dimanche 2 décembre 2001
Les derniers bilans publiés à l’occasion de la journée mondiale du sida montrent que l’épidémie est toujours aussi alarmante. Les autorités sanitaires renforcent leur action.
La journée mondiale du sida, qui se déroule tous les ans le 1er décembre, est l’occasion de faire le point sur l’épidémie qui frappe la planète depuis plus de vingt ans. Rapports et bilans officiels se sont multipliés ces dernières semaines. Ils sont toujours aussi alarmants et montrent une situation qui n’évolue pas favorablement. A tous les niveaux, les responsables renforcent leurs actions de prévention et placent désormais la lutte sur un terrain économique.
La situation mondiale
Le dernier rapport publié fin novembre par l’ONUSIDA annonce que le sida a déjà provoqué la mort de 20 millions de personnes, et que 40 millions d’humains sont porteurs du virus VIH. 70 % d’entre eux sont situés en Afrique, principalement en Afrique subsaharienne, où le sida est devenu la première cause de mortalité.
L’Asie et l’Europe Orientale paient aussi un très lourd tribu. L’Onusida signale l’augmentation stupéfiante des infections à VIH dans la Fédération de Russie, où le nombre de séropositifs double tous les ans depuis 1998. L’organisation mondiale signale également le cas de la Chine, où le nombre de personnes vivant avec le VIH pourrait dépasser le cap du million dans l’année.
En France
Dans nos pays nantis, le visage de l’épidémie est moins grimaçant. En France, les experts du ministère de la Santé estiment que 100 à 120.000 personnes sont séropositives, dont 25.000 environ sous traitement.
Plus grave, ils constatent à travers l’activité des centres de dépistage et les statistiques des maladies vénériennes que le nombre de contaminations, qui avait diminué entre 1996 et 1999, repart de plus belle. Les statisticiens estiment que 5.000 personnes seront nouvellement infectées au cours de l’année.
Les dernières enquêtes sur les attitudes et les comportements menées dans le milieu gay (enquête presse gay 2000) montrent un très net relâchement dans les attitudes de prévention. Ce relâchement s’observe principalement chez les jeunes de moins de 25 ans, les multipartenaires, les séropositifs et les clients réguliers des sex-clubs.
Les autorités sanitaires françaises ont pris conscience de la dégradation de la situation, et ont adapté leur plan de lutte en développant des stratégies différenciées. Dans le milieu gay, les actions viseront à remobiliser autour des enjeux de la prévention.
Au niveau mondial, les initiatives pour essayer d’enrayer le phénomène ont pris un tour plus économique. Une session extraordinaire des Nations Unies tenue en juin dernier a décidé la création d’un fonds mondial pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui devrait fonctionner à partir de l’an prochain. Il servira à diminuer les inégalités dans l’accès aux traitements entre pays pauvres et pays riches. Parallèlement, des négociations ont été entamées au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce pour faciliter la production d’anti-rétroviraux génériques.
Désormais, la lutte contre le sida passe aussi par une intervention sur l’économique. Act Up l’a bien compris, qui appelle à manifester cette année contre « l’autre guerre ». Dans un tract, l’association activiste déplore « le dixième des moyens engagés en Afghanistant aurait suffi à vaincre l’épidémie ». Et d’exiger, encore et encore, « l’accès aux traitements pour tous, une vraie solidarité internationale, une prévention sans fausse pudeur et des condiftions de vie décentes ».