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La marche de la honte de Moule-Frite

date de redaction mercredi 12 juin 2002


Moules-Frites, fédération nationale des jeunes et étudiant-e-s gays et
lesbiennes, appelle à une Marche de la Honte le vendredi 28 juin prochain, à
17h. En défilant devant le Ministère de l’Education, rue de Bellechasse (7e
arrondissement de Paris), Moules-Frites entend dénoncer la honte à laquelle
on accule les jeunes homos et pointer le silence, et parfois la complaisance
de l’institution scolaire.


Un jeune sur dix. Un jeune sur dix grandit avec la honte.
Honte de ce qu’il est, de ce qu’il croit être, de ce qu’il
entend la société dire de lui. De ce qu’il est, de ce qu’il
pourrait être. Une tafiole, une pédale, une tarlouze. Et
quand il sera grand ? Une tante plus ou moins pédophile…
Une sale gouine, une camionneuse.

Pourquoi ? Quel crime a donc commis ce jeune garçon, cette
jeune fille ? Un jeune sur dix grandit marginal du fait de
son orientation sexuelle. Ce jeune là entend dire partout,
dans sa famille, à l’école, dans la culture dominante qu’il
n’a pas le droit. Pas le droit de vivre de grandir, d’être
lui. Voué à la solitude, aux relations sexuelles éphémères,
à la marginalité sanitaire, sociale, relationnelle.

Un jeune sur dix finit par penser qu’il n’est plus qu’un
être sexuel, plutôt qu’un être humain. Pas de famille, pas
d’enfants, pas de relations stables. Non, homosexuel. Ca
veut tout dire. Ca veut trop dire. Beaucoup plus que
nous ne pouvons supporter. Nous avons perdu trop des nôtres
dans le suicide, la drogue, la prostitution, le SIDA. Nous
qui relevons la tête, un peu partout en France. Des
associations de jeunes homos qui refusent d’être
stigmatisés, insultés ou niés. Des jeunes qui demandent
justice. Des Enfants de la République qui attendent la
liberté, l’égalité et la fraternité qu’on leur a toujours
présentées comme un droit. Il est temps que la République
fasse son devoir.

La honte, c’est maintenant celle des pouvoirs publics qui
se taisent, qui laissent actes et insultes homophobes
animer les cours de récréation quand ce ne sont pas les
salles de classe, alors qu’ils savent. Ils savent la
prévalence nettement supérieure du suicide chez les jeunes
gais et lesbiennes.

La honte c’est le discours unique, hétéro normatif,
machiste et stéréotypé de l’éducation nationale, ce
discours qui laisse des jeunes sans repères,
sans estime pour eux-mêmes, sans conscience du respect
qu’ils se doivent et qui leur est du.

La honte c’est la violence homophobe à l’école, ni prévenue
dans les cours d’éducation à la citoyenneté ni sanctionnée.
Et les coups et les insultes pleuvent impunément sur tous
ceux dont l’hétérosexualité n’est pas assez clairement
établie. La honte, c’est l’absence de formation des
éducateurs qui pourraient repérer et répondre à la détresse
de jeunes homosexuels.

Nous porterons sur nous les insultes que l’école française
tolère. Oui, « je suis un sale pédé », oui, « je suis une
sale gouine ». Nous sommes en colère. Parce que nous
pouvons parler, nous irons devant le ministère de
l’Education Nationale nous taire pour lui rappeler combien
son silence et son inaction ont permis que trop de jeunes
gais et lesbiennes se taisent définitivement. Nous serons
là, dans toutes les marches des Fiertés, dans les Lesbian
and Gay Pride, symbole du rejet de la honte imposée par la
société, cette honte que l’école continue à inscrire dans
nos parcours.

Venez partager cette colère silencieuse, le vendredi 28
juin.

Plus d'informations :

moules.frites@free.fr

Infos, plate-forme de revendication : http://moules.frites.free.fr


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