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Décès de Coccinelle

date de redaction vendredi 13 octobre 2006


Jacqueline-Charlotte Dufresnoy, est
décédée le 9
octobre 2006 à l’âge de 75 ans. Elle a été la première transsexuée
homme-vers-femme française a être publiquement visible.


communiqué de presse
Support Transgenre Strasbourg
Trans Aide
TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg - 12/10/2006

Jacqueline-Charlotte Dufresnoy, dite Coccinelle, est
décédée le 9
octobre 2006 à l’âge de 75 ans. Première transsexuée
homme-vers-femme
française à être publiquement visible, "out and
proud", visible et
fière, comme nous dirions aujourd’hui, et ceci dès les
années ’50, elle
était une pionnière à ce titre. Elle fonda aussi une
des premières
associations d’entraide pour personnes transsexuées,
démontrant par là
qu’il est possible de "s’en sortir" par la solidarité
quand on est
trans’.

Son époque était très rude envers toute personne
considérée comme
"anormale", et Coccinelle survécut avec bravoure à
tous les scandales
publics que déclencha son choix d’être simplement
elle-même sans se
cacher honteusement dans un placard pour autant.

Son époque est aujourd’hui révolue, et certaines
choses ont changé,
d’autres non :

Ce qui a changé avant tout, c’est la conscience qu’ont
de nos jours les
personnes trans’ de leur identité, de leurs droits, et
de la
responsabilité de la société et de l’État dans leurs
trop fréquentes
souffrances. Des décennies de luttes militantes,
notamment à la suite
des événements de Stonewall en 1969, ont aidé cette
prise de conscience.

Ce qui a également changé est la qualité de la vie
sociale des trans’ :
aujourd’hui, nul besoin de se cantonner aux emplois de
music-hall quand
on est trans’, ni d’être obligatoirement
hétérosexuel(le) et de se
marier, ni même de subir obligatoirement une chirurgie
génitale afin
d’être socialement reconnu(e) sous sa véritable
identité de genre. Aux
oubliettes l’essentialisme des temps passés : nous
avons aujourd’hui
conscience que les trans’ sont aussi varié(e)s et
individuel(le)s que le
reste de la société, et cela leur procure une liberté
de vie dont
n’osait même pas rêver la génération de Coccinelle.

Ce qui n’a par contre malheureusement pas évolué d’un
iota à ce jour,
c’est l’attitude de l’État Français face aux personnes
trans’ : elles
ont en 2006 autant de difficultés à changer d’état
civil que Coccinelle
en avait il y a presque 50 ans, et la maltraitance,
notamment
psychiatrique, que faisaient subir aux trans’ les
médecins des années
’50 et ’60 n’a elle aussi guère évolué depuis. L’écart
entre leur
réalité vécue de tous les jours et les discriminations
que l’État
Français continue d’exercer envers les trans’ n’en est
que plus évident
et douloureux.

Coccinelle restera dans nos mémoires individuelles et
collectives comme
une pionnière qui a prouvé que les trans’ savent aussi
bien vivre dans
la société que tout le monde. Notre génération, et les
générations à
venir, se chargeront de prouver par le vécu et par
l’action qu’elle
avait raison, tout en adaptant sa leçon afin que les
archaïsmes de
l’État Français soient enfin abolis et que les droits
égaux soient
obtenus, dans la Loi et dans les faits, pour tous/-tes
ses citoyen(ne)s,
trans’ ou non.

Que le corps et l’âme de Coccinelle reposent en paix.
Et que la
libération des trans’ progresse. Il reste beaucoup à
faire, retroussons
nos manches.


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