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Résultats de la collecte

Résultats de la collecte

Nous commencerons par présenter les résultats de l'enquête 2000 en termes de questionnaires retournés avant de décrire les caractéristiques de l'échantillon ainsi constitué.

  • Retours globaux et retours par types de supports

L'échantillon 2000 est composé de 4962 questionnaires, soit une hausse de 43% par rapport à celui de l'enquête 1997 (3477 réponses reçues). Cette augmentation s'explique par la multiplication des supports ayant assuré la diffusion du questionnaire.

Le taux de retour global est difficile à évaluer. Si l'on estime qu'environ 250 000 à 300 000 questionnaires ont été au total imprimés par les 20 titres ayant participé à l'enquête (avec, pour chacun d'eux, un tirage allant de 6 000 à 58 000 exemplaires), une première estimation du taux de retour serait de moins de 2%, taux certes très faible mais caractéristique de ce type d'enquête. Pour plusieurs raisons, cette évaluation du taux de retour global reste cependant très approximative. Les taux réels de vente (ou, lorsqu'ils sont gratuits, de diffusion) des supports sont plus difficiles à évaluer que les taux d'impression (les premiers font en effet l'objet d'enjeux rédactionnels et commerciaux les titres ayant tendance à les surévaluer auprès de leurs interlocuteurs). En outre, la taille de la population gay est réduite : si l'on reprend les chiffres fournis par l'enquête ACSF (Spira, Bajos et al., 1993 ; Messiah et Mouret-Fourme, 1993) qui estimait à 1,1% la prévalence de l'homosexualité, le volume de questionnaires imprimés cette année serait comparable à celui des gays adultes vivant en France. Même si le taux proposé par l'ACSF conduit sans doute à une estimation basse de la population gay, on comprend qu'en termes d'impact, les contraintes propres à l'Enquête presse gay sont bien plus fortes que lorsqu'est diffusé à 300 000 exemplaires un questionnaire pouvant concerner 60 millions de Français.

Les supports ayant diffusé le questionnaire représentent des parts très différentes dans l'échantillon. L'InVS s'est engagé auprès des différents supports à ne pas diffuser leur taux de réponse respectif mais ceux ci-nous ont autorisé à publier les chiffres par types de supports : 16% des questionnaires proviennent de la presse érotique, 78% des autres titres de la presse gay (information et proximité) et enfin 6% correspondent à la diffusion par Internet et aux envois postaux faits par l'équipe4. Ainsi, en dépit de l'élargissement du plan média, l'échantillon reste bien massivement constitué de lecteurs de la presse gay. Par ailleurs, 71% des questionnaires envoyés par des répondants de l'enquête 2000 proviennent des 8 revues ayant déjà participé à l'Enquête presse gay de 1997.

  • Profil socio-démographique des répondants

Parmi les répondants de l'enquête 2000, 96% (4753) sont des hommes et 4% (209) des femmes. Cette répartition par sexe, similaire à celle de l'enquête précédente, tient à la spécificité du lectorat des titres utilisés pour diffuser le questionnaire. Dans ce rapport préliminaire, nous nous concentrerons essentiellement sur les hommes5.

La moyenne d'âge des hommes est de 34,8 ans. Les hommes de moins de 25 ans et ceux âgés de " 45 ans et plus " sont faiblement représentés dans l'échantillon, à la différence des 25 et 44 ans qui représentent environ les trois quarts des répondants (cf. tableau n°1, colonne " EPG 2000 taux observés ").

Le niveau d'éducation des répondants est élevé. En effet, 61,5% d'entre eux ont effectué des études universitaires. Le niveau d'études correspondant au " 2ème, 3ème cycles et Grandes Ecoles " représente à lui seul 47% des répondants.

Interrogés sur leur situation d'emploi, les répondants se sont déclarés salariés à 71%, plus rarement indépendants (9%), chômeurs ou Rmistes (7%), retraités (3%), militaires du contingent (0,6%), étudiants (9,5%).

Les milieux sociaux d'appartenance indiqués à partir de la dernière profession exercée attestent du niveau social élevé des répondants de l'enquête 2000. Les agriculteurs sont très peu nombreux (0,2%) de même que les artisans, commerçants et chefs d'entreprises (4%). Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont quant à eux fortement représentés (39%), suivis par les professions intermédiaires (29% en 2000) et les employés (20% en 2000). Les ouvriers représentent quant à eux 7% des répondants.

Les revenus reflètent cette composition sociale favorisée. Un peu plus de la moitié des répondants de l'enquête 2000 déclarent un revenu mensuel net de plus de 10 000 francs. Une minorité (13%) possède un revenu de plus de 20 000 francs.

Les urbains sont fortement représentés parmi les répondants : 61% de ceux-ci vivent dans des villes de plus de 100 000 habitants. La répartition selon le lieu de résidence est marquée par une forte représentation de l'Ile-de-France. En effet, 29% des répondants vivent à Paris et 13% en banlieue, 53% en province et 5% à l'étranger sans qu'il soit possible de savoir si ces derniers résidents sont des Français expatriés ou des personnes de nationalité étrangère.

En ce qui concerne le " profil socio-sexuel ", la plupart des répondants (91%) se désignent comme " homosexuels ". Le taux de répondants qui ont eu au moins un partenaire stable au cours des douze derniers mois est de 71%. La moitié des répondants sont en couple au moment de l'enquête. Les trois quarts (78%) des répondants ont eu au moins un partenaire occasionnel au cours des douze derniers mois. Enfin, 34% des répondants ont eu plus de dix partenaires sexuels dans l'année.

Parmi les 4753 répondants, 13,8% (n=658) n'ont jamais fait le test de dépistage du VIH, 73,7% (n=3502) étaient séronégatifs lors du dernier test, et 12,5% (n=593) sont séropositifs ou, beaucoup plus rarement, malades du sida.

  • Comparaison des échantillons 1997 et 2000.

Dans la mesure où nous étudierons des évolutions dans les comportements depuis la précédente enquête, la comparaison des échantillons EPG 1997 et 2000 constitue un préalable indispensable (voir tableau n°1).

Tableau 1 - Comparaison des échantillons
des Enquêtes presse gay (EPG) 1997 et 2000

L'étude des caractéristiques socio-démographiques des répondants de l'Enquête presse gay 2000 suggère l'existence de différences par rapport à l'échantillon 1997. Les répondants de l'enquête 2000 sont plus âgés (34,8 ans en moyenne, contre 32,4 en 1997), plus éduqués (par exemple, la part des " 2ème, 3ème cycles et Grandes Ecoles " est de 47% en 2000, contre 42% en 1997), moins souvent étudiants et plus souvent actifs professionnellement. Enfin, on compte plus d'étrangers (5% en 2000, contre 3% en 1997) et un peu moins de répondants vivant en Ile-de-France dans l'enquête 2000.

En ce qui concerne le profil socio-sexuel, on note également de petites différences entre les échantillons 1997 et 2000. Cela apparaît dans le taux de répondants se définissant comme homosexuels (88% en 1997 et 91% en 2000), de ceux qui ont eu un partenaire stable au cours des douze derniers mois (74% en 1997 et 71% en 2000) et de ceux qui ont eu au moins un partenaire occasionnel dans l'année (76% en 1997 et 78% en 2000). Le taux de répondants déclarant plus de dix partenaires sexuels dans l'année est quant à lui identique dans les deux échantillons (34%). Restent également assez proches les situations en fonction du recours au test de dépistage (14% de non testés en 1997 comme en 2000) et du statut sérologique (les hommes séropositifs ou malades représentent 11,2% des répondants en 1997 et 12,5% en 2000).

L'une des questions soulevées était dès lors de savoir si l'évolution observée entre 1997 et 2000 dans le profil socio-démographique des répondants résultait d'une modification du plan média de l'enquête. Pour répondre à cette question, nous avons comparé entre eux les répondants de 1997 et de 2000 dont les questionnaires provenaient des huit titres de presse qui avaient participé aux deux enquêtes6. Le résultat de cette comparaison menée à supports identiques est le suivant : les différences socio-démographiques dans le profil des répondants de ces deux sous-échantillons (composés des lecteurs des huit revues concernées) sont aussi importantes (sinon plus) que celles observables sur le profil de l'ensemble des répondants aux enquêtes 1997 et 2000. Par précaution, cette même analyse a également été menée en sélectionnant uniquement les lecteurs d'un titre qui représentaient une part importante des répondants des enquêtes 1997 et 2000. Là encore, les différences dans le profil socio-démographique des répondants demeuraient importantes. Si les mêmes journaux que ceux de l'enquête 1997 avaient été utilisés pour l'enquête 2000, les différences de profil socio-démographiques entre les deux échantillons auraient donc été identiques à celles observées, voire plus importantes. L'hypothèse d'un vieillissement de l'ensemble du lectorat de la presse gay ne peut être exclue mais elle resterait peu explicable à ce stade et contradictoire avec le fait que le nombre de titres participants à l'enquête 2000 est important.

A partir de ces constats, nous avons formulé l'hypothèse que la modification du profil des répondants entre l'enquête 1997 et l'enquête 2000 ne pouvait pas être interprétée comme le simple effet d'une modification des modalités de diffusion du questionnaire ou de changements dans la ligne rédactionnelle de certains titres qui participaient déjà à l'enquête en 1997. L'ampleur du vieillissement observé pourrait révéler une tendance plus globale. Nous avons donc été amenés à formuler l'hypothèse selon laquelle la modification dans le profil des répondants ne constituait sans doute pas simplement un biais de recrutement mais peut être un résultat en soi à prendre en compte par la prévention. Nous avons été confortés dans cette hypothèse par le fait que Bochow a également observé un vieillissement inattendu parmi les répondants de l'Enquête presse gay allemande menée à la fin de l'année 1999 (Bochow, 2000). Ainsi, même si nos données ne permettent pas de valider véritablement cette hypothèse, la modification du profil des répondants entre les enquêtes 1997 et 2000 pourrait être le signe d'une désaffection des jeunes (et des moins éduqués) vis-à-vis de l'enquête et, plus globalement, de leur moindre intérêt vis-à-vis du sida et de la prévention7. Si cette hypothèse était vérifiée, les données de l'enquête conduiraient à sous-estimer les prises de risque en décrivant la situation d'une population de répondants plus sensibilisée au risque de VIH/Sida.

Cette évolution dans le profil socio-démographique des répondants entraîne des conséquences importantes en termes d'analyse de tendances. Il nous a fallu vérifier que les évolutions de comportements observables entre 1997 et 2000 ne sont pas dues à une modification du profil des répondants. Pour ce faire, nous avons adopté la méthode suivante. A partir de la base statistique de l'enquête presse gay 2000, nous avons créé un échantillon 2000 standardisé sur la taille et les caractéristiques de l'échantillon 19978. Comme, en raison de la modification du plan média, il n'était pas possible de standardiser sur les revues ayant participé à l'enquête, les variables retenues pour la standardisation sont des variables socio-démographiques classiques (l'âge, le niveau d'études et le lieu de résidence) sur lesquelles des écarts avaient été constatés entre les deux dates. Par ailleurs, comme nous le verrons ultérieurement, les analyses sur les comportements sexuels et préventifs dans les couples ou avec les partenaires occasionnels ont été menées en sélectionnant des populations les plus homogènes possibles du point de vue des situations et des risques potentiellement encourus (les individus ayant eu un partenaire stable, ceux ayant eu des partenaires occasionnels…), ce qui permet de réduire les légères différences observées entre 1997 et 2000 dans les modes de vie socio-sexuels.

A chaque fois que nous avons repéré une évolution temporelle entre les deux enquêtes, nous avons pris soin de vérifier que les tendances entre les taux observés en 1997 et ceux observés en 2000 étaient confirmées lorsque l'échantillon 2000 standardisé était utilisé. Le résultat de cette méthode de contrôle est le suivant : l'utilisation des taux 2000 standardisés9 ne change pas le sens des évolutions constatées10. Dans de nombreux cas, on observe même que les données standardisées montrent, entre 1997 et 2000, des évolutions plutôt supérieures à celles observables à partir des données brutes

 

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