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Lutter contre l’homophobie ? Chiche !

date de redaction mercredi 16 octobre 2002


En visite à Troyes, Jacques Chirac a appelé de ses voeux la création d’une instance de lutte contre toutes les formes de discrimination. L’inter-LGBT prend le président aux mots.


Communiqué de presse de l’Inter-LGBT - 15 octobre 2002

Lundi 14 octobre, à Troyes, le Président de la République déclarait
dans un discours tenu devant des parlementaires et des élus locaux :
"je souhaite qu’une autorité indépendante soit créée pour lutter contre
toutes les formes de discriminations - qu’elles proviennent du racisme,
de l’intolérance religieuse, du sexisme ou de l’homophobie."
Cette
proposition répondrait à l’obligation de transcrire la directive
européenne du 29 juin 2000, qui prescrit la création d’un organisme de
promotion de l’égalité en matière de discrimination raciale et
l’étendrait à tous les motifs de discrimination, comme l’ont déjà fait
d’autres pays (Belgique, Irlande, Pays-Bas, Suède).

L’Interassociative lesbienne gaie bi et trans accueille avec intérêt
cette annonce. La surprise est d’autant plus appréciable que, jeudi 10
octobre, une délégation de l’Inter-LGBT rencontrait la Ministre
déléguée à la parité et à l’égalité professionnelle et constatait
l’absence de projet du gouvernement en matière de lutte contre les
discriminations.

L’Inter-LGBT sera attentive à la mise en oeuvre effective de l’annonce
faite par Jacques Chirac. Si une Autorité Administrative Indépendante
(AAI) est mise en place avec pour objet la lutte contre toutes les
discriminations, dont l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie,,
il faut qu’elle ait de vrais moyens pour agir. Rappelons qu’il existe
déjà des AAI qui ont des compétences en matière de lutte contre les
discriminations mais qui ne les assument pas. C’est en particulier le
cas du CSA qui, depuis juin 2000, a dans ses missions la lutte contre
la diffusion d’émissions à caractère discriminatoire, y compris
homophobes, sans n’être jamais intervenu lorsque des dérapages à
répétition avaient lieu sur certains programmes.

Enfin, l’Inter-LGBT rappelle que la création d’une telle instance doit
venir en aval de l’adoption d’une loi pénalisant les propos à caractère
homophobe. Aujourd’hui, quand il s’agit de sexisme, d’homophobie ou de
transphobie, la loi ne prévoit pas une aggravation des peines comme
c’est le cas pour les propos racistes, ni de possibilité d’agir en
justice pour les associations. Si le Président met sur le même plan et
à juste titre "racisme, intolérance religieuse, sexisme et homophobie",
ce n’est pas encore le cas dans la loi. La réformer est donc un
préalable.

L’annonce faite par Jacques Chirac, bien que semblant opportune, n’est
pas une réponse suffisante à l’éviction discriminatoire du Conseil
Supérieur de l’Information Sexuelle de l’APGL et de la CADAC. C’est au
contraire dans le dialogue et la concertation avec les associations que
le gouvernement devra mettre en oeuvre cet engagement et lui donner un
réel contenu.


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