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Convention

Homosexualités et Socialisme
par Stéphane MARTINET

27 juin 1997

L'association Homosexualités et Socialisme, fondée en 1983 par des militants socialistes homosexuels, a pour objectif d'une part de sensibiliser le Parti Socialiste français aux problèmes que rencontrent les femmes et les hommes homosexuels en France et à l'étranger, et d'autre part de mener une réflexion qui vise à transformer les revendications issues du tissu associatif en action politique. Le pluriel « d'Homosexualités » montre la conscience des fondateurs de la pluralité des sexualités et donc laisse ouvert le champ d'action de l'association.

Basée à Paris, HES compte des membres partout en France. Malheureusement, ceux-ci sont réellement dispersés et aucun groupe régional n'a encore vu le jour, ce qui constitue pourtant un objectif organisationnel. Le souhait de l'équipe dirigeante actuelle est de voir se créer de tels groupes dans les grosses fédérations PS tels celle du Nord (Lille), des Bouches-du-Rhône (Marseille), du Rhône (Lyon)...

Indépendante du parti, elle entretient des rapports réguliers et constructifs avec celui-ci. Les statuts du parti ayant évolué de façon significative depuis 1983, l'expression de notre association au moment des congrès en a été facilitée. Ainsi a-t-elle pu diffuser une contribution thématique à chaque congrès depuis 1990. Son indépendance lui permet une grande liberté d'expression mais signifie également l'absence presque totale de soutien financier. Bien heureusement, les élus parisiens nous font bénéficier de la logistique de leurs assemblées, trait commun à toute association ou groupe proche d'un parti politique quel qu'il soit en France.

Au quotidien, HES entretient des relations suivies avec le (la) secrétaire national(e) aux Questions de société. Nous lui présentons des dossiers que nous faisons parvenir parallèlement à tous les membres du Bureau national. Ces dossiers ont pour objet soit d'obtenir du Bureau national une décision, soit de le sensibiliser à un problème particulier. Certains de nos membres participent également à des commissions permanentes ou ad hoc telle la commission Hazan sur le Contrat d'Union Sociale et la commission Sida. Parmi les aboutissements récents de l'association, il faut citer la prise de position officielle du parti sur le problème de la reconnaissance de la déportation d'homosexuels alsaciens et mosellans pendant la Deuxième guerre mondiale et l'adoption du principe du Contrat d'Union Sociale.

L'association entretient, de façon moins constante jusque maintenant, des relations avec des élus nationaux ou locaux. Elle intervient auprès d'eux afin de faciliter les relations avec les associations homosexuelles locales ou afin de résorber des crises ou des problèmes. L'efficacité de cette méthode a été prouvée par les relations faciles qu'entretient l'association Egales avec la mairie de Strasbourg, dont le maire était Mme Trautmann.

De façon secondaire mais importante, car participant d'une stratégie « d'acclimatation » à long terme, HES a réussi à faire venir à la Marche homosexuelle de Paris des personnalités socialistes de premier plan. Ainsi en 1996, étaient présents Daniel Vaillant, alors n°2 du parti, aujourd'hui ministre des Relations avec le Parlement, François Hollande, alors porte-parole, aujourd'hui premier secrétaire délégué, Jack Lang, ancien ministre, aujourd'hui président de la Commission aux Affaires étrangères. En 1997, se sont présentés Jack Lang, Bertrand Delanoë, sénateur de Paris, Patrick Bloche, député de Paris. Nous n'oublions pas les autres élus moins connus et les militants socialistes non-homosexuels qui tous sont présents chaque année depuis longtemps.

Au travers de sa Lettre, HES informe les individus et les associations de l'évolution des dossiers au sein du Parti Socialiste mais aussi au sein du Parlement, et aujourd'hui des ministères.

L'association génère sa propre réflexion mais est aussi à l'écoute des autres associations et des individus qu'elle est amenée à rencontrer. Elle synthétise cette réflexion au sein d'un Manifeste qui lui sert de base pour son action quotidienne. Il ne constitue cependant pas un dogme car sur chaque sujet particulier, l'association organise des réunions de réflexion qui se concrétise par un dossier ad hoc. Celui-ci constitue ensuite le fondement d'une action précise auprès du parti ou du gouvernement.

L'ambition de l'association est, à ce jour, de voir se concrétiser les revendications qu'elle porte depuis maintenant plus de 14 ans. L'arrivée au pouvoir d'une équipe et de nombreux élus avec lesquels elle a entretenu des relations plus ou moins étroites lui permet d'espérer des résultats positifs. Elle sait néanmoins que la période s'annonce particulièrement laborieuse.

HES entretient également des relations avec les autres associations homosexuelles françaises. Elle est notamment membre du Conseil de la Lesbian & Gay Pride. Au sein de cette instance et plus particulièrement du groupe de travail « Politique » du Conseil, HES tient une place importante. Elle partage ses analyses, propose des stratégies et livre aussi souvent que possible des informations sur les données politiques des thèmes choisis pour les Marches.

A ce jour, la liberté de vivre son homosexualité en France est particulièrement grande.

Cette liberté remonte sur le plan légal à la Révolution française. Seul le gouvernement de Vichy introduira une discrimination spécifique en distinguant l'âge de consentement entre homos et hétéros (15 ans pour ceux-ci, la majorité légale pour ceux-là). Cette discrimination légale a disparu en 1982 grâce au premier gouvernement Mauroy de François Mitterrand.

Si la discrimination légale n'existe plus, les femmes et les hommes ne sont bien entendu pas à l'abri d'atteintes à leur intégrité psychique ou morale. Les discriminations sociales, les ennuis quotidiens perdurent. Certaines lois permettent de lutter contre ces attaques mais elles sont soit difficiles à appliquer, soit incomplètes et demanderaient à être amendées.

Le bien-être des homosexuels en France reste encore à atteindre. Les différentes analyses faites autour de l'épidémie de sida ont montré en France que la vulnérabilité particulière des homosexuels trouvait sa source dans le manque d'estime de soi, résultat d'un rejet ou même d'une oppression sociale ancienne. Les pratiques sexuelles protégées ont donc mis beaucoup de temps à se mettre en place, expliquant en partie la progression foudroyante de la maladie au sein de cette population. La « réhabilitation » des homosexuels dans la société passe donc par une meilleure acceptation sociale. Or depuis quelques années, différant en cela des certitudes des années 70, les homosexuels semblent vouloir établir des relations affectives de longue durée. Sont alors apparus les problèmes de vie quotidienne et l'envie de voir le couple reconnu par la société. Pour résoudre ces deux problèmes, une solution : la voie légale, préalable à ou première étape de la reconnaissance sociale.

Dès 1990, des travaux sont engagés par le sénateur socialiste Luc Mélenchon. Ils resteront sans suite. En 1991, naîtra l'idée du Contrat d'Union Civile.

Aujourd'hui les associations homosexuelles mais aussi les individus soutiennent avec force ce texte. La particularité de celui-ci est de ne pas connaître les relations affectives ou sexuelles que les contractants pourraient entretenir. Il est seulement prévu pour les paires qui ont « un projet commun de vie ». La volonté de s'unir afin de réaliser ce « projet » suppose « un soutien mutuel moral et matériel ». Il est donc fondé sur la solidarité entre deux personnes. Les couples, qui sont eux-mêmes des paires, peuvent s'inscrire dans le Contrat d'Union Civile. Les différentes dispositions prévues par le texte couvrent les domaines sociaux, fiscaux, patrimoniaux et d'autres tel le logement. Ce texte est fortement innovateur pour le droit civil français, car il permet de repenser la notion d'union. Cependant, il n'établit pas à lui seul une égalité de droit entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels : il n'a en effet que très peu en commun avec le mariage, que certains homosexuels français revendiquent. Il s'agira de voir ultérieurement si les gens - voire les homosexuels eux-mêmes - souhaitent réellement une réforme du mariage qui inclue l'ouverture de celui-ci au couple homosexuel.

Le combat pour le Contrat d'Union Civile a occupé une place si importante que d'autres sujets ont été mis en quasi sommeil. La volonté de HES est de travailler sur ces sujets afin que cette législature de gauche soit la plus bénéfique possible pour les homosexuels. HES a donc décidé de constituer des dossiers sur les principales revendications des associations homosexuelles et de les présenter au gouvernement dans les mois qui viennent. Elle souhaite collaborer avec d'autres associations homosexuelles ou non, notamment avec celles qui maîtrisent plus particulièrement les sujets concernés.

Sur le plan européen, HES a toujours souhaité le développement d'une coopération entre les groupes socialistes homosexuels existant dans les quarante pays membres du Conseil de l'Europe.

En 1994, elle a d'emblée soutenu la candidature de la Lesbian & Gay Pride Paris à l'organisation de l'Europride. Elle avait d'ailleurs rédigé la partie politique du dossier et promis de faciliter les contacts avec les organisations politiques européennes, ce qu'elle a fait dans la limite de ces moyens. HES est notamment à l'initiative et a rédigé la Pétition demandant la modification par protocole de la Convention européenne des Droits de l'Homme afin que celle-ci inclue la notion d'homosexualité.

Dès novembre 1996, HES a eu l'idée de réunir à Paris pour la première Convention européenne des groupes socialistes homosexuels les associations identifiées dans les différents pays européens. Cette convention se tient ce 27 juin au Sénat et nous sommes heureux d'accueillir les représentants de trois nations : Italie, Pays Bas et Espagne (Catalogne). Notre espoir est de nous rencontrer régulièrement afin de comparer nos actions, partager nos savoirs, débattre des choix que nous faisons dans nos pays respectifs et, pourquoi pas, tenter de coordonner nos efforts et de travailler vers les mêmes buts au niveau européen.

Stéphane MARTINET


Homosexualités et Socialisme
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Tel : ++33 +1 43 70 89 27
email : hes@fqrd.fr
Web : https://fqrd.fr/assocs/hes/