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Ce mercredi, l'université d'été quitte le campus
de Luminy pour s'installer au Palais des Congrès de Marseille,
s'ouvrant ainsi au grand public, à l'occasion d'un colloque intitulé
« Jeunes, homosexualités, santé, éducation »
soutenu par le ministère de la Santé et de la Solidarité,
celui de la Jeunesse et des Sports et par le secrétariat d'État
à l'Économie Solidaire.

6 jeunes témoignent
Pour ouvrir les débats, et pour leur servir de support, les participants
ont assisté à la projection
d'un reportage de 52 minutes dans lequel trois garçons et trois
filles racontent leur vie de jeune homo et de jeune lesbienne, de leur
coming-out à leurs amours, en passant par leurs relations avec
les copains, les études ou le travail. Ces témoignages ont
été enregistrés par Bruno Pommier au cours d'un atelier
réalisé lors de la précédente édition
de l'Université d'Eté avec l'aide de la Direction Départementale
de l'Action Sanitaire et Sociale des Bouches-du-Rhône. La projection
n'a pas laissé indifférents les auditeurs du colloque, qui
revivaient à travers les témoignages de Sandra, Alexandre,
Nicolas et leurs amis leur propre expérience de l'émergence
à la vie gaie. Le film, co-produit par la DDASS, servira à
la formation des intervenants sociaux.
La DGS et les jeunes gais
En réponse à ces témoignages, Robert
Simon, fonctionnaire à la Direction Générale de la
Santé (DGS) a pris la parole pour évoquer comment son ministère
travaillait en faveur des jeunes homosexuels. Un premier
axe de travail concerne la prévention du sida. Beaucoup reste encore
à faire, comme le montre la
dernière enquête presse menée par l'INVS, qui
a révélé que 23% des répondants reconnaissaient
des pratiques anales sans protection. Le ministère s'intéresse
également à la santé des lesbiennes, cible du cancer
du sein et peu touchée par les campagnes de prévention.
Mais surtout, dans le cadre de la prévention du suicide chez les
jeunes - l'une des premières causes de mortalité dans cette
population -, la DGS mène des actions spécifiques pour prévenir
les dégâts générés par l'homophobie.
Robert Simon rappelait « il y a un lien très fort
entre violation des droits de l'Homme et santé ».
Pour que l'homophobie ne tue plus, le ministère a mis en oeuvre
des programmes de santé dans six régions françaises
et a impliqué le Conseil Permanent de la Jeunesse pour renforcer
ses chances de réussite. Ces programmes prévoient de soutenir
les associations de jeunes gais, d'ouvrir une ligne d'écoute et
de développer les études sur la sexualité et le genre.
Jeunesse et Sport
Dans son intervention, Gilles Garnier, représentant de la Jeunesse
et des Sports, a reconnu que par le passé, son ministère
n'avait pas été un
partenaire très présent auprès des associations gaies
et lesbiennes. Mais la situation évolue... la ministre Marie-Jo
Buffet s'est rendue l'an dernier au CGL de Paris. Elle a aussi assisté
à l'inauguration du nouveau local parisien du MAG - le Mouvement
pour une Adolescence Gaie. L'objectif du ministère est désormais
d'établir des relations contractuelles avec les associations gaies
et lesbiennes, notamment avec les associations de jeunes, pour leur donner
les moyens de vivre, en toute indépendance. Dans ce cadre, l'Université
d'Eté des Homosexualités est reconnue d'éducation
populaire et de nombreuses associations de jeunes gais sont très
impliquées dans les conseils départementaux de jeunes.
AIDES aux côtés des jeunes
Christian Saout, président
national d'AIDES, a pris ensuite la parole pour se livrer à
une analyse approfondie des actions gouvernementales. Monsieur
Saout a justifié l'intervention de son association en
expliquant qu'« il n'y a pas de santé publique
sans respect des droits de l'Homme ». Pour cette
raison, AIDES a toujours mené de front opérations
sur le terrain et actions politiques. Constatant que l'homophobie
est la première cause de suicide chez les jeunes gais,
Christian Saout a réclamé un dispositif de pénalisation
des propos homophobes. « Cela fait deux ans qu'on
l'attend » a-t-il déploré, en faisant
remarquer qu'aucun élu n'assistait au colloque. Il a aussi
regretté l'absence de programme d'information et suggéré
en vrac l'ouverture d'un numéro vert pour les jeunes gais,
et la nomination d'un médiateur de l'homophobie, comme
en Suède.
Des ateliers d'approfondissement
Les participants au colloque ont pu ensuite approfondir les notions abordées
par les intervenants du matin. Forence
Leroy-Forgeot, chargée d'enseignement à Paris XIII et à
Reims, a livré les résultats de l'enquête qu'elle
a menée auprès des jeunes. L'homophobie et la lesbophobie
induits par un jugement de Platon, mal transmis par Saint Augustin qui
a ensuite servi de fondement aux lois qui nous régissent, mènent
à l'auto-dépréciation, à l'isolement, voire
à l'exclusion de la communauté. Pour cesser cette spirale,
il faut couper court à toute transmission d'idée homophobe.
Florence Leroy-Forgeot estime qu'« il faut pénaliser
tous les propos homophobes, même ceux qui sont très généralistes ».
François Delors, psychanalyste, directeur de l'Observatoire du
Sida et des
sexualités des facultés universitaires Saint-Louis à
Bruxelles, a évoqué pour sa part l'affirmation de soi, les
cheminements empruntés par les jeunes homosexuels et leurs souffrances.
Au cours de son intervention, Brigitte Lhomond, sociologue et chercheur
au CNRS, a abordé la question de la sexualité des jeunes
et de l'homosexualité. Michel Dorais, professeur de l'université
Laval à Québec, en compagnie de René-Paul Leraton,
responsable de la ligne Azur, a détaillé les conséquences
de l'homophobie sur la santé des jeunes, plus particulièrement
sur les tendances suicidaires. Enfin, autour de Contact, l'association
de parents de gais et de lesbiennes, un petit groupe a travaillé
sur le thème homophobie, éducation et famille à partir
d'une enquête sur l'homophobie dans les lycées classiques
et les LEP et de l'expérience italienne dans l'enseignement..
Au cours
de la synthèse de la journée, Daniel Borillo, maître
de conférence à Paris X, auteur d'un Que sais-je
sur le sujet, a approfondi la notion d'homophobie qui est revenue en filigrane
tout au long de la journée.
Reportage : René Lalement,
Pierre Léonard, Jean-Benoît
Richard, Donald Suzzoni.
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et sur le Web
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