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Journée internationale à la mémoire des personnes transgenre assassinées

date de redaction mardi 21 novembre 2006


Trois associations adressent une lettre ouverte à l’Etat français, et notamment à ses administrations sanitaires et médicales.


Lettre ouverte à l’État Français, et notamment à ses administrations sanitaires et médicales

Aujourd’hui, le 20 novembre, on fête la Journée Internationale à la
Mémoire des Personnes Transgenre Assassinées, aussi appelée TDoR,
célébrée par des centaines de commémorations à travers toute la planète.
Nous, personnes transgenre de France, nous souvenons aujourd’hui de nos
confrères et consœurs assassinéEs dans des crimes de haine, mais nous
nous souvenons aussi des conditions qui les ont forcéEs à vivre une vie
dangereuse : discriminations, exclusion, précarisation, conditions dans
lesquelles les États ont une très grande partie de responsabilité, par
leur refus systématique d’accepter notre différence dans des conditions
dignes des Droits de l’Homme.

En France, ce sont tout particulièrement les administrations sanitaires
et médicales de l’État qui participent à la mise au ban des personnes
transgenre : on nous traite de « malades mentaux », on nous impose
illégalement des « protocoles » médicaux relevant d’une véritable
maltraitance autant psychiatrique que physique, on refuse, en toute
illégalité, de prendre en charge nos soins médicaux, on nous force à
l’exclusion sociale par le refus de changer nos numéros de Sécurité
Sociale en fonction de notre identité sociale visible... Démarches
ouvertement discriminatoires qui sont la cause directe d’un énorme taux
de précarité sociale parmi les personnes transgenre de France.

Et comme par hasard, aujourd’hui même, le 20 novembre 2006, se tient en
région parisienne une rencontre « convoquée » par la Haute Autorité pour
la Santé (HAS, ex-ANAES), où les « parcours » d’un panel de « patients »
transgenre sont « examinés » par des soi-disant spécialistes, ceci sans
aucun doute afin d’en tirer des recommandations de « protocoles » médicaux
à nous imposer dans le futur. Cette rencontre s’est préparée quasi en
secret et dans l’opacité la plus totale quant à la sélection des
personnes que la HAS veut bien condescendre à « examiner » (p.ex.
exclusion d’office des responsables des groupes d’entraide transgenre de
France) : voilà une opération de type « nuit et brouillard » dont les dés
sont à l’évidence pipés d’avance et dont le résultat devrait donc être
sans surprise car connu d’avance par la HAS, et par elle seule. Bref, il
s’agit une fois de plus d’une marque de pur mépris de l’État Français
face à ses citoyenNEs transgenre en besoin de soins et de reconnaissance
sociale, citoyenNEs dont le nombre est tout de même estimé à au moins
60000 à travers le pays. Et imposer comme date de cette rencontre le 20
novembre, le seul jour de l’année où les personnes transgenre ont
l’occasion de parler d’une seule voix internationale de leurs
souffrances et besoins de vie en liberté, relève d’un cynisme grotesque,
perçu comme une provocation par toutes les personnes transgenre de
France.

Au nom des victimes transgenre, et au nom de toutes les personnes
transgenre qui vivent ici et maintenant dans la souffrance sociale et
l’exclusion, nous exigeons d’urgence de l’État Français :

 d’abolir immédiatement toute psychiatrisation imposée, en toute
illégalité, aux personnes transgenre, ainsi que tous les « protocoles »
médicaux ou « standards de soins » imposés à leur encontre ;

 de poursuivre pénalement tout abus, autant psychique que physique ou
sexuel, commis par un médecin lors de soi-disant « expertises » de
personnes transgenre, p.ex. lors de leur procédure de changement d’état
civil ;

 de garantir le libre choix de nos médecins, tel que défini par la Loi
en vigueur ;

 de garantir l’application du remboursement croisé des soins entre
l’étranger et la France, tel que défini par la Loi en vigueur ;

 de décréter le changement du numéro de Sécurité Sociale sur simple
demande, afin de ne plus exclure les personnes transgenre du marché de
l’Emploi ;

 de décréter, pour la même raison, le changement d’état civil sur
simple auto-déclaration, sans procédures médicales ou juridiques
imposées, procédures contraires aux Droits de l’Homme ;

 de prendre, en accord avec les groupes d’entraide transgenre de
France, des mesures de formation des professions médicales et
paramédicales à l’accueil des personnes transgenre ;

 d’instaurer enfin une vraie collaboration entre autorités et groupes
d’entraide transgenre, et ceci directement au niveau ministériel, pas à
des niveaux subalternes ;

 de mettre enfin en place une vraie politique de prévention de la Haine
de la Différence, contre la transphobie autant que contre l’homophobie,
afin que cessent les agressions et assassinats de personnes transgenre
et homosexuelles.

Il y va de la santé et de la vie de bon nombre de citoyenNEs. Il y va du
respect de la déontologie médicale, actuellement bafouée très
régulièrement dès qu’il s’agit de personnes transgenre. Il y va de la
lutte contre l’exclusion dont nos éluEs parlent tant sans pourtant agir.

Et il y va aussi de la crédibilité d’un État qui se veut républicain et
qui se proclame « pays de Droits de l’Homme » : ces droits commencent par
le droit des citoyenNEs à l’auto-détermination, et par la protection, et
non pas discrimination, de toutes les minorités sociales.

Mesdames et messieurs les éluEs et fonctionnaires, assumez les
responsabilités de vos fonctions ! La Loi vous oblige à rendre des
comptes aux citoyenNEs, et les citoyenNEs vous jugeront sur vos actes.

Le 20 novembre 2006

Support Transgenre Strasbourg (www.sts67.org)
Trans Aide (www.trans-aide.com)
Entraide Transgenre Tours (http://ett37.sts67.org)


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