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historique

Les débuts

Le 14 juin 1982, la préfecture de police de Paris officialise la création d'une association dénommée SOS homo fil. L'article 2 de ses statuts précise qu'elle a pour but de contribuer à rompre l'isolement social, affectif et moral des personnes homosexuelles en mettant à leur disposition une opportunité d'écoute anonyme par téléphone, une information ponctuelle sur les plans religieux, juridique, médical, psychologique, culturel. Pour assurer le service offert au public, SOS Homo fil ouvre sous le nom de SOS gai une ligne téléphonique qui répond au n° 261 00 00.

L'anonymat en question
SOS Homo fil et SOS gai dépendent en fait d'une autre association homosexuelle: Partage. Les écoutants de SOS gai en sont tous membres et ils se retrouvent aux réunions hebdomadaires de l'association. Il leur est conseillé de mentionner l'existence de Partage lorsqu'on leur demande quels sont les groupes gays existant sur Paris. Aux réunions, se retrouvent donc appelants et écoutant qui ont ainsi la possibilité de faire connaissance. L'anonymat proclamé n'est pas rigoureusement assuré. Le 23 janvier 1984, un écoutant propose de doter le service d'une "charte des écoutants" qui définira strictement son rôle, ses objectifs et son éthique. La proposition est acceptée et pendant deux mois les rencontres se succèdent pour rédiger la charte. Elles sont pour les écoutant les premières occasions de se retrouver et de parler ensemble du service qu'ils assurent, dans un cadre autre que celui des réunions hebdomadaires de Partage. Un désir d'autonomie naît parmi eux en même temps que leur apparaît la nécessité de faire superviser SOS gai par un psychanalyste extérieur à leur groupe. Les responsables de Partage réagissent négativement à ces initiatives dont ils ne semblent pas comprendre le sens.
Une nécessaire indépendance

Le 14 mars 1984, les écoutants adoptent à l'unanimité le texte de leur charte. Ils proposent alors une distinction plus claire entre Partage et SOS Homo fil gérante de SOS gai. 11 juin 1984, Partage accepte verbalement de renoncer au contrôle de SOS gai au profit du seul groupe des écoutants, tout en continuant à assurer le financement du service. Les écoutants sont satisfaits de ce qui apparaît comme un gentlemen's agreement. 22 juin 1984, première réunion des écoutants de "SOS gai autonome". 5 octobre 1984, première réunion de travail avec un psychanalystes superviseur.

Mais Partage a décidé de faire disparaître ce service qui lui échappe. La chose est facile : l'association à la propriété commerciale de l'appellation "SOS gai", les écoutants ne sont pas les abonnés de la ligne téléphonique, ils n'ont pas de ressources financières pour payer le loyer du local qu'ils utilisent. Décembre 1984, un courrier recommandé enjoint aux écoutants de cesser d'utiliser l'appellation "SOS gai" sous peine de poursuites. Le 28 décembre, ils rebaptisent "Ecoute gaie" leur service d'écoute ainsi que l'association qui le gère en succédant à SOS Homo fil. En janvier 1985, le propriétaire de la ligne téléphonique met un terme à son abonnement. Le 261 00 00 ne répond plus. Le 24 janvier 1985, la société qui loue le local refuse de renouveler le bail. Le 5 février, le service est contraint de cesser toute activité.

Contrairement aux prévisions, Ecoute gaie se remet assez vite de l'épreuve. Le 24 septembre 1985, le service rouvre sa ligne sous le n° 42 33 72 27, dans un appartement mis gratuitement et provisoirement à la disposition des écoutants. Une intense activité publicitaire permet de faire connaître son nouveau numéro.

Du renseignement à l'entretien

Entre 1984 et 1985, le nombre total d'appels a chuté parce qu'il y a de moins en moins d'appels dits de "renseignement". En revanche, le nombre d'appels dits "d'entretien" est resté stable. En 1984, quand le téléphone sonne il y a moins d'une chance sur quatre pour que l'appel soit un entretien. En 1986, il y a une chance sur trois. En 1993, il y aura plus d'une chance sur 2. C'est le 2 février 1984 qu'un écoutant doit répondre pour la première fois à un appel ayant pour objet le sida. La fréquence de ce type d'appels augmente peu à peu. Que répondre ? Que conseiller ? Faut-il conseiller ? Vers qui orienter ? Sans l'avoir voulu ni prévu, les écoutants sont parmi les premiers en France à avoir étés confrontés aux questions nouvelles que posait le sida. En 1985, l'écoute n'est plus une agence de renseignement en tous genres mais un lieu d'écoute des homosexuels. Être écoutant ne consiste plus à savoir quoi répondre à quelqu'un qui cherche une adresse mais à savoir écouter avec pertinence et sympathie quelqu'un qui parle de sa solitude, de sa difficulté d'être, de ses espoirs et de ses peurs, et parfois de la maladie qui le ronge. La conscience qu'ont les écoutants de leur rôle s'en trouve considérablement modifiée.

A partir du 24 septembre 1985, écoute gaie utilise donc à titre provisoire un appartement privé momentanément disponible. Au début de l'année 1985, son propriétaire informe les écoutants de son intention de réoccuper son appartement. Il leur demande en conséquence de penser à chercher un autre local. Se pose alors un double problème : trouver quelqu'un disposé à prêter gratuitement un local car Ecoute gaie n'a pas les moyens de payer un loyer, éviter que le changement de local ne se traduise par un changement de n° de téléphone . Il faut assez vite se rendre à l'évidence : les recherches n'aboutissent pas. On se dirige donc vers une nouvelle interruption du service.

Lettre ouverte et lettre lue
En 1987, désireux de lutter contre "l'envahissement pornographique", le ministre de l'intérieur envisage d'interdire la parution du journal homosexuel le Gai Pied. La réplique est immédiate : le 19 mars, à l'appel de l'ensemble des associations homosexuelles de France, plusieurs milliers de personnes désireuses de dire "oui au droit d'expression des homosexuels et des lesbiennes" défilent dans les rues de Paris. Les membres d'Écoute gaie font partie du cortège qui proclame ainsi son opposition à la disparition du journal gay. Ils en profitent pour distribuer plusieurs milliers de tracts expliquant que, faute de local, écoute gaie est aussi menacée de disparition. L'explication prend la forme d'une "lettre ouverte à ceux dont la porte n'est pas fermée". Les responsables du Gai Pied lisent la lettre. Leur porte n'est pas fermée. Quelques jours plus tard, ils prennent contact avec écoute gaie et mettent gratuitement à sa disposition le local recherché. Les écoutants accueillent la nouvelle dans l'euphorie.
En changeant d'adresse, Ecoute gaie doit à nouveau changer de numéro de téléphone, qui devient le 48 06 19 11. En chacune de ces parutions le gai pied contribue puissamment à le faire connaître. Le changement n'entraîne ainsi aucune chute grave du nombre des appels. Rien n'étant parfait, la situation nouvelle comporte un défaut majeur : le local proposé est en fait une simple alvéole non isolée dans le vaste hall d'entrée du journal. Sans faire la fine bouche, il faut se rendre à l'évidence : le calme nécessaire à une écoute convenable n'est pas assuré.
Écoute gaie
ne trouve pas vraiment sa place dans le brouhaha par ailleurs sympathique du hall du gai pied. c'est l'inconvénient de l'avantage qui, un an plus tard, se répercute sur le nombre d'appels. Il chute parce que plusieurs écoutants découragés démissionnent, faisant baisser le nombre d'heures de permanence hebdomadaire.
Douche froide

1990. Le changement de décennie s'accompagne d'une série d'heureux événements. Au Gai Pied un local isolé se libère. Il est mis à la disposition des écoutants qui retrouvent le calme et la discrétion nécessaires à leur écoute. Conséquences du soutien du gai Pied, les grands médias font tous une place à Ecoute gaie dans les dossiers qu'ils consacrent à l'homosexualité et au sida. Entre 1990 et 1993, l'Evénement du jeudi, l'Express, Femme actuelle, Marie-Claire, Psychologie et France Inter parlent d'Ecoute gaie. Un numéro de la collection Que sais-je ? consacré aux écoutes anonymes en fait la présentation. Au fil des appels, les écoutants découvrent par ailleurs avec surprise que plusieurs magazines de jeunes mentionnent le numéro de téléphone de l'association. Les documents que publie l'AFLS font de même. Un coup d'œil sur les statistiques permet d'en mesurer les conséquences. Celles de l'année 1993 sont particulièrement encourageantes.

Le 24 décembre 1993, douche froide : un courrier informe Ecoute gaie que les bâtiments du Gai Pied sont en vente. Comme les autres associations présentes dans ces bâtiments, écoute gaie doit avoir quitté les lieux le 31 mars 1994 au plus tard.

Garder la ligne

L'association est alors confrontée à un double problème : trouver un local prêté à titre gracieux, et le trouver dans le 11ème arrondissement, pour que le déménagement n'entraîne pas un changement de ligne téléphonique. Un tel changement risquerait en effet d'entraîner l'arrêt des écoutes puisque l'association ne dispose d'aucun moyen pour faire connaître un nouveau numéro de téléphone. garder la ligne est donc une priorité absolue, qui rend terriblement difficile la recherche d'un local. Les écoutants lancent une large campagne de sensibilisation auprès de toutes les associations et entreprises gaies, ainsi qu'auprès d'une cinquantaine d'associations présentes dans le 11ème arrondissement. Ces contacts, et de nombreux autres laissent espérer une solution satisfaisante mais dix jours avant la date butoir du 31 mars, cette solution n'est toujours pas en vue. Un ultime contact permet d'envisager l'hébergement de la ligne sans possibilité d'écoute : il faudra arrêter les permanences mais la ligne sera gardée et le répondeur informera les appelants de "l'arrêt momentané" du service.

C'est alors que le centre gay et Lesbien (C G L) informe Ecoute gaie qu'il dispose d'un nouveau local, suffisamment vaste pour qu'un espace soit réservé à l'écoute. Dans le même temps, Pierre Kneip, le créateur de SIDA INFO SERVICE propose de nous accueillir. Entre ces deux propositions il faut choisir rapidement. La stabilité présentait par une structure établie et la compréhension des spécificités de l'écoute par ces professionnels nous fait opter pour la proposition de la SIS. In extremis, une solution idéale est trouvée face à la crise. Le déménagement se fait au mois d'avril et n'entraîne ni changement de numéro de téléphone ni interruption du service. Ainsi, 1994 à 2003 , écoute gaie a été installée au 190 boulevard de Charonne 75020 Paris.

Les écoutants et écoutantes vous répondent désormais au 0 810 811 057 de 18h à 22h.

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