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Polémique autour du porno bareback

date de redaction mercredi 27 juillet 2005     auteur Jean-Benoît RICHARD


Act Up-Paris dénonce les diffuseurs de vidéos qui se donnent bonne conscience en diffusant une plaquette de prévention avec les produits bareback. Jacky fougeray, du Groupe Illico, récuse cette accusation.


Dans un communiqué de presse diffusé le 25 juillet, Act Up-Paris dénonce l’attitude de la société Menstore, qui diffuse des vidéos porno bareback et se donne « bonne conscience » en l’accompagnant d’une brochure de prévention intitulée Les génies du porno cosignée par des associations de lutte contre le sida, dont Act Up, des producteurs et des diffuseurs de vidéos X gay.

« Il arrive un moment où les contradictions des diffuseurs s’opposent aux impératifs de lutte contre le sida », écrit le porte-parole d’Act Up. « Comment croire à l’efficacité d’une brochure appelant à la protection quand un certain nombre de ses co-rédacteurs profite du marché bareback ? »

Act Up déclare qu’« il est plus que temps que les deux principaux diffuseurs de vidéos porno en France, Menstore et IEM, résolvent ces contradictions et prennent la mesure des enjeux. À eux seuls, compte tenu de leurs parts de marché, ils pourraient, s’ils refusaient de les vendre, stopper net toute production de films bareback. Ils s’y refusent et leur participation à l’édition d’une brochure de prévention passera pour autant de tartufferies, entre logique de profit et bonne conscience militante. Leur refus rendra également encore plus difficile une extension de la question de la prévention à l’ensemble de la production porno, notamment hétérosexuelle où l’usage du préservatif est loin d’être la règle. »

Dans un article publié sur le site internet e-llico.com (appartenant au même groupe financier que Menstore), Jacky Fougeray réfute cette argumentation : « Act Up est dans une logique "prohibitionniste". Ne plus distribuer les films bareback solutionnerait la question en asséchant le marché. C’est une illusion tant la prohibition, chaque fois qu’elle a été appliquée (que ce soit pour la drogue, l’alcool, la prostitution, etc.) a toujours conduit à l’échec ».

Le dirigeant du Groupe Illico explique « Notre politique consiste à "accompagner" un phénomène et à l’encadrer du mieux possible pour assumer notre part de responsabilité vis-à-vis des clients consommateurs de ce type de vidéos. Il n’y a là nulle "tartufferie" mais l’exercice d’une responsabilité réfléchie sur les avantages et les inconvénients de toute position qui n’est pas manichéenne mais se veut "pragmatique" ».

« La mise en cause d’Act Up a une vertu indéniable. Elle nous assigne un devoir d’explication vis-à-vis de la communauté gay. Nous avons sans doute imaginé que notre position était assez lisible sans être expliquée, argumentée, débattue. Act Up nous rappelle que tel n’est pas le cas ».

Dans les semaines qui viennent, les différents supports du Groupe Illico, magazine, catalogue et sites internet, vont entreprendre un travail d’explication de grande ampleur, annonce Jacky Fougeray. « La politique de diffusion d’un certain nombre de productions bareback que nous avons retenue il y a quelques mois est réfléchie et argumentée. Il nous faut désormais faire valoir ces arguments auprès du public. Et en débattre avec ceux, comme Act Up, qui ont des arguments contraires ».


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