L'université euro-méditerranéenne
des homosexualités

Marseille mardi 23 juillet 2002

Ce matin sculpture ou expression sur papier mâché :

Les formes se montent rapidement sur le grillage, on lisse avec quelques couches de papier, de la colle. Puis il suffira de peindre. Il y en a pour tout les goûts, vous en découvrirez quelques un plus tard, du plus mauvais au plus simple et beau comme des broches, boucles d'oreilles.

Usages socio-culturels d'Internet et culture du risque

Initialement prévu lundi, Alain Léobon chercheur au CNRS installe son PC son projecteur avant de commencer son intervention. C'est stupide à dire, mais l'outil informatique mal maîtrisé ne favorise pas la fluidité de la démonstration et du dialogue. L'objectif de son travail consiste à étudier les usages des services de l'Internet dans le cadre de la mise en relation "sexe" et intégrant une part de prise de risque. Il travaille donc avec trois sites ouverts qui favorisent l'émergence de sexualités marginales : smboy, monclubgay, barebackzone. Ces trois sites font références à un site de commun dédié à la  prévention. La construction des profils intègre des logos très explicites quand à la désignation que l'usager fait de lui même et des ses désirs.
Les résultats que présentes Alain Léobon sont encore restreints et ne concernent que l'analyse des profils et des annonces. Deux groupes se dessinent : les safe et les risqueurs bare-backeurs. La répartition des profils en fonction des sites s'est réalisée rapidement, smboy pour les pratique sado-masochistes, bbzone pour les risqueurs. Ces derniers ne représentant plus que 10٪ des usagers de monclubgay.
Concernant cette catégorie, les bare-backeurs, l’échelle d'age est assez serrée entre 30 et 40 ans. Ce qui peut paraître en contradiction avec les études de l'INVS qui présente le phénomène de relâchement comme typique de la tranche d'age supérieure à 40ans et celle des plus jeunes 20-25 ans. A postériori, il faut comprendre que les jeunes ne sont pas dans un schéma de relâchement. Le SIDA est une maladie de vieux, ils ne se reconnaissent donc pas sous la désignation de bare-backeurs risqueurs.
Les risqueurs, bare-backeurs fréquentent les saunas, les bars de drague/sexe. Ils préfèrent les jeux sexuels en groupe, les jeux uro/scatologique qui gagnent du terrain, ainsi que le fist.
L'analyse des discours permet de dégager une typologie des comportements sexuels à risque qui passent à travers la négation du bare-back risqueur : nolimit, notabou, déprav.
Le nokpot est du domaine de l'explicite.
Les jeux de soumission/domination et le classique actif/passif sont équilibrés dans les profils. Par contre un déséquilibre apparaît en faveur de la soumission et de la passivité dans les annonces. Les plans proposés peuvent être interprétés comme une révolte face aux messages de prévention :
  • jus,
  • vidange de kpotes conservées ans le réfrigérateur,
  • fist fucking se généralisant,
  • drogues.
C'est ainsi que l'on remarque que de nombreuses personnes ne tiennent debout que par le sexe extrême : "enfin on s'occupe de moi !". Quel qu’en soit la raison, disgrâce physique,  rejet imaginaire ou comportemental.
Alain Léobon démarre une étude plus intimiste basée sur des entretiens personnels avec des usagers volontaires.
Notons pour conclure que ces résultats préliminaires ne sont pas encore publiés. Espérons que la version complète sera plus poussée, et abordera le bare-back des séronégatifs, leur stratégie de conservation anti-conversion, ainsi que les plans de conversions : "jeune bâtard cherche trip conversion" et leur pendant "séropo cherche jeune cul à plomber".
 
 

Résistance politique et complicité relationnelle : du désir de subversion à la subversion du désir

François Delor démarre cette troisième  séance en reprenant quelques éléments étudiés précédemment sur l'injure, l’injurieux et l'injurié. Nous avons vu comment l'injurié  est désigné faisant partie d'une classe sociale sans valeur. Nous avons souvent l'habitude d'user de la dérision face aux injurieux, mais la dérision impertinente ne convainc pas. Tournons nous vers la séduction, la raison pour convaincre, et accueillons l'injurié au sein d'une communauté créatrice  de métaphore et de séduction.

Observons l’injurieux :
Nous avons vu comment le gros mot, l'injure était expulsé à terre comme une merde mortifère. Est-ce pour autant une feu d'artifice ?
Non !
C'est le résultat d'une pulsion sadique / masochiste sourde, présente en continue dans l'intime de l’injurieux. Il réduit la personnalité à la sexualisation et à l'excrément "enculé". Sa pulsion sadique se met en place : l’injurieux verbale "l'enculeur" évacue le problème de la douleur. C'est plus facile de faire aux autres qu'à soit même. Et l’expérience de la douleur est tentante, elle rappelle la maîtrise de l'autre. Le sadique choisit une victime, s'identifie à elle et la fait souffrir physiquement pour souffrir physiquement. C'est une duplicité érotique, l’injurieux prend la place de "l'enculé" sans en supporter le coût, il mortifie l'autre. Ainsi, le dominateur injurieux juit de cette duplicité érotique.
François Delors rappelle la valorisation de l'actif, la dévalorisation de la passivité dans notre société humaine. L'homme est toujours fort beau et bon, la beauté de la femme est éphémère. La femme est dans l'attente.
Au fil des époques, la société à forger ses schémas de dévalorisation :

  • le romantisme à glorifier le complément penser/marcher,
  • Freud à projeter un homme qui va vers la faiblesse pour ne pas comprendre l’hétérosexualité,
  • Lacan affirme que la symbolique du complémentaire est un leurre. L'unité est une séparation imaginaire, reprenant la sémantique greque du pot briser en deux morceaux qui s retrouveront mais ne reconstruirons jamais l'unité originelle.
  • la publicité véhicule continuellement ce schémas actif/passif, basé sur la manque féminin et l'action de l'homme.

A notre échelle d'injurié, il faut user du droit de parler, user de la métaphore créatrice pour se défendre contre les mainteneurs de l'ordre public, de l'ordre moral :

  • que ce soit Pierre Legendre qui établit une relation entre la loi exprimée par Lacan et la loi sociale, sous prétexte de ses études juridiques,
  • Irène Théry qui prescrit.

Les alliances entre psychanalystes et anthropologues tentent de définir et de maintenir l'ordre morale, par quelques raccourcis pseudo-scientifiques.

Ce sera la dernière intervention de François Delors. Rappelé chez lui pour raisons personnelles, il nous laissera sur notre soif de comprendre.

Il y a du déguisement, du transformisme

dans l'air au patio. Les esprits commencent à se lâcher. Aurélien relance le projet de "coquin maillard". Avec j'espère un peu plus de bonheur de l'année précédente. Le manque ed lisibilité des règles avaient quelques perturbé les esprit qui se sont cru dans une classique back-room en lieu et place d'une découverte plus sensuelle.

A moins que ce ne soit le sujet du forum de ce soir qui inquiète.

 

Quelles solidarités face à la montée des populismes en Europe ?

Ce sera le seul forum intellectuel auquell les GLB assisterons. Le titre se voulait rassembleur mais bien peu d'entre nous n'ont de réponse, si ce n'est une vigilance accrue.

Chaque intervenant du podium, comme le représentant des archives gaies et lesbiennes de Moscous, puis le public à su rappeler :

  • combien, avant chaque prise de pouvoir populiste de droite, un grand personnage garant de la démocratie, de la République a été élu,
  • combien les populations stigmatisées par ces mouvements populistes se sentaient étrangement à l'abri de leurs fourches caudines,
  • combien la construction européenne est en porte à faux, avec en Europe orientale et centrale des pouvoirs populistes et de tradition anti-sémites et anti-homosexuels.

Il n'y a pas qu'en France. En Belgique, le parti populiste rassemble 35٪ des voix, à Anvers, en stigmatisant les musulmans. Au Portugal, il partage le pouvoir avec une droite plus élastique qu'elle n'y paraît, à sa tête un homosexuel placardisé.

Le constat est sévère et nous ne pouvons nous suffire du discours de la Ligue Communiste Révolutionnaire : "construire, une nouvelle gauche - réformer la famille - redistribuer les richesses", appuyer en cela par Pierre des "verts".

Soirée "Télé"

que nous avons zappé pour préférer le cabaret et ses chansons à la cartes et le chill-out pour décompresser un peu.

 

Reportage texte et photos : Pierre Léonard

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