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Ce que le mariage gai et lesbien fait aux normes

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date de redaction lundi 11 décembre 2006


La reconnaissance légale des couples homosexuels et des familles homoparentales et la recherche en sciences sociales


Présentation

Depuis la fin des années 1980, les batailles politiques et les transformations légales autour de la question des couples de même sexe et des familles homoparentales ont attiré une attention considérable, en Europe, en Amérique du Nord, et au-delà, à travers le monde. Mais à quel point connaissons-nous les gens dont les vies sont au cœur du débat public ? Tandis que ces couples et familles constituent un objet de recherche depuis plus d’une décennie en langue anglaise, en France, des enquêtes sociologiques et anthropologiques comparables n’ont pris de l’importance que plus récemment. Mais le savoir ne traverse pas toujours bien les frontières, même au sein de l’Europe. Ce colloque se propose de confronter les travaux scientifiques venus d’horizons nationaux différents - leurs théories, leurs méthodes, leurs résultats.

Cette confrontation devrait ouvrir des perspectives comparatives stimulantes sur plusieurs points. Comment les pratiques et les représentations de l’intimité et de la domesticité sont-elles transformées par les récents débats publics et innovations légales ? Ces transformations sont-elles semblables d’un pays à l’autre, ou bien sont-elles différentes en fonction des contextes nationaux ? La question ne concerne pas seulement l’homosexualité, malgré l’accent mis sur les couples homosexuels et les familles homoparentales. Plus généralement, il vaut la peine de se demander comment les enjeux concernant les minorités sexuelles peuvent affecter également les majorités sexuelles. Après tout, on peut considérer la centralité de tels débats dans la sphère publique comme une indication du fait que la (re-) définition des « marges » importe à la culture dominante.

Politiquement, les transformations en cours sont souvent envisagées soit en termes d’émancipation, soit de normalisation. Le mariage homosexuel est censé libérer les gays et les lesbiennes, ou bien civiliser les « queers ». Les familles homoparentales sont tour à tour célébrées et dénoncées, qu’on y voit des figures emblématiques de la subversion ou du conformisme. La recherche en sciences sociales requiert sans doute un déplacement de perspective : la reconnaissance légale (et la légitimation) de l’homosexualité dans (mais aussi à travers) les couples et familles ne signifie pas la fin des normes ; il ne faut pas davantage l’interpréter comme la ruse ultime de la raison normative. Les enquêtes empiriques mettent davantage l’accent sur la manière dont sont transformés par cette évolution le contenu des normes, mais aussi la relation qu’entretiennent les acteurs sociaux à ces normes.

La recherche en sciences sociales n’est pas sans rapport avec la politique. La politisation du mariage gai et de l’homoparentalité explique à l’évidence le développement des études dans ce domaine. Toutefois, malgré l’implication fréquente des chercheurs dans ces batailles, l’enquête sociologique et anthropologique ne saurait être simplement le reflet des programmes politiques. Les sciences sociales ne se contentent pas de répondre aux questions qui leur sont posées par les institutions, non plus que par les militants ; elles les reformulent. Cette reformulation est l’objet de notre colloque, manifestant ainsi comment le savoir est bien ancré dans la politique, et en même temps comment sa contribution la plus précieuse n’est pas tant d’apporter des réponses que de soulever de nouvelles questions.

Organisation :

Virginie Descoutures (Cerlis CNRS-Paris 5) Marie Digoix (INED) éric Fassin (GTMS-ENS), Wilfried Rault (INED)

Renseignements

Plus d'informations :

Ecole normale supérieure
45 rue d’Ulm
Paris Ve
salle Dussane
 Contact :


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