Accueil > Actualités > Halte à la violence contre les femmes

Halte à la violence contre les femmes

date de redaction mercredi 1er décembre 2004


Pour les membres d’Amnesty International, les violences contre les femmes favorisent la propagation du VIH/sida.


communiqué de la Commission Homo d’Amnesty International - 1/12/2004

Aujourd’hui, les jeunes femmes sont nettement plus nombreuses que les
jeunes hommes à contracter le VIH/sida, car les violences dont elles sont
victimes favorisent la propagation du virus. Dans un rapport intitulé
Women, HIV/Aids and human rights (index AI : ACT 77/084/2004) et publié à
l’occasion de la prochaine Journée internationale pour l’élimination de
la
violence à l’égard des femmes, Amnesty International souligne que, du
point de vue des droits humains, le VIH/sida est une catastrophe qui, de
plus en plus, frappe les femmes.

Selon Amnesty International, « il existe un lien entre la progression
constante du virus parmi les femmes et les violences sexuelles. Si les
gouvernements veulent combattre sérieusement la maladie, ils doivent
aussi
s’attaquer à une autre "pandémie" : la violence à l’égard des femmes ».

La violence est l’un des principaux facteurs qui exposent les femmes au
risque de contracter le virus. Des études ont démontré qu’une jeune fille
subit souvent sa première expérience sexuelle contre son gré, et l’on
sait
qu’une femme sur cinq est victime de viol ou de tentative de viol dans sa
vie. Des pratiques consacrées par la tradition comme les mutilations
génitales, les mariages précoces, ou encore le fait pour une jeune veuve
d’être donnée en « héritage » à un parent du défunt accroissent également
les risques pour les femmes de contracter le virus.

Les viols en série ainsi que les violences sexuelles lors des conflits
sont à l’origine de la pandémie de VIH/sida dans des pays aussi
différents
que la République Démocratique du Congo (RDC) et la Colombie. En RDC, des
dizaines de milliers de femmes ont été violées pendant le conflit et le
système de santé s’est complètement effondré ; en conséquence, seulement
8
p. cent du sang utilisé pour les transfusions est testé. La situation au
Soudan, dans le Darfour, une région déchirée par la guerre, risque
d’évoluer de la même façon, car viols et violences sexuelles sont, là
aussi, utilisés comme arme de guerre. La plupart des femmes vivant au
Darfour ont aussi subi des mutilations génitales, un facteur susceptible
de les exposer encore d’avantage aux risques d’infection.

La réprobation sociale reste un grave problème, tant pour celles qui ont
subi des agressions sexuelles que pour les personnes qui vivent avec le
VIH/sida. Après avoir été violées, les femmes s’abstiennent souvent de
recourir à un traitement médical par crainte d’être montrées du doigt par
les membres de leur communauté et d’être victimes d’ostracisme. En
Colombie, Amnesty International a recueilli des témoignages concernant
des
groupes de personnes mises au ban de la société, notamment celles qui
sont
soupçonnées d’être atteintes du VIH/sida et qui ont « disparu », ou ont été
victimes de persécutions et de meurtres.

Selon Amnesty International, « dans de nombreuses parties du monde, la
réprobation sociale interdit aux femmes l’accès aux soins médicaux
appropriés et se traduit par leur exclusion de leur famille ou de leur
communauté. »

Quand on leur refuse le droit de devenir propriétaire ou d’hériter, le
droit à l’emploi ou à des ressources, les femmes sont contraintes de
devenir dépendantes des hommes, ce qui les place dans une position de
grande faiblesse pour faire valoir leurs droits et se protéger contre la
violence. De plus, beaucoup de femmes et de jeunes filles sont mal
informées des mesures de protection contre le VIH/sida. En Éthiopie, par
exemple, environ 80 p. cent des jeunes mariées n’ont reçu aucune
éducation
et ne savent pas lire. Afin de défendre les droits des femmes, il est
fondamental de garantir à celles-ci l’accès à une éducation qui, entre
autres choses, les sensibilise aux questions sexuelles, à la santé et au
VIH/sida.

Selon Amnesty International : « En raison de la discrimination et du
déséquilibre des rapports de force, il est plus difficile pour les femmes
et les jeunes filles de disposer d’elles-mêmes, de leur vie, de leur
sexualité, et donc de réclamer des rapports sexuels mieux protégés ». Les
femmes doivent avoir les moyens de défendre efficacement leurs propres
intérêts, affirme aussi l’organisation.

Afin de combattre la progression du VIH/sida, les gouvernements doivent
prendre des mesures concrètes pour :
 favoriser la sensibilisation au VIH/sida et garantir l’accès de tous
aux
médicaments anti-rétroviraux et aux soins appropriés ;
 mettre un terme à la violence contre les femmes ;
 veiller à ce que les femmes et les jeunes filles reçoivent une
éducation, portant notamment sur les problèmes de santé et de sexualité ;
 augmenter le pouvoir économique des femmes ;
 organiser des campagnes publiques d’information plus efficaces, afin de
combattre la réprobation sociale qui s’attache au VIH/sida.

Amnesty International ajoute que « si un gouvernement se trouve dans
l’incapacité d’assurer l’accès aux soins médicaux adéquats, il est du
devoir de la communauté internationale de lui apporter une aide
matérielle ».

Contexte

En 2003, ONUSIDA estimait à 35,7 millions le nombre d’adultes vivant avec
le VIH/sida (dont 17 millions de femmes) et à 2.1 millions le nombre
d’enfants. Les femmes représentent une proportion croissante des
personnes
contaminées. Selon ONUSIDA, les jeunes femmes sont globalement 1,6 fois
plus menacées par le VIH/sida que les jeunes hommes. En Afrique
sub-saharienne, 57 p. cent des adultes porteurs du virus sont des femmes,
et les deux tiers des jeunes séropositifs sont des jeunes filles.

Les femmes se battent de plus en plus efficacement pour défendre leurs
droits et le militantisme féminin, en particulier celui des femmes qui
vivent avec le virus du sida, s’est beaucoup développé ces dernières
années.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | Infos éditeur