Dimanche 30 Avril 2000
JOURNEE DE LA DEPORTATION
JOURNEE DU SOUVENIR
JOURNEE DU REFUS DE LA HAINE |
Journée pour nous souvenir, que tous les déporté(e)s,
hommes et femmes, quel que soit leur statut, quelle que soit la cause de leur
déportation, de leur internement, ont droit à la reconnaissance. Les morts ont tous la
même peau.
Journée pour nous souvenir, par-delà les années, afin que de telles
horreurs ne puissent se reproduire, afin de rester vigilants .
Journée pour nous souvenir, ensemble, au nom dune solidarité
nationale et au nom dune solidarité internationale.
Solidarité nationale : Des Alsacien(es)s, des Lorrain(es)s,
furent déportés en tant quhabitants des zones annexées. Des déporté(es)s le
furent aussi à partir de la zone Nord de la France, rattachée au commandement allemand
de Bruxelles. Ces hommes et ces femmes se considéraient Français.
Solidarité internationale aussi car beaucoup dhommes et de
femmes Allemands et Autrichiens, dès 1933, furent arrêtés et internés par les nazis,
torturés, rééduqués, exécutés.
Si lhorreur na pas de frontières, le souvenir ne doit pas
non plus en avoir. Nous honorons ici tous les déportés . Que ce soit bien clair.
Mais nous sommes ici pour rappeler des faits souvent passés sous silence. Ces morts,
homosexuels, martyrs sans nom, nous navons pas le droit de les oublier. Ce serait
les faire mourir deux fois et surtout ce serait trouver normal, juste leur extermination.
De quoi seraient-ils (elles) coupables ?
Etablir des distinctions serait créer des hiérarchies entre
déportés, par conséquent des hiérarchies entre être humains, tous victimes de
lidéologie nazie. Ce serait admettre en quelque sorte, le bien fondé de cette
idéologie.
Nous sommes ici rassemblés car la douleur, si elle nest pas pour
autant effacée en devenant collective, devient plus supportable pour celles et ceux qui
ont dû se taire. Pour celles et ceux qui, après la haine et la mort, durent affronter la
souffrance du mépris.
Ces morts qui ne seront jamais revendiqués par leurs familles ,
cest à nous de ne pas les oublier.
Patrick Briend
Texte lu au monument de la déportation, square des martyrs de
la Résistance à Rennes, lors de la cérémonie officielle du souvenir de la
déportation. |