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Le droit à l'adoption
La question de l'adoption d'enfants par des homosexuels a été abordée à travers la
législation sur l'agrément en matière d'adoption. Cet agrément doit en effet être
donné par le président du Conseil Général, qui vérifie que l'adoptant présente des
garanties suffisantes sur le plan familial, éducatif et psychologique. Ainsi, il a été
convenu en 1966 qu'une personne seule puisse adopter des enfants. Malheureusement, cette
possibilité semble plutôt offerte aux femmes célibataires car le refus opposé aux
hommes est très fréquent, voire systématique en pratique. A fortiori, le Conseil
Général refuse son agrément aux homosexuels ainsi que la jurisprudence administrative
qui connaît des appels formés contre les décisions de cette administration. Ce refus
est notamment illustré par un arrêt du Conseil d'Etat ( qui est la plus haute autorité
de la juridiction administrative), en date du 12 février 1997 , par lequel les magistrats
refusent à nouveau aux couples homosexuels d'être agréés. Néanmoins, ils précisent
que ce n'est pas une position de principe de leur part à l'égard d'un choix de vie, mais
plutôt un refus fondé sur l'intérêt de l'enfant afin de lui éviter des difficultés
psychologiques.
Le problème s'est alors posé en ces termes : " Est-ce qu'un enfant qui aurait une
sexualité " normale " serait perturbé ? ". " Quelles sont les
conditions optimales pour assurer l'équilibre de l'enfant ? ". Les magistrats ont
dans un premier temps affirmé leur crainte que les couples de même sexe ne fournissent
pas les références à l'autre sexe. Mais cette justification ne révèle manifestement
pas les véritables motifs de leur refus car les célibataires ne fournissent pas non plus
cette référence. Même si le célibataire a la possibilité de trouver un partenaire de
l'autre sexe par la suite, cela reste un postulat. La qualité de vie de l'enfant
dépendrait donc d'un aléa, ce qui est critiquable et d'ailleurs contraire au droit.
Justifier son refus par la crainte que l'enfant souffre de se sentir différent, me semble
déjà plus pertinent. L'enfant est conformiste. Ainsi, à un certain âge, se sentir
différend des autres est difficile à vivre. Pour s'en rendre compte, il suffit de lire
les témoignages d'enfants dont le père ou la mère est devenu(e) homosexuel(le),
notamment dans l'ouvrage d'Eric Dubreuil intitulé Des parents de même sexe (Ed.
Odile Jacob, 1998). En effet, ils craignent qu'on se moque d'eux. A cela, Eric Dubreuil
répond que ce ne sont pas les seuls enfants susceptibles de faire l'objet de réactions
blessantes. Il ajoute que d'autres enfants ont le sentiment d'être différents, "
pour raisons ethniques, religieuses ou plus inattendues : avoir des parents célèbres,
porter un nom de famille avec particule ou encore être surdoué ".
Cet amalgame est visiblement abusif : l'homosexualité connaît, en effet, un déficit de
reconnaissance sociale bien supérieur aux autres situations énumérées ici. Malgré
tout, même s'il vit dans une structure atypique, ce qui est parfois difficile à vivre,
certains psychiatres et thérapeutes considèrent que sa capacité à utiliser le
matériau de vie à sa disposition " sera profitable à l'enfant et sera le moteur de
son agilité intellectuelle et sociale future ". Pour le psychiatre Pierre Bourdier,
les familles classiques peuvent être aussi destructrices que les autres et être à
l'origine de troubles psychosomatiques comme elles, car elles ne constituent pas une
garantie de bonheur.
Certes, mais il n'en demeure pas moins que tout enfant dont la situation familiale est
très différente de celle des autres, traverse des difficultés psychiques importantes
(c'est-à-dire qu'il se pose de nombreuses questions) dont l'issue n'est pas prévisible.
A cela nous pourrions rétorquer que l'impossibilité de prévoir ne constitue pas en soi
une raison d'interdire. Mais encore une fois, les autorités administratives n'ont pas
risqué de compromettre l'avenir de l'enfant.
Alors que penser de l'homoparentalité ?
Pour la plupart des psychiatres, les risques pour l'avenir de l'enfant sont plus
importants que dans les familles hétérosexuelles. En effet, on peut craindre qu'il
subisse l'isolement de sa famille ou encore la défiance de la société à l'égard de
celle-ci. L'exigence que soient remplies les conditions optimales pour élever des enfants
dans ce cadre se traduirait donc, pour ces mêmes psychiatres, par le maintien d'un subtil
équilibre entre " les deux extrêmes néfastes que seraient une volonté réductrice
de ressembler absolument aux autres familles et une attitude militante 'isolationniste'
". Cette exigence implique donc que les parents s'assument en tant qu'homosexuels et
que leur vie sociale soit épanouie. Mais ce n'est pas toujours le cas.
Il conviendrait donc, comme c'est déjà le cas pour les familles hétérosexuelles, de
poser des conditions strictes à l'agrément des couples homosexuelles, notamment
d'engager une enquête, sans pour autant que celui-ci soit refusé systématiquement,
comme il est malheureusement coutume de le faire.
Mickaël |