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Droit à la différence ou droit à l'indifférence ?
Au sujet des revendications homosexuelles d'aujourd'hui, est-ce là la seule
alternative possible ? Et d'ailleurs, s'agit-il vraiment d'une alternative ? En effet, qui
peut prétendre à un droit à l'indifférence sinon quelqu'un qui se sent différent ? Du
fait que l'indifférence n'est pas naturellement pratiquée et qu'elle exige un recours en
droit, on pourra sans doute toujours soupçonné qu'elle est feinte. On le voit avec le
PaCS : S'il est si difficile à voter, c'est à cause de ces réfractaires rétrogrades
qui préfèrent être indifférents aux problèmes rencontrés par les couples
d'homosexuels : L'indifférence des uns suscite l'indifférence des autres. Mieux vaut un
vide juridique qui installe cette indifférence qu'un texte cherchant à résoudre des
problèmes d'exclusion institutionnelle. On a pu comprendre le petit manège de ces
détracteurs du PaCS : L'indifférence juridique doit supporter un droit à
l'indifférence morale.
Ce refus (moral cette fois-ci) de se préoccuper d'une population juridiquement reconnue
qui risque de faire des émules et ainsi, comme l'ont dit certains, de mettre en péril la
perpétuation de la société française risque terriblement de flirter avec les
motivations d'un nazi pour éradiquer de la surface terrestre tout ce qui met en cause
l'ordre naturel des choses. Le rapprochement semble facile. Pourtant, les passions
suscitées par le PaCS, un texte dont il est déjà prévu qu'il n'occupera qu'une place
dérisoire (mais symbolique en tant que premier texte d'une série de réformes plus ou
moins annoncée) dans cette programmation d'une toujours plus grande égalité des droits
entre homosexuels et hétérosexuels ont de quoi laisser songeur. De son point de vue de
la nature des choses, madame Boutin sort les fantasmes qu'il lui reste. Piètre image de
la politique moralisatrice que tout d'un côté de l'hémicycle de l'Assemblée Nationale
fait sienne ! On peut se demander quel genre de physicien consulte madame Boutin pour
s'imaginer avoir un tel point de vue sur la nature des choses ! L'argumentation de madame
Boutin (pour ne citer qu'elle) repose donc sur une différenciation, prétendue
naturellement fondée, des genres de l'espèce humaine, le critère invoqué étant en
l'occurrence l'orientation sexuelle. Cette conception des subdivisions en genres de
l'espèce humaine n'est pas récente et à le mérite de justifier les représailles de
ceux qui revendiquent quelque chose échappant à l'ordre naturel des choses.
Le raisonnement tenu par le politiquement correct dans ces cas là, c'est : puisqu'ils
revendiquent, on a la certitude qu'ils convoitent quelque chose qu'ils pensent pouvoir
obtenir. Cela signifie qu'ils ne tiennent pas compte des raisons qui font qu'ils ne l'ont
jamais obtenu jusqu'à présent, raisons qu'il faut leur rappeler. Dès lors que cela
touche à l'équilibre social relayé par des considérations naturalistes, on est en
pleine affaire d'Etat et tous les moyens sont bons pour les remettre à leur place. En
réclamant un droit à l'indifférence, on leur donne une argumentation toute prête à
l'emploi qui consiste à nous complaire dans une tradition de clandestinité et de
marginalisation à outrance dont on connaît le caractère étouffant et tellement peu
épanouissant. Le phénomène de ghettoisation est en place et nous n'avons pas d'autres
choix de le subir. Quand elle se prévaut d'avoir lu la Bible comme un roman de
science-fiction dans lequel des êtres condamnés à ne pas se reproduire ont inventé des
subterfuges pour ne pas disparaître, madame Boutin croit avoir trouvé sa vocation. Notre
diabolisation comme argumentation, cela a de quoi nous rassurer. Nous suscitons tellement
peu d'indifférence ! Il faut certainement nous en réjouir.
Laurent |