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Le CGL de Paris écrit au ministre de l’Education nationale

date de redaction jeudi 11 mai 2006


Lettre ouverte du CGL de Paris au ministre de l’Education Nationale


Paris, le 9 mai 2006,

Objet : homophobie caractérisée à l’encontre d’un lycéen parisien.

Monsieur le Ministre,

Martin Barachin, élève parisien de 16 ans, scolarisé dans le cours privé Lafayette, a été renvoyé de son établissement après y avoir subi pendant des mois, des insultes homophobes quotidiennes.

L’adolescent, assumant son homosexualité, s’est récemment teint les cheveux en rose, provoquant ainsi un redoublement d’injures telles que « Sale pédé, va crever du sida ! ».

Aucun membre du corps enseignant n’est intervenu pour faire cesser de tels agissements, au contraire, il a même été reproché à l’adolescent d’afficher son homosexualité et l’accès aux cours a fini par lui être interdit.

N’est-il pas de la responsabilité des équipes pédagogiques de faire cesser les discriminations, le harcèlement et d’imposer le respect et la dignité des personnes, indépendamment de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de genre ?

Le Maire Verts du 2nd arrondissement de Paris s’est indigné du sort fait à l’adolescent et a insisté sur « la nécessité urgente que l’Education nationale intègre dans ses programmes le thème de la lutte contre l’homophobie et toutes les discriminations à caractère sexiste ».

Mais cette recommandation avait pourtant déjà été prise par les pouvoirs publics.

En effet, en 2001, des associations LGBT avaient tenu un colloque pour dresser le bilan de l’homophobie à l’école et dénoncer les carences de l’action publique dans ce domaine ; elles avaient notamment rappelé que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans.

Une mallette d’information sur l’éducation à la vie et à la sexualité abordait les questions de l’homosexualité, mais déjà en 2001, le constat fait par les associations était que la diffusion de cette mallette restait confidentielle.

Nous sommes en droit de nous demander quels progrès ont été réalisés depuis ?

Seuls quelques enseignants ou élèves demandent l’intervention des associations dans le cadre de manifestations contre les discriminations.

Les consignes et documents pédagogiques ministériels conçus pour lutter contre le sexisme et l’homophobie à l’école n’ont pas bénéficié de suffisamment de volonté politique pour être imposés dans les programmes de tous les établissements.

Le Centre Lesbien Gai Bi et Trans. de Paris Île-de-France s’indigne que de telles manifestations de discrimination homophobe puissent encore se produire en 2006, dans les établissements scolaires français.

Nous soutenons les associations d’étudiants telles que « Etudions Gayment », DEGEL (Debout Etudiants Gays et Lesbiennes)... dans leurs demandes de sanctions à l’encontre du lycée Cours La Fayette et d’excuses publiques faites à l’adolescent, par le Directeur de l’établissement.

Enfin, nous souhaitons attirer votre attention sur la situation vécue par tous les autres Martin, lycéens et lycéennes qui au moment où ils découvrent leur homosexualité sont en but à la violente homophobie de certains de leurs camarades et à la lâcheté déconcertante de certains de leurs enseignants.

Des instruments répressifs de lutte contre l’homophobie ont été adoptés, même s’ils ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre, mais l’éducation et la prévention sont prépondérantes car porteuses d’ouverture et de respect de soi et des autres.

Seule l’institution Education Nationale a l’autorité légitime pour faciliter la lutte contre le sexisme, la lesbophobie, l’homophobie et la transphobie à l’école, en l’intégrant aux programmes pédagogiques, de façon systématique et sur tout le territoire.

Nous vous remercions, Monsieur le Ministre, d’adopter sans tarder les mesures qui s’imposent.

Pour le Centre Lesbien Gai Bi et Trans. de Paris-île-de France,

Les présidents Christine Le Doaré et Claude Chantereaux


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