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À l’heure de l’autosatisfaction et des anniversaires

date de redaction mercredi 1er décembre 2004


A l’occasion de la journée mondiale contre le sida, à l’heure de l’autosatisfaction et des anniversaires, la prévention et les
séronégatifs toujours sur la touche, estiment les membres du collectif Warning.


communiqué de presse - WARNING - 30 novembre 2004

En France et à travers toute l’Europe les homosexuels et les migrants sont
de plus en plus contaminés par le VIH et les IST. Le relâchement des
pratiques de prévention se fait dans une ambiance d’indifférence ou de
relativisation du sida. Le visage de l’épidémie a changé et le dispositif de
lutte s’adapte difficilement à la nouvelle donne.

Les chiffres fournis pas l’Institut de Veille Sanitaire nous montrent que
l’épidémie de VIH/sida est maintenant passée en France à une phase
d’incrustation dans le long terme parmi plusieurs populations vulnérables.
Ce changement n’a pas été pris en compte assez rapidement. Les conséquences
en sont brutales. Les départements français d’Amérique ont été négligés et,
par conséquent, la prévalence y est maintenant bien plus élevée qu’en
Métropole. On estime maintenant à 2% la prévalence du VIH dans la population
guyanaise. Chez les gays, le nombre de contaminations reste à un niveau très
important, mais l’attention qui y est portée est trop limitée. On sait que
51% des diagnostics VIH chez les gays concernent des contaminations
remontant à moins de 6 mois (et 62% en Ile-de-France). Mais il n’est
toujours pas possible de connaître la prévalence du VIH. On estime qu’elle
se situent entre 10 et 20% chez les gays des grandes villes. Nous avançons
dans le brouillard.

En France, si le sida n’est plus une guerre, la lutte contre le sida doit
pourtant continuer là où les contaminations se passent. Certes, le nouveau
plan stratégique 2005-2008 de lutte contre le VIH et les IST va dans le sens
d’une prévention accentuée vers les populations vulnérables, notamment
homosexuels et migrants. Mais les politiques sont, pour ce qui nous
concerne, totalement décalées par rapport aux nouvelles réalités culturelles
homosexuelles. Dans ces conditions, les bonnes intentions affichées ne
peuvent que rencontrer une faible mobilisation des organisations
communautaires et un désintérêt des médias. Les États-Genéraux d’Aides qui
ont lieu à l’occasion du premier décembre ne sont manifestement pas la
réponse qu’une grande association comme AIDES doit mettre en valeur le 1er
décembre face à la situation actuelle. Non, la place des personnes touchées
par le VIH n’est pas comme le dit son président Christian Saout, la priorité
des priorités. Le sida, c’est effectivement l’aide aux séropositifs,
l’amélioration de leur qualité de vie, mais le principal objectif d’un
organisme de lutte contre le sida est d’empêcher qu’il y ait encore plus de
séropositifs. A l’heure des anniversaires, un point complet sur les
questions de prévention ne serait vraiment pas du luxe.

Le procès de Strasbourg et le drame humain qui s’en est suivi sont là pour
nous rappeler cette importance. Hormis « Femmes positives » et Warning, la
question de la pénalisation de la contamination par abus de confiance est
passée sous silence en ce 1er décembre. Ce procès et la jurisprudence qu’il
installe sont pourtant l’ultime avatar du désintérêt pour la prévention.

L’heure est au réinvestissement des associations non seulement sur les lieux
et dans les établissements de sexe mais tout autant sur l’internet et dans
les médias. C’est là que se joue l’avenir du bien-être et de la sexualité de
notre communauté. La naissance de Pink TV est non seulement le reflet de
l’attrait des homosexuels pour l’audiovisuel mais la marque des
transformations identitaires vécues par les homosexuels. Le retour de la
recherche du plaisir sexuel comme élément essentiel de la vie, le désir de
normalisation de la vie quotidienne après deux décennies de marginalisation
dues à l’épidémie font que les homosexuels abandonnent la capote suivant en
cela la population hétérosexuelle. Que faisons-nous pour accompagner ce
retour à une normalité de vie dans un contexte épidémiologique toujours
dangereux pour toute notre communauté : séropositifs et séronégatifs, jeunes
et vieux, hards et pas hards, malades et bien portants ?

Point d’orgue, la manifestation du 1er décembre n’est pas focalisée sur cet
objectif majeur : la prévention des contaminations. L’INVS ne cesse de nous
alerter, et pourtant le thème de la manifestation est sur les coûts de santé
des malades. Et une fois de plus les homosexuels séronégatifs seront les
grands oubliés dans la démarche de visibilité de ce 1er décembre.
Aurons-nous un défilé de malades plutôt que des populations concernées par
le risque lié au VIH ? Warning ne se satisfait pas de cet abandon et
réaffirme qu’en ce 1er décembre la contamination et la prévention sont et
restent les problématiques principales.

La lutte contre le sida vient d’être déclarée grande cause nationale.
Warning qui soutient cette cause appelle à nouveau les associations de lutte
contre le sida à s’engager et mettre en place un groupe inter associatif de
réflexion et d’action pour la prévention à l’instar du TRT-5 pour les
traitements. 2005 est l’année où les associations, les nouvelles
technologies, les médias doivent être mobilisés pour moderniser la politique
de prévention. Warning sera attentif à jouer le rôle d’aiguillon dans ce
sens.

Plus d'informations :

http://www.thewarning.info


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