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Une Saint Valentin mitigée

date de redaction mardi 22 février 2005


Au terme de la semaine de la Saint-Valentin, et alors que plus de 10 demandes de mariage
de couples de partenaires de même sexe ont été déposées dans des mairies ou vont l’être
dans les jours qui viennent, C’est l’bouquet ! dénonce le parfait arbitraire qui règne dans les
attitudes des mairies face aux couples de partenaires de même sexe. Et il faut bien dire qu’un
certain nombre de maires semblent satisfaits de cette situation.


communiqué C’est l’bouquet - 22/02/2005

Rappelons pour commencer qu’en dépit
des affirmations répétées ici et là, « le
Code Civil n’énonce pas expressément
la différence des sexes
comme condition du mariage ». Ce
n’est pas C’est l’bouquet ! qui le dit, ce ne
sont pas quelques avocats égarés et
militants, ce n’est pas non plus Noël
Mamère : c’est le tribunal de Grande
Instance de Bordeaux dans le jugement du
27 juillet 2004 ! Les uns et les autres
auront beau répéter à longueurs de
communiqués que la loi ne permet pas en
l’état actuel de célébrer de mariages entre
personnes de même sexe, il n’en restera
pas moins que le droit reste à dire en la
matière : à moins qu’ils prétendent le dire
avant les magistrats, ce qui révélerait une
curieuse conception de la démocratie, leur
affirmation n’est qu’un mensonge destiné à
habiller de vertu leur lâcheté.
Quand à la façon dont sont accueillis en
mairie les couples qui souhaitent simplement
demander, comme 300 000 autres
tous les ans, à se marier, elle ne laisse pas
de nous stupéfier.

À Bègles : un maire courageux

On se souvient qu’à Bègles, Stéphane et
Bertrand avaient rencontré un maire
courageux qui connaissait le Code Civil -
et ne s’était pas arrêté à ce qu’il en avait
entendu dire - et qui les avait mariés.

À Bagnolet, un maire finalement respectueux

On se souvient qu’à Bagnolet, en
septembre 2004, après un coup de chaud,
le communiste Marc Everbecq était vite
revenu à la raison et avait reçu Christophe
et Mehdi pour leur expliquer les raisons
pour lesquelles il avait transmis leur
dossier au Parquet, lequel, sur ordre du
Ministre de droite, s’était opposé à la
célébration de leur mariage. Les bans
annonçant la demande de mariage avaient
été affichés sur les murs de la mairie, et
pendant quelques heures au moins,
Christophe et Mehdi avaient été un couple
comme les autres. Cette attitude, si elle
manquait de panache et semblait bien
légitimiste, avait au moins montré une
certaine considération pour Christophe et
Mehdi.

Ce qui est sûr, c’est que Bègles ou
Bagnolet ne sont ni Paris ni Albi, et
que les responsables politiques qui se
battent vraiment pour l’égalité des droits
ne sont pas ceux qui le prétendent par
voies de communiqués, mais ceux qui
agissent.

Saluons d’abord l’attitude de la Maire de
Landorthe en Haute-Garonne, qui a
reçu Jean-Bernard et Jean, a enregistré
leur dossier de demande de mariage, leur
a dit combien elle soutenait leur combat.
Ce village de 750 habitants a montré plus
de considération pour les couples souhaitant
se marier que de grandes villes.

À Albi : l’homophobie au pays de Kafka !

À l’opposé, il y eut Albi où Julia et Marie,
venues seules à la mairie le 14 février, se
sont vues refuser purement et simplement
le dépôt de leur dossier. Rien d’étonnant
dans cette mairie UMP où on refuse de
célébrer les PACS. Après qu’elles ont
rappelé, une heure durant, à l’agent qui les
recevait, qu’il ne lui appartenait pas de
juger le dossier, mais qu’elle devait le
prendre et enregistrer leur demande, se
heurtant à un mur, Julia et Marie ont dû
revenir le lendemain, cette fois accompagnées
de Philippe Floriot, conseiller
municipal (Verts) : la présence de cet élu à
leurs côtés a enfin permis que l’enregistrement
du dossier... il aura fallu la présence
d’un élu pour qu’on accepte de respecter
leur droit le plus élémentaire !

À Paris, le mépris et l’arrogance...

Paris n’a évidemment pas été le théâtre
d’une homophobie si assumée : on s’y est
contenté d’une homophobie ordinaire !
Surprise de constater d’abord que les
services de la Ville avaient adressé aux
états-civils des 20 mairies d’arrondissement
une circulaire annonçant notre action et
leur enjoignant de prendre les dossiers, de
les transmettre au Procureur immédiatement,
et de surseoir à la publication des
bans... Quel zèle ! En vertu de quel article
du Code Civil au fait ? Ce qui avait
semblé naturel à M. Everbecq (la publication
des bans) semblait inacceptable dans
la capitale.

Seconde surprise : alors que C’est l’bouquet !
soucieuse de permettre à chacun de
participer à sa manière au combat pour
l’égalité des droits, avait pris le soin de
prévenir chacun des services du jour et de
l’heure où les dossiers seraient déposés,
nous avons pu constater que nous étions
attendus, certes, mais... par des agents de
sécurité (mairie du 9e arrondissement).
Aucun des maires sollicités n’avait cru bon
de recevoir les couples, comme l’avaient
fait M. Everbecq à Bagnolet, ou la maire
de Landorthe. La plus simple considéraion
pour ses administrés, qui consiste à les
recevoir et à leur expliquer en vertu de
quel article du Code Civil on refuse de les
marier (et cela aurait permis de constater
qu’il n’y a rien dans le Code Civil !) a été
refusée : les couples homosexuels n’ont pas
été jugés dignes de cette politesse élémentaire
 !

Non, à Paris, MM. Bravo et Delanoë ont
jugé plus urgent de réserver leur réaction à
la presse... Quelle politique de proximité !
Quel sens de la responsabilité ! M. Bravo
n’avait pas besoin de nous rappeler qu’il
avait été le premier maire parisien à
célébrer des PACS en mairie : c’est pour
cela, précisément, que nous avions
souhaité faire une conférence de presse en
mairie du 9e arrondissement. Nous savons
ce qu’il a fait dans le passé et nous lui
avons dit notre reconnaissance pour cette
ancienne décision. En revanche, nous
aimerions savoir ce qu’il fait dans le
présent.

D’autre part, qu’il soit dit ici que C’est
l’bouquet ! a bien entendu, depuis neuf mois
qu’il le répète, que M. Delanoë était
favorable à l’égalité des droits et au
changement de la loi. Comme sa seule
action en ce sens est d’aller par monts et
par vaux en répétant cette phrase en
boucle, C’est l’bouquet et les couples
homosexuels finissent par connaître la
chanson ! Nous aurions préféré qu’il
économise son précieux temps, et qu’au
lieu d’un communiqué pour répéter à la
presse ce qu’il disait déjà en avril 2004, le
maire de Paris se fende d’un coup de fil à
ses camarades socialistes pour leur
demander où s’est perdue la proposition
de loi annoncée pour l’automne 2004 !

Auprès des gays et des lesbiennes : l’espoir !

En dépit de ces réactions aussi courageuses
que leurs auteurs, C’est l’bouquet ! est
heureuse que cette action ait créé l’espoir
pour de nombreux couples homosexuels.
C’est l’bouquet ! rappelle que le combat sur
le mariage a déjà permis l’amélioration des
conditions de vie de nombreux couples : la
politique du TSM (Tout Sauf le Mariage)
choisie par le Gouvernement a déjà
permis l’amélioration du PACS, la pénalisation
de l’homophobie et du sexisme...
L’action de la Saint-Valentin a, elle aussi,
ouvert l’espoir pour de nombreux gays et
lesbiennes. De cet espoir sont venus
témoigner cette semaine le désir de
nombreux couples de poursuivre la
démarche initiée et de déposer, à leur
tour, un dossier de demande de mariage
dans leurs mairies. En Seine-Saint-Denis,
en Isère, dans l’Aude, à Orléans, en
Essonne... nombreux sont les couples qui
nous ont déclarés depuis leur intention de
demander à se marier.
Pendant ce temps, l’incompréhension
s’accroît entre les Français, majoritairement
favorables à l’ouverture du
mariage civil à tous les couples, les
homosexuels, qui sont nombreux à désirer
l’égalité des droits, et les hommes politiques
qui, à de rares exceptions près,
continuent d’ânonner, contre l’évidence,
que la loi ne permet pas de tels mariages,
sans en tirer aucune conséquence en terme
d’action.

À la veille du vote d’une loi historique en
Espagne, au moment où la droite canadienne
s’engage dans un combat difficile
avec courage, après que la Belgique et la
Hollande ont avancé depuis bien longtemps,
la droite Française reste à la traîne
d’une gauche socialiste bavarde.
La droite ne fait rien, le Parti
Socialiste occupe le ministère de la
Parole, les homosexuels et leurs
familles peuvent bien attendre !


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