vendredi 22 octobre 2004
Warning commente les résultats intermédiaires des déclarations obligatoires d’infection à VIH présentés par l’INVS. Une fois de plus, l’institution pourrait mieux faire.
Communiqué de presse WARNING - 22 octobre 2004
Ce mardi 19 octobre, l’InVS a rendu public des résultats intermédiaires
sur les Déclarations Obligatoires à VIH et sida. Nous avons enfin une
analyse plus fine des données, mais l’ensemble reste décevant. Et aucune
tendance globale n’est indiquée pour 2004 au sujet de l’évolution des
contaminations.
Déclaration Obligatoire sida :
Pour la Déclaration Obligatoire à VIH (DO VIH) :
Au vu de tout ceci, nous pensons que le nombre de séropositivités
découvertes en 2003 est bien supérieur à la perspective officielle. "S’il
n’y a pas volonté de camoufler le problème, cela commence à y ressembler
fortement" déclare Denis Germain de l’association Warning. Après tout,
pourquoi se donner tant de mal pour 2293 malheureux cas et, pour les gays,
seulement 500 cas ? On se le demande. Nous devrions tous partir à la plage
comme Phèdre dans "Jamais le dimanche" de Jules Dassin et faire des pâtés en
chantant du Melina Mercouri, ce serait plus constructif.
Ce qui est masqué et pourtant primordial dans cette livraison de l’InVS,
c’est l’état de la montée en charge de la DO VIH. Cet outil a démarré
courant janvier 2003. Le premier trimestre a été négligeable (25
notifications reçues). Le nombre de notifications de contaminations a
augmenté ensuite d’environ 600 fiches chaque trimestre en 2003. Mais rien
n’est indiqué pour 2004. Quelle est donc l’évolution cette année ? Y-a-t-il
encore augmentation ou stabilisation ? A quel niveau ? L’afflux de fiches
n’indique pas vraiment le nombre total de contaminations mais permet de s’en
faire une idée et de savoir, si le nombre total de contaminations est au
delà de l’estimation habituellement fournie par l’InVS [2]. "Ca monterait
beaucoup" est la réponse évasive donnée par Caroline Semaille, épidémiologue
et responsable du dispositif à l’InVS.
Mais rien n’est officiel. "C’est affolant ! L’année dernière, l’InVS avait
pu fournir pour le 1er décembre un état des notifications reçues jusqu’à 15
jours auparavant", estime Olivier Jablonski, membre de Warning et ajoute :
"comment se fait-il que, cette année, l’InVS n’ait pas daigné fournir cette
fois-ci un chiffre global jusqu’à la fin septembre 2004, par exemple ?"
Pourtant, les indicateurs laissent craindre une deuxième vague d’épidémie de
sida en France (Syphillis, LGV, prises de risques, bareback...).
Pour le premier décembre, l’InVS doit récupérer son retard, à savoir
dépouiller et analyser le reliquat des notifications VIH reçues l’année
dernière, et, pour l’année 2004, fournir l’évolution du nombre de fiches
reçues trimestre par trimestre jusqu’à mi-novembre. Les associations de
lutte contre le sida doivent se mobiliser plus activement pour faire
pression sur l’InVS afin que la DO VIH devienne bien l’outil prospectif et
prédictif prévu, et non pas un document comptable. De la veille et pas du
constat !
Il est grand temps d’augmenter la fréquence des réunions du comité de
pilotage, de cesser de les différer et d’élargir sa composition. M.
Douste-Blazy, ministre de la santé doit s’engager à faire un audit de l’InVS
et une évaluation de la DO VIH pour qu’on puisse savoir si, oui ou non,
l’InVS a les moyens financiers et humains de sa politique de veille
épidémiologique du sida, comme du reste.
[1] Communiqué de presse WARNING, 8 juin 2004,
http://www.thewarning.info/article....
[2] Depuis 2001, l’InVS s’en tient au fait que "4500 à 5000 personnes ont
découvert leur séropositivité"