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Pétition initiée par Tetu contre Jean-Marie LE PEN

date de redaction lundi 29 avril 2002


Le mensuel gay et lesbien a rédigé un texte afin de réagir aux résultats du premier
tour de l’élection présidentielle. Il invite ses lecteurs à le signer en ligne.


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Nous sommes lesbiennes, gays, parents, amis, ou proches d’homosexuels. Nous nous battons pour l’égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels. Nous faisons partie, ou nous soutenons, des associations de lutte contre le sida.

Le 21 avril, Jean-Marie Le Pen a obtenu 4.805.307 voix, Bruno Mégret 667.123. Nous avons peur, nous sommes désespérés, nous sommes en colère.

Jean-Marie Le Pen nous veut du mal. Il y a quelques jours seulement, avant le second tour, sur l’antenne de M6, le candidat du Front national essayait de convaincre qu’il n’était pas raciste en lâchant : " Écoutez, mon personnel de maison est noir, mon cuisinier est noir, (...) que faut-il que je fasse ? Que je me marie avec un noir, homosexuel et sidaïque ? " Jean-Marie Le Pen ne dit jamais sidéen, pour désigner les malades du sida, il dit " sidaïque ". Pourquoi ? Il faut être clair : Jean-Marie Le Pen veut supprimer les homosexuels, les malades du sida, les usagers de drogue, comme il veut supprimer les immigrés. Il ne s’en est jamais caché. Dès le début de sa renaissance politique, en 1984, Jean-Marie Le Pen déclarait à la télévision : " L’homosexualité n’est pas un délit, mais (...) elle constitue une anomalie biologique et sociale " (L’heure de vérité, 13 février 1984). Quelques mois plus tard, il expliquait que l’homosexualité " conduit à la disparition du monde " (AFP, 11 juin 1984). Concernant le sida, Jean-Marie Le Pen vise clairement les homosexuels séropositifs quand il déclare en 1995 qu’il " faut distinguer les victimes innocentes et les malades de la sodomie " (France Inter, 3 mars 1995). Le 9 juillet 2000, devant les militants du Front national de la Jeunesse, Jean-Marie Le Pen attaquait un imaginaire " prosélytisme homosexuel " qui, selon lui, " entraîne la destruction volontaire des valeurs essentielles de la jeunesse, par la promotion des comportements déviants qui est devenue la morale du système ". Pour Jean-Marie Le Pen, non seulement il faut supprimer le PaCS, c’est dans son programme présidentiel, mais, s’il accédait au pouvoir, qui peut douter qu’il tenterait aussi de supprimer " une anomalie biologique et sociale " qui " conduit à la disparition du monde " ? Ce que Jean-Marie Le Pen souhaite aux gouines et aux pédés, il le souhaite à beaucoup d’autres hommes et femmes qui vivent en France, aux immigrés notamment. C’est pour cette raison que nous voterons contre lui, pour Jacques Chirac, le 5 mai prochain. Mais, au-delà de l’urgence que nous ressentons à faire barrage à l’extrême droite, une autre réalité politique nous semble importante à prendre en compte, et le plus vite possible. Cette réalité est simple : la gauche gouvernementale, et singulièrement le Parti socialiste, ne nous parle plus et ne nous entend plus. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas grand chose à espérer de la droite parlementaire, qui a combattu le PaCS et qui n’a jamais rien fait pour l’égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels en France, que la gauche doit considérer que notre vote lui est acquis. La gauche gouvernementale refuse le dialogue que les associations lui proposent depuis deux ans — même s’il est parfois contradictoire, voire conflictuel — pour améliorer le PaCS, prendre en compte la réalité de l’homoparentalité ou lutter contre l’homophobie. Et la raison de ce refus, c’est la peur de " trop en faire " pour les pédés, et d’être accusé de céder à on ne sait quelle dérive communautariste. Depuis le PaCS, la gauche considère que la question homosexuelle est réglée, que les Français " ne sont pas prêts " à aller plus loin. Alors que les responsables des partis et tous les observateurs conviennent du divorce entre les politiques et la réalité que vivent les Français, la gauche refuse notre connaissance du " terrain ", dont elle se gargarise par ailleurs. Pour les homosexuels rejetés par leur famille, réduits au silence par une homophobie sociale qui est très loin d’avoir disparue, le " terrain ", c’est leur propre vie. Le terrain de la gauche, n’est-ce pas la précarité des séropositifs qui survivent avec l’AAH et qui se la voient supprimer s’il signe un PaCS ou si leur santé s’améliore brièvement ? N’est-ce pas le taux de suicide exceptionnellement élevé des jeunes homosexuels confrontés aux préjugés ? N’est-ce pas la violence homophobe qui s’exprime, dans les paroles et dans les actes, contre les homosexuels qui ne se cachent pas ? Les responsables des partis ne peuvent pas à la fois regretter le trop faible engagement de leurs concitoyens dans la vie politique, et refuser la main tendue des associations, qui sont des forces de proposition politique à part entière. Les partis de la " gauche unie " ne parviendront pas à reconquérir les ouvriers, les employés, les chômeurs, les précaires de toutes sortes, bref, tous ceux qui devraient être ses électeurs, en tournant le dos aux femmes, aux immigrés, aux sans-papiers, ou aux homosexuels. La gauche généreuse, la gauche qui peut gagner les élections législatives, n’est certainement pas celle qui joue les sexes contre les classes en se livrant à un ouvriérisme sécuritaire éculé. Si elle s’engage dans cette voie, la gauche perdra les élections législatives. Et ce qui s’est passé le 21 avril se reproduira, en pire.

Vous pouvez signer la pétition sur le site de Tetu


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