homophobie.

L’homophobie est la haine ou l’hostilité envers les homosexuelLEs. Elle peut prendre diverses formes, des plus insidieuses aux plus brutales : discriminations, propos vexatoires, insultes, diffamations, chantages, violences, agressions physiques, coups et blessures, viols, meurtres. Elle se manifeste aussi sous forme intériorisée : haine de soi, mal-être notamment lorsqu’on se découvre homosexuelLE, conduisant parfois au suicide. L’homophobie peut se manifester partout : en famille, sur le lieu de travail, à l’école, dans la rue, par le voisinage, etc. C’est pourquoi elle empêche de nombreuses personnes de vivre leurs désirs homosexuels au grand jour, les obligeant parfois à se mettre à l’abri du regard et du jugement des autres, toutefois au risque de harcèlements, d’agressions, au péril de leur vie. Les lieux de drague homosexuelle, comme les jardins publics la nuit, peuvent le leur permettre. Ces lieux ont existé à diverses époques, tout comme l’homophobie.

Par exemple, pendant la seconde guerre mondiale, les nazis ont déporté des hommes et des femmes parce qu’ils ou elles étaient homosexuelLEs. Nous savons que Pierre Seel, victime française de cette déportation, fut arrêté par la gestapo pour homosexualité, parce qu’il avait signalé quelques mois plus tôt qu’on lui avait volé sa montre dans un parc et que la police avait rajouté à sa déposition la mention que ce parc était fréquenté par des homosexuels.

Nous aussi, nous marchons dans les jardins la nuit. Nous y rencontrons des personnes au comportement homosexuel même si elles nous parlent de leur vie hétérosexuelle. Nous y rencontrons des casseurs de pédés. Nous y rencontrons la police qui procède souvent à des contrôles d’identité, ou verbalise pour outrages à la pudeur. Nous y rencontrons aussi des membres d’autres associations luttant contre l’homophobie et/ou les Infections Sexuellement Transmissibles. Pourtant depuis la loi sur le « racolage passif », la police rend le travail de ces associations de prévention de plus en plus difficile.

Les pouvoirs publics cherchent souvent à vider les lieux de drague homosexuelle. Sous prétexte de sécurité ou de « mauvaises fréquentations », ils prennent des mesures de dissuasion et d’éloignement des centres-villes, par exemple en intensifiant les contrôles de police ou en supprimant la strate arbustive des parcs et des jardins. Mais cela ne consiste-t-il pas uniquement à déplacer ce qui les dérange ?

Nous sommes solidaires de toutes les personnes « au comportement homosexuel », souvent isolées et sans voix, subissant l’opprobre, n’osant par exemple pas porter plainte suite à une agression homophobe.

Nous nous promenons la nuit dans les jardins, dont ni l’intolérance, ni la violence, ni l’homophobie ne nous chasseront. Nous nous battons pour vivre pleinement et au grand jour aussi notre orientation sexuelle. Nous n’avons pas honte.

Nous ne laisserons pas dire que les homosexuels rendent « infréquentables » ou « dangereux » les lieux publics, comme cela est sous-entendu dans le témoignage de riverains du jardin public de Cambrai rapportés cette semaine par La Voix du Nord. Les homosexuels sont fréquentables et nous en fréquentons beaucoup qui n’osent le dire ni parfois se le dire. L’homophobie, elle, est dangereuse.

Qui était solidaire de l’homme tué à Cambrai avant qu’il ne soit victime ?

Nous rendons hommage à Antonio Paulo Sales, mort, seul, peut-être homosexuel, sûrement victime de l’homophobie.

Les Flamands Roses & Les Amis des Jardins


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