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La Sacem s’apprête à récompenser des homophobes

date de redaction jeudi 22 mars 2007


Deux chanteurs antillais qui incitent ouvertement à tuer les pédés dans leurs oeuvres sont en bonne position pour remporter les prix annuels décernés par la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.


communiqué de presse n°ANA2007/52 d’AN NOU ALLÉ ! CGL Antilles-Guyane & Outre-Mer, Association des NoirEs LGBT & de leurs amiEs en France, - 21 mars 2007

Lundi matin, An Nou Allé alertait la SACEM (Société des auteurs compositeurs
et éditeurs de musique) au sujet des listes des artistes pressentis pour
obtenir les Prix Sacem 2007 en Guadeloupe et en Martinique. En effet, deux
promoteurs de la « murder music » - cette musique de mort très rentable,
surtout présente dans le dancehall, le reggae ou le ragga, dont les
interprètes appellent ouvertement à la haine et au meurtre des personnes
LGBT (lesbiennes, gaies, bi & trans) - figurent sur ces listes : Admiral T,
nommé cinq fois dans quatre catégories en Guadeloupe, et Lieutenant, nommé
une fois en Martinique.

La Sacem a accepté de nous rencontrer d’ici la fin du mois, tout en
annonçant qu’elle ne pourrait rien faire pour éviter que des récompenses
soient attribuées à ces deux délinquants du micro, et tout en précisant
qu’elle ne pourrait pas non plus les leur retirer si elles leur étaient
attribuées. Nous avons donc, comme nous l’avions annoncé, saisi le cabinet
du ministre de la culture et de la communication qui a pris note avec
attention des circonstances de ce scandale annoncé, mais qui n’a pas
souhaité nous indiquer, à ce stade, si Renaud Donnedieu de Vabres
interviendrait.

Hier soir sur Télé Martinique, le délégué régional de la Sacem en Martinique
était interrogé sur cette chronique d’un scandale annoncé. Christian Boutant
a estimé qu’il s’agissait d’un « malentendu » puisque les titres pour lesquels
Admiral T et Lieutenant sont nommés ne contiennent pas de paroles
homophobes... Monsieur Boutant maîtrise l’art de ne pas comprendre. Admiral
T et Lieutenant n’ont plus besoin d’interpréter des titres que tout le monde
connaît dans la communauté antillaise, et qui leur assurent une solide rente
de situation. Ce que nous leur reprochons, c’est d’avoir interprété ces
titres et de ne jamais s’en être excusés. Pire même, concernant Admiral T :
il a purement et simplement dénié avoir interprété de telles horreurs !

Pouvons-nous rappeler à Monsieur Bernard Miyet, président du directoire de
la Sacem, ancien ambassadeur itinérant chargé des négociations relatives à
« l’exception culturelle » dans le cadre des négociations du GATT, que
l’homophobie et le sexisme dont Admiral T et Lieutenant abreuvent ou ont
abreuvé leurs auditoires sont des « exceptions culturelles » qu’il serait
souhaitable de ne pas récompenser ? Pouvons-nous lui rappeler qu’Admiral T
se faisait fort, dans sa chanson « Makoumé » commercialisée de 2001 à 2004, de
« brûler les pédés qui restent près de l’hôtel de ville » ? Qu’il
ajoutait, dans sa chanson « Burn Pédofil » commercialisée en 2004, qu’un
« pédophile c’est un père pédé » ? Que Lieutenant, avec ses amis D. Pleen
et Straika, interprétait encore, lors du dernier Festival culturel de
Fort-de-France le 12 juillet dernier, des paroles aussi douces et pacifiques
que : « Je bute les pédés », « Brûlez les pédés », « Saignez les pédés », « On n’a
rien à attendre de l’Europe, y’a que des homos là-bas » ?

Les Prix Sacem 2007 seront remis aujourd’hui en Martinique et le vendredi 30
mars en Guadeloupe.


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